Premier film réussi du glamoureux créateur de mode, porté par son british et brillant acteur principal.
Certains feraient la fine bouche devant le premier film du créateur de mode Tom Ford : trop chic, trop beau, trop luxueux, trop “déjà-vu” (en américain dans le texte), trop pubard et ripoliné. Pas nous.
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Certes, l’argument (la journée d’un homme qui a décidé de se suicider avant qu’elle ne finisse) semble balisé.
Certes, A Single Man échappe à la mode d’aujourd’hui et ressemble, mutatis mutandis, davantage à un film tardif de Minnelli qu’à un rejeton de Todd Haynes (mais n’est-ce pas un peu la même chose ?).
Certes, les événements qui rythment cette “dernière” journée (nous n’en dirons pas davantage) sont assez attendus. Peut-être. Pas si sûr. Car il y a une péripétie palpitante qui rythme le récit : un acteur extraordinaire (le jury vénitien ne s’y est pas trompé en lui octroyant la coupe Volpi pour sa prestation), à l’écran du début à la fin du film, qu’il porte sur ses épaules et auquel il donne à chaque seconde une nouvelle nuance d’humanité.
Colin Firth est le vrai spectacle du film de Tom Ford, qui nous le présente tout d’abord dans un beau coffret de velours : tiré à quatre épingles, cheveux gominés, caché derrière ses Ray-Ban, plus british que british (dans l’histoire, tirée d’un roman de Christopher Isherwood, cet universitaire homosexuel qui vit en déraciné aux Etats-Unis est anglais), obsessionnel, précis, solitaire, éperdu de chagrin pour un mort, dans des décors 60’s (l’action se déroule en 1962) plus que parfaits.
Mais la raideur naturelle du personnage se fêle lentement, d’abord quand il apprend la mort de son compagnon, qui lui apportait la joie, la légèreté, l’impulsivité dont il est naturellement incapable.
Le long plan fixe sur le visage de Firth que nous propose Ford – sans la moindre tentative de détournement de notre attention par un plan de coupe maladroit – semble remuer le couteau dans l’immense blessure au cœur du professeur, qui ne sait plus quoi dire sinon : “Et les chiens qui étaient avec lui dans la voiture ?”
Bref, A Single Man est une réussite parce que son réalisateur prend son sujet au sérieux, qu’il ne s’en écarte pas, qu’il privilégie un mode de narration cinématographique à l’ancienne où le plan dure tant que tout n’a pas été épuisé et dit.
Le film est à l’image de son titre : plein, direct, sans finasseries, sans distraction. Pas même le climax du scénario qui met Firth en présence de sa meilleure amie et ancienne amoureuse, interprétée par la grande Julianne Moore, dans un numéro d’actrice à la Elizabeth Taylor ou à la Anne Bancroft.
Mais Tom Ford reste concentré sur son sujet, encore et toujours : Colin Firth, alias George Falconer, cet homme malheureux pour qui la vie n’a plus de goût. Enfin presque.
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