Le strip-tease pour l’argent, puis par plaisir, dans un conte moderne au regard bienveillant.
À mon seul désir est le nom d’un petit théâtre de strip-tease de quartier à l’enseigne en néon : des habitués, de la sororité entre effeuilleuses, un caissier débonnaire qui assure la sécurité. C’est dans ce décor interlope et coloré qu’une étudiante, qui va devenir Aurore (Louise Chevillotte, découverte chez Philippe Garrel), entre un beau jour pour postuler.
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Elle y découvre un monde qu’elle ignore et apprécie d’emblée. Elle monte sur scène, s’y épanouit, se lie d’amitié puis bientôt de désir et d’amour avec une autre artiste, Mia (Zita Hanrot), qui pratique le strip-tease uniquement pour l’argent. Aurore, elle, aime ce métier, accepte bientôt de se prostituer, sans mauvaise conscience, à la fois pour vivre et par plaisir.
Le portrait d’une jeune femme joyeuse, ouverte
Le nouveau film de Lucile Borleteau (Fidelio, l’odyssée d’Alice, 2014, Chanson douce, 2019) emprunte dès le début le ton du conte pour dresser le portrait d’une jeune femme joyeuse, ouverte, qui assume ses désirs. Pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, Borleteau sait très bien montrer ou suggérer que la prostitution est le plus souvent synonyme d’esclavage. Mais ce n’est pas son sujet.
Le sien, c’est une femme qui passe à travers tous les miroirs sans jamais se salir parce qu’elle ne fait que ce qui lui plaît. Parce qu’elle mène la danse avec les hommes et les femmes, sans agressivité à leur égard, sans haine. C’est le mateur qui est à la merci de la strip-teaseuse. On pense à Belle de jour de Buñuel, à La Chatte à deux têtes de Jacques Nolot, à Paul Vecchiali… Reste un trouble : le regard assez cru que porte la cinéaste sur les corps nus de ses actrices est bienveillant. Quel sera celui de ses spectateur·rices ?
À mon seul désir de Lucie Borleteau, avec Louise Chevillotte, Zita Hanrot, Laure Giappiconi (Fr., 2023, 1 h 57). En salle le 5 avril.
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