A l’occasion de la sortie de « La dream team », retour express sur les plus belles scènes de foot au cinéma.
Aujourd’hui, le football est bien évidemment le sport roi de notre époque, mais aussi une industrie qui draine énormément d’argent et donc de délinquance. C’est cette contradiction que le cinéma a souvent voulu montrer. Et quand il ne le fait pas, il se sert du football pour montrer la perversion de la loi dans certains pays. Manifestement, et presque paradoxalement, le football est montré ou utilisé comme vecteur d’un discours politique. A l’occasion de la sortie de La dream team, avec Depardieu, voici un petit florilège de la représentation du football au cinéma.
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L’angoisse du gardien de but avant le penalty de Wim Wenders (1972) :
Joseph est un gardien de but de statut international. Mais lors d’un match à Vienne, il perd sa concentration, prend un but, se fait expulser. Il part errer dans la ville, rencontre une femme… Vu par Peter Handke (auteur du roman dont le film est tiré), le football est une métaphore de considérations plus métaphysique (la solitude, le malaise dans la société, etc.)
Tom foot de Bo Widerberg (1974)
C’est tout simplement l’histoire d’un petit garçon, très petit pour son âge, mais si doué pour le foot qu’il devient très rapidement le buteur titulaire de l’équipe national de Suède et marque plein de buts. Bo Widerberg appartient à la génération de cinéastes suédois qui a eu la rude tâche de succéder à Bergman. Romantique, inspiré par la Nouvelle Vague française, il ancre son cinéma sans la réalité sociale. Ce success movie échappe en cela à toute tentation sentimentaliste. Un conte pour enfants, mais réaliste.
Coup de tête de Jean-Jacques Annaud (1979)
François Perrin (Patrick Dewaere), joueur dans une équipe seconde, bouscule l’attaquant vedette du club. Il est expulsé, viré du club et de l’usine où il travaille, qui appartient au président du club de foot. Accusé d’un viol commis par Berthier, il finit en prison. Mais on a besoin de lui sur le terrain, à la suite d’un accident de car. Perrin fait gagner son équipe en marquant les deux buts de la victoire. Il devient ainsi une vedette locale et, profitant de sa soudaine célébrité, décide de se venger. Dans le deuxième film d’Annaud, écrit par Francis Veber, le football sert à décrire et dénoncer la mainmise quasi féodale des industriels sur les petites villes de province, leur police, la justice, etc. (ici, Auxerre, en l’occurrence…).
A nous la victoire de John Huston (1981)
Pendant la Seconde guerre mondiale, le chef d’un camp de prisonnier anglosaxons (Max Von Sydow), organise un match entre une sélection de prisonniers et de soldats allemands. Le match aura lieu à Colombes, dans la banlieue parisienne. Les prisonniers de guerre décident d’en profiter pour s’évader… Pas le meilleur film de John Huston, A nous la victoire permet néanmoins de voir Sylvester Stallone et Pelé se croiser sur un terrain et un écran. Le football comme moyen d’évasion dans tous les sens du terme.
https://www.youtube.com/watch?v=yirob8F7WfM
A mort l’arbitre de Jean-Pierre Mocky (1984)
Un arbitre de football (Eddy Mitchell) est poursuivi sans pitié par une bande de supporters de l’équipe locale (dirigée par Michel Serrault) qui lui reproche d’avoir sifflé un penalty fatal contre leur équipe. Jean-Pierre Mocky, toujours iconoclaste, s’en prend violemment au foot, dénonçant la vulgarité et la violence des supporters de football.
Didier d’Alain Chabat (1997)
Jean-Pierre (Bacri), agent sportif, a accepté de garder Didier, un labrador ? Un soir, il se transforme en être humain (Alain Chabat). Mentalement, il reste un chien… Or il s’avère qu’il a des talents de footballeurs insoupçonnés. Film comique où Chabat s’en donne à cœur joie, Didier se moque gentiment à la fois des footballeurs (dont la bêtise ne surprend personne) et le monde cynique du football (comme dans Coup de tête).
Joue-là comme Beckham de Gurinder Chadha (2002)
Une jeune fille d’origine indienne, Bhamra (Parminder Nagra), se lie d’amitié avec jeune anglaise blanche, Juliette (Keira Knightley). Toutes deux partagent la même passion pour le foot. Mais le frère de Bahmra voit d’un mauvais œil que sa sœur joue au foot. L’un des plus gros succès du cinéma britannique (plus de dix millions de spectateurs) parle bien évidemment d’émancipation, ici féminine et sexuelle.
https://www.youtube.com/watch?v=HJe7RbSHWO8
Hors-jeu de Jafar Panahi (2006)
L’histoire de jeunes iraniennes qui se déguisent en hommes pour pouvoir assister dans un stade à un match de football (chose évidemment interdite). Notons que le film a été lui-même interdit en Iran. Ici encore, le football sert à critiquer l’absurdité de lois religieuses ineptes. Le film remporte l’ours d’argent à Berlin en 2006.
Timbuktu d’Abderrahmane Sissako (2014)
La vie quotidienne à Tombouctou depuis que des milices islamiques y ont installé leur pouvoir. Sissako montre l’absurdité de la loi de la charia, le courage de ceux qui tentent de s’y opposer. Dans une scène qui fit beaucoup parler d’elle, les habitants de la région s’amusent à narguer les jihadistes en jouant au football (qui est interdit) sans ballon. Quelle plus belle façon de montrer comment l’humour peut ridiculiser la bêtise ?
Jean-Baptiste Morain
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