Le site Polygraph a passé 4 000 films au test de Bechdel afin d’évaluer leur degré de sexisme. Bilan : il reste du chemin à parcourir.
Evaluer le degré de sexisme d’un scénario ? C’est l’objectif du test de Bechdel qui comporte trois étapes d’une simplicité déconcertante : y a-t-il au moins deux personnages féminins nommés ? Se parlent-elles ? Et parlent-elles d’autres choses que d’un homme ? C’est en 1985 que la bédéiste américaine Alison Bechdel expose le test de Bechdel dans sa BD lesbienne Dykes to Watch Out For. Elle expliquera par la suite que l’idée lui est venue d’une de ses amies, Liz Wallace, qui racontera à son tour la tenir d’un passage d’Une chambre à soi, œuvre féministe s’il en est de Virginia Woolf.
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Le site bechdeltest.com a passé au détecteur de sexisme pas moins de 4 000 films. Conclusion : 40 % d’entre eux ne passent pas le test. A partir de ce résultat, le média américain Polygraph s’est demandé si le sexe du scénariste, du réalisateur/réalisatrice ou des producteur/productrices du film avait une influence sur son degré de sexisme. La réponse est simple : oui. 46 % des films sortis depuis 1995 et uniquement écrits par un homme échouent au test, tandis que lorsque c’est une femme qui signe toute seule le scénario, ils ne sont plus que 6 % à ne pas passer le détecteur. Même chose du côté de la réalisation : 11 % des films tournés par une femme sont considérés comme « sexistes », contre 40 % s’ils sont réalisés par un homme.
Mais l’échantillonnage de films comptant des scénaristes, réalisatrices et productrices à son générique est très mince compte tenu du fait qu’elles occupent encore trop rarement ces fonctions. Sur les 4 500 réalisateurs apparaissant dans l’étude, seules 500 sont des femmes. « Concernant les blockbusters, Hollywood a, en proportion, moins de femmes cinéastes que l’armée n’a de femmes générales » écrit même Polygraph.
« La France déchire tout »
Les studios ne coupent pas à l’examen. Aux Etats-Unis, c’est DreamWorks (55%) Warner Bros (53%), et Columbia (53%) qui tiennent la tête du classement de ceux comptant le plus de films ayant échoué au test. « Les studios européens sont bien plus progressistes que les Américains, assure Polygraph, précisant même que la France « déchire tout » avec par exemple Canal+, dont 34 % des films sont rangés dans la catégorie des vilains petits canards.
Encore plus intéressant : le site s’est penché sur le rapport entre le sexe des créateurs d’un film et sa recette au box-office. Là encore, le résultat est tristement le même : sur les films ayant rapporté plus de 500 millions de dollars de recettes, depuis 1995 toujours, 214 ont été réalisés par un/des homme(s) et 10 par une/des femme(s).
Si ce test reste par essence limité – ce n’est pas parce qu’un film est centré sur un homme et une femme ou sur deux hommes qu’il est sexiste pour autant… – il permet de rappeler qu’assurer une visibilité à la diversité, qu’elle soit sexuelle ou raciale, est gage d’une société plus égalitaire : plus il y aura de femmes derrière la caméra, plus il y en aura aussi devant et vice-versa.
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