Une espagnolade kitsch-pop option seventies.
Il y a quelque chose de pourri au royaume d’Espagne. L’état de grâce du cinéma ibérique semble bien dépassé (où es-tu Victor Erice ?), avec le redoublement de la lourdeur kitsch et de la caricature sarcastique auquel on assiste, dont voici une énième démonstration. Pablo Berger avait pu séduire avec sa parodie de film muet, Blancanieves, qui avait le mérite de la stylisation (noir et blanc et sans paroles) permettant de gober un mélo chargé.
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Ici, il se défoule en abusant de la couleur et des dialogues grossiers, vautrant dans les seventies bariolées ses prolos neuneus, simples vecteurs d’une farce poussive sur fond de possession (le fantôme d’un serial-killer s’est emparé d’un grutier macho). En fait, au-delà de sa peinture du peuple abruti surlignée au gros marqueur, Berger s’éclate surtout dans la décoration. Si Almodóvar joue aussi beaucoup avec la couleur et les effets visuels, au moins ses personnages sont vibrants et humains.
Ceux de Berger sont des pantins destinés à meubler des scènes conçues pour leur impact visuel. Comme celle, symptomatique, sur un couple d’échangistes chez qui débarquent par erreur les héros, dont l’appartement reproduit les pages d’un catalogue de magasin style Ikea. Cette séquence gratuite n’a qu’un seul but : permettre au second degré du cinéaste de se déployer dans un registre pop-baroque. Berger sait-il faire autre chose que rendre la laideur pétillante ? Pas sûr.
Abracadabra de Pablo Berger Avec Maribel Verdú (Esp., Fr., 2017, 1 h 36)
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