Voici un tour d’horizon des cinéastes et films les mieux placés pour le festival de Cannes 2011.
Le Festival de Cannes démarre dans deux mois. On sait déjà que Robert de Niro sera le Président du jury officiel et Michel Gondry Président du Jury des courts métrages et de la Cinéfondation. Quant à Mélanie Laurent, elle succède à Kristin Scott Thomas en tant que maîtresse de cérémonie pour cette 64e édition. Alors qu’en est-il des films ?
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Cinéma américain : le Cronenberg ne sera pas prêt, le Malick oui ?
Midnight in Paris de Woody Allen ouvrira le Festival de Cannes le jour de sa sortie en salle, le 11 mai prochain. Après Londres (Match Point) et Barcelone (Vicky Cristina Barcelona), c’est dans la capitale française que le cinéaste a posé sa caméra. Owen Wilson, Rachel McAdams, Marion Cotillard ou encore Carla Bruni-Sarkozy composent cet intrigant casting. Continuant sa route européenne, Woody Allen tournera son prochain film à Rome.
L’an dernier, un seul film américain figurait dans la compétition officielle du festival. Un possible retour en force ? En tête, The Tree of Life de Terrence Malick, qui est fortement pressenti pour être de la partie cette année. L’événement serait que le film ne soit pas sélectionné. En effet, le cinéaste, rare (cinq films en presque quarante ans), était déjà attendu au festival l’an dernier.
Au menu des déceptions : le prochain David Cronenberg, A Dangerous Method, ne sera pas prêt pour aller à Cannes. Pour sa troisième collaboration avec le cinéaste, Viggo Mortensen interprète Sigmund Freud dans un face à face avec Michael Fassbinder qui joue un autre psychanalyste, Carl Jung. Kieira Knightley et Vincent Cassel complètent le casting.
Les beatniks pourraient squatter la Croisette cette année. Sam Riley, Garrett Hedlund et Kristen Stewart jouent dans le nouveau Walter Salles, une adaptation du roman culte de Jack Kerouac : On The Road.
Antonio Campos, qui devrait avoir terminé Simon Killer, pourrait séduire le festival (Un certain regard ?) avec son portrait d’un jeune américain qui cherche à se distraire en photographiant Paris. On imagine également le Festival se ruer sur le documentaire de Johnny Depp sur Keith Richards s’il est prêt à temps. Et que penser de Restless, le prochain Gus Van Sant, qui devait sortir le 28 janvier et reste caché ?
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Du côté du Canada, on peut parier sur Bashir Lazhar de Philippe Falardeau, si le film est terminé, ainsi que sur Take this Waltz de Sarah Polley qui a dirigé Seth Rogan et Michelle Williams dans cette comédie romantique inspirée par la chanson de Leonard Cohen.
Cinéma européen : un retour massif des habitués du festival ?
Pedro Almodovar pourrait présenter son nouveau film, La Peau que j’habite, un thriller inspiré du roman Mygale de Thierry Jonquet. Au casting : Antonio Banderas, qui n’avait pas tourné avec le cinéaste espagnol depuis Attache-moi ! en 1989.
Au Festival de Cannes 2009, Charlotte Gainsbourg obtenait le Prix d’interprétation féminine pour son rôle dans Antichrist de Lars von Trier. Le cinéaste danois devrait revenir cette année avec l’actrice, pour Melancholia. Kirsten Dunst joue la sœur de Charlotte Gainsbourg dans ce film catastrophe.
Nanni Moretti est aussi pressenti avec Habemus Papam. Michel Piccoli y interprète un cardinal qui refuse de devenir Pape alors qu’il vient d’être élu, causant une grave crise au Vatican.
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En 2008, les frères Dardenne obtenaient le Prix du Scénario pour Le Silence de Lorna. Grands habitués du festival (deux fois Palme d’or) ils pourraient revenir cette année en présentant Le Gamin au vélo avec Cécile de France et Jérémie Régnier.
Le réalisateur finlandais Aki Kaurismaki pourrait présenter cette année son premier film en langue française : Le Havre, avec Jean-Pierre Léaud. L’histoire d’un cireur de chaussures qui découvre dans un conteneur arrivant d’Afrique un enfant qu’il va prendre sous son aile.
On peut également parier sur la présence d’Alexandre Sokourov avec Faust. C’est la quatrième partie de sa tétralogie (Taurus, Moloch et Le Soleil). Le producteur Andreï Sigle explique :
« Le film ne se réfère pas à des événements contemporains particuliers. Il se déroule au début du XIXe siècle, mais il poursuit la réflexion de Sokourov dans sa tentative de comprendre l’homme et les forces intérieures qui l’animent. »
Habitué du festival, le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan (Les Climats) pourrait venir avec Il était une fois en Anatolie. On ne sait pas grand chose sur le prochain Carlos Reygadas mais Post Tenebras Lux, tourné cet automne, aurait ses chances de se faire une place en compétition.
