On a découvert le cinéaste catalan Ventura Pons grâce à une comédie foisonnante, Le Comment et le pourquoi, mêlant avec humour sexe et métaphysique. Un an après, le propos s’est resserré, la mise en scène épurée, le nombre d’actrices réduit à quatre. Une comédienne en herbe (Merce Pons) auditionne pour jouer le rôle d’une grande […]
On a découvert le cinéaste catalan Ventura Pons grâce à une comédie foisonnante, Le Comment et le pourquoi, mêlant avec humour sexe et métaphysique. Un an après, le propos s’est resserré, la mise en scène épurée, le nombre d’actrices réduit à quatre. Une comédienne en herbe (Merce Pons) auditionne pour jouer le rôle d’une grande actrice disparue, Empar Ribera. Pour se préparer, elle interviewe trois comédiennes amies de la défunte. La première, Gloria Marc (Nuria Espert), est une grande dame du théâtre, une diva tragique. La deuxième, Assumpta Roca (Rosa Maria Sarda) anime des shows télé débiles qui l’ont rendue riche et célèbre. Enfin, Maria Caminal (Anna Lizaran) s’est retranchée dans l’anonymat des studios de doublage. Gloria, Assumpta, Maria et Anna, aujourd’hui disparue, étaient quatre amies inséparables depuis le cours de théâtre où elles se sont rencontrées. Mais lorsque la grande Empar Ribera a décidé de choisir l’une d’entre elles pour incarner Iphigénie, les dissensions ont commencé. Evidemment, chacune des trois survivantes raconte à la jeune étudiante une version différente. Le film est construit comme un triptyque composé de ces entretiens. Malgré une musique cheap et usante, au-delà des bavardages parfois envahissants, l’émotion arrive à poindre çà et là. L’histoire est belle, et quelques répliques font cruellement mouche. Mais le scénario est adapté d’une pièce de théâtre de Josep Maria Benet I Jornet, et la mise en scène, aussi raffinée soit-elle, ne fait jamais penser à autre chose qu’à du théâtre filmé. Heureusement, Ventura Pons est un formidable directeur d’actrices, et il a certainement réuni ici quatre des meilleures interprètes catalanes. Sous les coups de gueule et les apostrophes orgueilleuses battent des coeurs fragiles et désorientés. Si sur le jeu de miroir entre la scène et la vie, des films comme All about Eve de Joseph L. Mankiewicz ou Sunset Boulevard de Billy Wilder demeurent les références inébranlables, Ventura Pons aura apporté sa petite pierre. Ses mouvements de caméra lents et subtils, la lumière chaude et dorée de Tomas Pladevall donnent à cette réflexion aigre-douce sur le temps qui passe l’atmosphère d’une fin d’après-midi apaisée, où l’on peut enfin penser au passé sans regrets ni remords.
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