Le pamphlet antipub de Beigbeder à la sauce du tout-visuel façon Kounen. Consternant de naïveté et de cynisme mêlés.
Cette adaptation de 99 F, satire du milieu de la pub signée Beigbeder, aurait pu être l’occasion pour Kounen d’insuffler à son esthétique publicitaire un minimum de sens critique. Si le film met cette forme publicitaire clinquante, surfabriquée et survoltée au service d’une réversibilité (très sarkozienne) propice à nous faire gober tout et son contraire, il échoue malgré tout à nous vendre un produit critique réellement acerbe. La caricature prend le pas sur la satire et s’avère particulièrement vulgaire sous les traits d’un Jean Dujardin suintant la lourdeur et pétri d’une autosatisfaction qui dépasse de loin les caractéristiques de son personnage de publicitaire branché. La frénésie schizophrénique de la mise en scène n’est pas sans rappeler Fight Club, référence majeure pour Kounen, qui oublie que Fincher est revenu vaincu de ce tourbillon d’effets aujourd’hui aussi datés que les francs. De plus, le réalisateur ne va pas au bout de sa prétendue critique quand il dénonce les milliards dépensés par la pub. Pourquoi ne révèle-t-il pas par la même occasion le coût du film ? Sans doute parce qu’il préfère, hypocritement, se laisser le beau rôle, confirmant le caractère purement autopromotionnel du film, longue et pénible pub vantant ses propres mérites, aussi artificiels soient-ils.
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