A la Mostra de Venise, notre envoyé spécial a pu voir le nouveau film de Michael Moore, Capitalism : a love story. Il en est ressorti très déçu.
Bon, quoi de neuf aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’on voit ? Alors, d’abord : Tetsuo the bullet man de Shinya Tsukamoto… Un histoire de super héros ultra bricolée, avec caméra qui bouge, récit de vengeance, masques en latex. Tsukamoto, dès les premiers plans, veut nous en mettre plein la vue, mais il n‘en a pas les moyens (on dirait Ed Wood avec une DV), pas la poésie, que l’outrance. Bruitages assourdissants, trucages bidons et ultraveillots (je bouge la caméra dans tous les sens), guitares électriques ultrasaturée. Il n’en fallait pas plus pour que je m’assoupisse (mes voisins aussi). L’excès et l’agitation vaine lassent. Vraiment bébête, tout ça.
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Un gros morceau, maintenant. Capitalism : a love story de Michael Moore. La salle était pleine (toujours un petit événement, un nouveau Michael Moore). Nous nous sommes donc tapés deux heures sous-titrées en italien pour ne pas apprendre que le capitalisme, c’est quand même pas très top top, le tout. Merci Michael, heureusement que tu es là ! Et puis remplacer l’axe du mal des néo-conservateur mar « Le capitalisme, c’est LE mal », non pitié. Seule gros scoop du film (en dehors, il est vrai, d’un passage où l’on apprend que de grands entreprises américaines prennent des assurance vie sur le dos de leur salariés (sis, si), c’est que Michael Moore est catholique (il insiste bien là-dessus, on ne sait trop pourquoi). Voilà pourquoi il fait un cinéma de curé. On apprend également à la fin du film qu’il en a marre de lutter tout seul… Ce que l’on constate surtout, c’est que ses films sont de moins en moins drôles (c’était, je l’avoue, la raison pour laquelle je continuais à aller voir ses films et à les apprécier un tantinet). Coup de mou, Moore ? Repose-toi, vieux…
Après ces deux « chefs d’œuvre », que choisir ? Heureusement, Claire Denis vint (White material). D’abord, le bonheur, c’est de voir un(e) cinéaste regarder le monde, REGARDER les hommes et les femmes qui se trouvent devant la caméra. Tous les personnages ont leur plan, leur chance, leur existence. Pas un plan raté, moche, tout est cadré, ordonné, avec attention, indulgence, humanité. Ensuite, on pourrait discuter le point de vue de ce film, son idéologie. On le fera (mais je préfère y rfléchir encore plutôt que de dire des bêtises). Denis a écrit ce film avec marie N’Diaye, il se passe en Afrique. Huppert rejoue un peu Barrage contre le Pacifique (on pense à Duras souvent), Denis cite plusieurs fois Apocalypse now, se joue du récit, réussit de belles ellipses, a des idées de cinéma aussi simples (je dirais même bibliques) que géniale, comme cette scène terrible où des enfants endormis sont égorgés dans le silence par des soldats… On en reparlera très vite.
Fin de journée avec Between two worlds de Vimukhti Jayasundara (prix Un certain regard à Cannes 2005 pour La Terre abandonnée) : Du talent, un sens du burlesque, un don poétique évidents, des idées aussi drôles que surprenantes. Chaque scène est une trouvaille, émouvante, sensuelle ou délirante. Mais pourquoi cette impression entêtante que le cinéaste sri-lankais force un peu son talent, qu’il en fait un peu trop pour nous plaire, à nous occidentaux (attention, le fantôme « cinéaste pour festival » est de retour…). D’autant que la maise en scène n’est pas toujours au diapason. Vimukhti n’est pas Weerasethakul… Fragilité de la forme… Un brin d’inconsistance quand même. A demain.
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