Heureuse surprise, cette suite est une méditation émouvante sur le lien étrange entre Tom Cruise et le passage du temps.
C’est presque une réponse aux “legacyquels”, ces films-hommages qui ressuscitent les franchises légendaires des années 1980 et 1990 en rappelant leurs interprètes vieillissant·es pour un baroud d’honneur mélancolique (le dernier Indiana Jones, la dernière trilogie Star Wars…). Top Gun ne mange pas de ce pain-là : trente-six ans n’ont pas suffi pour que ce Maverick s’abaisse à une séance de nostalgie muséifiée – c’est une vraie suite, en pleine santé, en plein dans le mythe.
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Dès le générique, qui reprend à l’identique l’ouverture du Tony Scott avec le thème vangelisien de Giorgio Moroder et le tarmac à la golden hour, se fait sentir une drôle d’impression : le temps ne s’est pas écoulé, 1986 est là, intacte, souveraine.
Tom Cruise dans toute sa minéralité
La longue partie centrale du film déroule un récit hollywoodien classique de dépassement et de pardon (rétrogradé instructeur, Maverick forme le fils de son défunt partenaire, tout en voulant lui éviter une mission suicide – un vieux canevas du film d’aviation).
Mais deux ou trois grandes scènes, une belle idée, cela suffit parfois à faire un grand blockbuster, et c’est ici le cas, tant Top Gun: Maverick parvient à sublimer ses moments clés malgré un liant plutôt convenu.
C’est une introduction irréelle, qui atomise Tom Cruise dans sa minéralité d’éternel cascadeur tout en donnant plus que jamais corps à son caractère divin.
Une quête insatiable de jeunesse ?
Ce sont des retrouvailles bouleversantes avec Val Kilmer, qui renvoie la proverbiale jouvence éternelle de l’acteur (60 ans cette année – il en fait dix de moins et vient d’annoncer un nouveau Mission: Impossible) à son drame consubstantiel : voir le temps, la vie (les enfants) et la mort (la maladie) s’écouler sur les autres et pas sur soi.
C’est sur ce point que le film est le plus beau, comme une manière pour la star de transcender les commentaires lassants sur sa quête insatiable de jeunesse : ce n’est pas (ou pas seulement) un péché d’orgueil, c’est aussi un poids, c’est aussi une solitude ; et c’est surtout son destin.
https://www.youtube.com/watch?v=gNtJ4HdMavo
Top Gun: Maverick de Joseph Kosinski, avec Tom Cruise, Miles Teller (É.-U., 2022, 2 h 11). En salle le 25 mai.
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