L’actrice accuse le réalisateur Christophe Ruggia d' »attouchements » et de « harcèlement sexuel ». « Je dois le fait de pouvoir parler à celles qui ont parlé avant dans le cadre des affaires #MeToo » a-t-elle commenté lors d’un live Mediapart, lundi soir.
“La honte nous isole ; la prise de parole nous met en commun”. Lundi 4 novembre, Adèle Haenel est longuement revenue, lors d’un live Mediapart, sur ses accusations contre Christophe Ruggia, au lendemain de la publication de l’enquête sur le sujet par le site d’information. L’actrice accuse le réalisateur d’« attouchements » et de « harcèlement sexuel » alors qu’elle avait entre 12 à 15 ans, et lui entre 36 et 39 ans.
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Adèle Haenel : "La honte isole. La prise de parole nous met en commun, ça fait de nous un peuple. C'est important de constituer ce peuple militant, actif qui contribue à la société." #MediapartLive pic.twitter.com/AD5rtpWj0Q
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Sur le plateau de Mediapart, aux côtés du directeur du pure player, Edwy Plenel, et de la journaliste Marine Turchi, qui a signé l’enquête – accompagnée d’un autre papier sur les violences sexuelles systémiques dans le milieu du cinéma – Adèle Haenel est revenue sur l’importance de la prise de parole sur le sujet des violences sexuelles.« Le silence est la meilleure façon de maintenir en place un ordre qui est lié à l’oppression. Les gens qui n’ont pas accès à la parole ce sont les gens opprimés. (…) C’est pour ça que c’est crucial de parler ! », a-t-elle déclaré, visiblement très émue.
Adèle Haenel : "Le silence est la meilleure façon de maintenir en place un ordre lié à l'oppression. Les gens qui n'ont pas accès à la parole sont les opprimés. C'est pour ça que c'est crucial de parler !" #MediapartLive pic.twitter.com/LJ5aeZz1iD
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Parler pour les autres victimes
En brisant un « tabou » (le titre de l’article de Mediapart le souligne), Adéle Haenel ouvre le champ public de la parole – et, enfin, de l’écoute – à d’autres victimes que le silence opprime : “Je dois le fait de pouvoir parler à toutes celles qui ont parlé avant, dans le cadre des affaires #MeToo et qui m’ont fait changer de perspective sur ce que j’avais vécu. Je voudrais contribuer à ça, renvoyer ça dans l’espace public, parce que je trouve que ça peut vraiment libérer d’autres paroles. Et quand on parle de paroles, on ne parle pas juste des mots, on parle de la vie des gens.”
"Je dois le fait de pouvoir parler à celles qui ont parlé avant dans le cadre de #Metoo. C'est un responsabilité pour moi, aujourd'hui je ne suis pas dans la même précarité que la plupart des gens à qui ça arrive. Je voulais leur parler à eux. Leur dire qu'ils ne sont pas seuls." pic.twitter.com/l3T8QpjzYH
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« L’idée ce n’est pas de dire ‘il y a des monstres’. On n’est pas en train d’isoler les gens de la société. Comment est-ce que c’est possible que ça arrive ? Qu’est-ce qu’on a, nous, comme responsabilité collective ? C’est ça dont on parle. Les monstres, ça n’existe pas. C’est notre société. C’est nous, nos amis, nos pères. C’est ça qu’on doit regarder », a-t-elle encore affirmé.
"Les monstres ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères. Il faut regarder ça. On n'est pas là pour les éliminer, mais pour les faire changer. Polanski est un cas emblématique d'une société dans laquelle 1 femme sur 5 est victime de violences sexuelles. pic.twitter.com/LJcqf4YRPp
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"Certains pensent qu'on a inventé les violences faites aux femmes avec #Metoo. Mais, c'est juste qu'on a tellement encaissé! C'est possible de faire autrement société. C'est bien pour les victimes, pour les bourreaux aussi, qu'ils se regardent en face. C'est ça être humain. " pic.twitter.com/eZ6RCanSVy
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L’intervention d’Adèle Haenel a été suivie d’une interview d’Iris Brey, universitaire spécialiste de la représentation du genre au cinéma et dans les séries (par ailleurs collaboratrice des Inrocks). L’intégralité de l’émission de Mediapart est visible ici.
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