Une trame relativement convenue sous laquelle affleure notre fascination occidentale pour le gigantisme chinois.
Sous l’impulsion de son rachat en 2016 par le groupe de médias américain Comcast, DreamWorks est en passe de renouer avec sa splendeur d’antan : la mythique société de production de films d’animation (Shrek, Wallace et Gromit), anciennement en difficulté, met un pied pour la première fois en Asie avec Abominable, grâce à son antenne Pearl Studio, implantée sur place depuis 2012 afin de gagner le marché chinois.
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Puissance de la démesure
Au-delà (ou en deçà) de cette tambouille mercato-stratégique, un tel essor a pour effet de moduler les lignes d’un film au scénario très balisé mais travaillé par une puissante dynamique intérieure, celle de la démesure. En racontant l’amitié d’une gamine mal dans sa peau avec un yéti et leur équipée vers l’Everest, Abominable n’illustre rien d’autre qu’une métaphore de notre regard d’Occidentaux face à ce géant économique qu’est la Chine et ses 3, 4 milliards d’habitants.
Message à peine subliminal
Au fond, cette petite fille, c’est nous, Français ou Américains, mi-admirative, mi-effarée par cette gigantesque boule de poils aux pouvoirs magiques habitant le plus haut sommet du monde. Ce yéti a le pouvoir de faire pousser des myrtilles géantes – mais celles-ci finissent par grossir au point de tout écraser sur leur passage. Un message à peine subliminal, pour les grands comme les petits, envoyé à une société marquée par une productivité et un consumérisme effrénés.
Abominable,de Jill Culton et Todd Wilderman, avec les voix de Chloe Bennet, Albert Tsai, Eddie Izzard, Sarah Paulson (Chi., E.-U., 2019, 1 h 37)
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