Un polar amoureux à la grâce fragile.
Nadine, 20 ans, auditionne pour un casting de mode dans un grand hôtel parisien. Fausto, lui, y travaille comme serveur. Leur brève rencontre tourne au vinaigre : une bagarre éclate entre Fausto et le client d’une chambre où ils ont fait irruption. Fausto prend deux ans. Quand il ressort, Nadine est devenue mannequin. Elle l’emmène à Milan.
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Alaska : curieux titre pour un film qui a donc – l’intrigue le laissait présager – le sang chaud. Avec ses histoires de boîtes de nuit crapuleuses, ses flambeurs flirtant avec le gangstérisme, ses amours passionnelles contrariées par la brutalité du destin, le film de Cupellini passe toujours à un fil de la franche beauferie, qu’il parvient pourtant à éviter grâce une remarquable alchimie des éléments qui le composent : toujours sur une sorte de brèche, de mouvement continu, le déroulé des scènes défile gracieusement, captant avec style les milieux du luxe et les crises de colère, mais aussi, et avec la même recherche rythmique et chorégraphique, des scènes plus banales et pourtant vibrantes.
Entre bouillonnement et fragilité
Champ-contrechamp au café ou au parloir de la prison : c’est par-dessus tout dans ces scènes-là, simples, économes qu’Elio Germano et Astrid Bergès-Frisbey (rarement vus ainsi au premier plan) se montrent tous les deux très touchants, conférant au film son équilibre particulier, entre bouillonnement et extrême fragilité.
Au bout du compte, il n’y a là qu’un simple exercice (réussi) de polar amoureux, mais force est de reconnaître au film sa science du mouvement et du rythme, son goût scrupuleusement dosé pour le sensualisme, mais aussi pour la violence – bref sa posologie très minutieuse, et qui fait qu’on se prend, par surprise, à croire avec une certaine ferveur à l’amour tumultueux dépeint par ce quasi roman de gare.
Alaska de Claudio Cupellini (It., Fr., 2015, 2h05)
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