D’autres sérieux outsiders sont à noter : Paolo Sorrentino (This Must be a place, son premier film américain avec Sean Penn), Ulrich Seidl (Paradise), Andrea Arnold (Les Hauts du Hurlevent), Marco Tullio Giordana (Il segreto di Piazza Fontana), Kamen Kalev (L’Île, avec Laetitita Casta) et enfin le curieux dessin-animé en noir et blanc de Thomas Lunak, Aloir Nebel.
Cinéma français : plusieurs pistes réjouissantes
En compétition officielle ou non, de nombreux films français sont susceptibles d’investir la Croisette.
En tête de liste, le plus probable est celui de Mathieu Kassovitz, L’Ordre et la morale, qui revient sur la prise d’otages d’Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie.
Est-ce que le succès Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois l’an dernier (Grand Prix du Jury) sera prolongé cette année ? On songe en effet au nouveau film de Dominik Moll, Le Moine : une adaptation du roman gothique éponyme de Matthew Gregory Lewis (l’ascension et la chute d’un frère loué pour son charisme mais soumis à la tentation), qu’Ado Kyrou a déjà porté à l’écran, coscénarisé par Luis Bunuel et Jean-Claude Carrière. Au casting de la version Dominik Moll : Vincent Cassel, Déborah François, Sergi Lopez et Géraldine Chaplin. Le cinéaste prolongerait ainsi le rythme de ses sélections à Cannes : environ un film tous les cinq ans, après Harry, un ami qui vous veut du bien (2000) et Lemming (2005).
Auréolés du Prix spécial du jury en 2007 avec Persepolis, Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud reviendront certainement cette année avec Poulet aux prunes. Adaptation en prises de vue réelles de la bande dessinée éponyme de Satrapi, le film réunit Chiara Mastroianni, Jamel Debbouze, Isabella Rossellini ou encore Mathieu Amalric.
Après Les Chansons d’amour en 2007, Christophe Honoré pourrait présenter ses Bien-Aimés. Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Ludivine Sagnier et Louis Garrel composent le casting excitant de cette fresque qui naviguera entre différents lieux et époques.
On pense aussi à L’Apollonide de Bertrand Bonello, Les Pauvres gens de Robert Guédiguian, Bye Bye Blondie de Virginie Despente, Un amour de jeunesse de Mia Hansen Love ou encore au Chat du rabin de Joann Sfar (un dessin animé adapté de sa propre bande dessinée et coréalisé avec Antoine Delesvaux).
Cinéma asiatique : Wong Kar Wai et Hou Hsiao Hsien sur les marches ?
Deux grands maîtres pourraient monter les marches cette année et ils ont chacun un projet sur les arts martiaux. D’abord Wong Kar Wai, avec The Grand Master : un biopic sur la vie d’Ip Man, pionnier du Kung-Fu et maître de Bruce Lee. Puis Hou Hsiao Hsien avec The Assassin : dans la Chine du VIIIe siècle, une meurtrière spécialisée dans les arts martiaux est sur le point de raccrocher, provoquant la colère de son mentor.
Déjà présent à deux reprises en compétition (Distance, Nobody Knows) et figurant dans la section Un Certain regard avec Air Doll, Hirokazu Kore-Eda pourrait présenter Miracle cette année : deux frères vivant dans deux villes différentes, sont sur le point d’être réunis par la construction d’une nouvelle ligne de chemin de fer.
Lou Ye pourrait venir présenter Chienne, avec Tahar Rahim. Tournée entre la France et la Chine, le film raconte une passion amoureuse et violente.
Le prolifique Brillante Mendoza devrait avoir terminé Captured, avec Isabelle Huppert dans le rôle principal. Elle interprète une missionnaire au cœur d’une prise d’otages de ressortissants étrangers, menée par le groupe Abu Sayyaf aux Philippines. En 2009, le jury d’Isabelle Huppert décernait le Prix de la mise en scène à Mendoza pour Kinatay.
Alors que Nymphe de Pen-Ek Ratanaruang était présenté à Un Certain regard en 2009 et n’est toujours pas sorti dans les salles françaises, son prochain film Rain in Blue, pourrait représenter le cinéma thaïlandais (succédant à l’immense Oncle Boonmee de l’an dernier).
D’autres cinéastes sont également à surveiller : Shinji Aoyama (Tokyo Kouen), Hitoshi Matsumoto (Saya Samurai) et Na Hong-jin (The Yellow Sea).
Au regard des films susceptibles de composer le programme du festival cette année, on peut déjà espérer une sélection d’ensemble plus enthousiasmante que l’an dernier.
Arnaud Hallet
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