Jusqu’au 28 janvier 2024, la Cinémathèque propose de plonger dans la carrière de la photographe et cinéaste Agnès Varda, décédée en mars 2019 à 90 ans. “Viva Varda !” retrace 70 ans de sa carrière à travers des documents d’archives, des photographies inédites et une grande rétrospective. L’occasion de se souvenir de la cinéaste avant-gardiste et militante féministe.
Agnès Varda nous a quitté·es le 29 mars 2019, il y a un peu plus de quatre ans. La Cinémathèque française lui consacre en ce mois d’octobre une rétrospective associée à une grande exposition, Viva Varda !, curatée par Florence Tissot avec la fille d’Agnès, Rosalie Varda.
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On y découvre un autre visage d’Agnès Varda, qui a longtemps et beaucoup travaillé dans l’ombre de son mari, Jacques Demy, qui brillait sur le devant de la scène avec son ami Michel Legrand, grâce aux Parapluies de Cherbourg, aux Demoiselles de Rochefort. Pourtant c’est Agnès qui a commencé, qui a essuyé nombre de plâtres, nous rappelle d’abord l’exposition. C’est elle qui achète et retape la propriété de la rue Daguerre et en fait son atelier de photographe, où elle emménage avec sa compagne de l’époque, la sculptrice et céramiste Valentine Schlegel, assumant ses amours sans faire de bruit. Demy s’y installera dix ans après.
De la Nouvelle Vague à la révolution féministe
Elle est la première à réaliser un long métrage, La Pointe courte, célébré aussitôt par le grand critique André Bazin, qui dirige alors la rédaction des Cahiers du Cinéma, où grattent alors Rohmer, Godard, Truffaut, Rivette, Chabrol… Les tenants de la politique des auteurs, les futurs cinéastes de la Nouvelle Vague.L’exposition, intelligente, pas barbante, claire, jamais remplie d’objets superfétatoires ou gadgets, regorge de documents et de photographies inédites (souvent prises par Varda, mais on y trouve aussi beaucoup d’œuvres d’Édouard Boubat). Elle montre d’abord comment Varda passe de la photo au cinéma et réalise ses films les plus mémorables (Sans toit ni loi, Le Bonheur, Les Plages d’Agnès…), ainsi que ses sept familles (le TNP, dont elle fut la photographe officielle dès sa fondation par Jean Vilar, la Nouvelle Vague, ses enfants…). Elle s’arrête aussi sur sa participation active aux mouvements féministes de la fin des années 1960, sur ses rencontres avec les révolutions en train de naître, celle de Cuba et l’avènement au pouvoir de Castro, le flower power sur la côte Ouest où elle s’installe avec Demy en 1967, les Black Panthers, les premiers SDF (Sans toit ni loi mais aussi Les Glaneurs et la Glaneuse).
Dans la vie, Agnès Varda refusait de parler publiquement politique. Mais au fond, toute son œuvre contient, distille ses opinions sans vraiment les cacher. À quoi bon en parler ? Agissons, montrons les choses à notre manière, pas à celle des autres, semblait penser Varda. Car l’expo Viva Varda ! témoigne dans son entier de ce que tout·e artiste digne de ce nom devrait incarner : la liberté.
Viva Varda ! à la Cinémathèque française du 11 octobre 2023 au 28 janvier 2024
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