Une blonde et une brune s’aiment et se brûlent à Hollywood. Un pilote de série qui devient un long métrage. Un scénario dans un coffre-fort. Des décors qui disparaissent. Enquête sur la pierre philosophale du cinéma contemporain, sortie en 2001.
C’était il y a plus de quinze ans mais sa voix tremble encore à l’évocation de ce souvenir. Le 16 avril 2001, en début de soirée, l’actrice Laura Elena Harring remonte en voiture le boulevard Sepulveda en direction de la villa de David Lynch, une immense propriété plantée sur un flanc de colline, au nord d’Hollywood, où le réalisateur vit et travaille à l’année.
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Avec d’autres membres du casting et de l’équipe technique, elle a été conviée à découvrir le montage final de Mulholland Drive, le dernier film de Lynch, dans lequel elle tient l’un des rôles principaux. La petite troupe s’installe dans la salle de projection privée du cinéaste. Les lumières s’éteignent. Deux heures et vingt-six minutes plus tard, Laura Harring s’effondre : “Quand la séance s’est terminée, il y a eu un moment de flottement, personne ne parlait, nous raconte l’actrice, aujourd’hui quinquagénaire. On s’est tous regardés et je me suis mise à pleurer. Le film était si noir, si puissant et poétique. Je n’oublierai jamais cette émotion.”
“Le sommet de son art”
Egalement présent ce jour-là, le coproducteur Michael Polaire évoque “une hallucination collective. L’impression de voir un chef-d’œuvre en instantané. Dès la fin de la séance, j’avais compris que David atteignait ici le sommet de son art. Je savais que le film allait avoir une vie infinie, qu’il allait s’inscrire dans l’histoire.”
Et l’intuition de l’homme d’affaires allait vite se vérifier. Un mois après cette première projection, le film est sélectionné au Festival de Cannes, où il remporte le prix de la mise en scène, ex aequo avec The Barber des frangins Coen. Le début d’une carrière fulgurante : nommé aux Golden Globes et aux oscars, récompensé du César du meilleur film étranger, cité par la critique comme l’un des films clésde ces dernières années.
Référence absolue pour des générations de spectateurs fétichistes
Pillé sans vergogne par des cinéastes du monde entier, Mulholland Drive ne cessa d’essaimer dans la culture pop, s’érigeant en nouveau totem de la modernité, référence absolue pour des générations de spectateurs fétichistes. “C’est le film hollywoodien le plus important des années 2000, l’un des derniers moments où le cinéma américain s’est autorisé à être libre, fou, radical, s’emballe Neal Edelstein, un des coproducteurs. Vous ne pouvez pas aujourd’hui faire l’impasse sur Mulholland Drive, tant il a influencé durablement son époque.”
Un happy end inespéré pour ce film maudit, ce drôle d’objet mutant destiné à l’origine à n’être qu’un épisode de série télé et que le destin transforma en long métrage de cinéma. Le destin et quelques coups de théâtre explosifs…
“Faire revenir David à la télé”
La folle aventure Mulholland Drive débute en réalité en 1998. David Lynch est à cette époque engagé dans la préparation de son nouveau film, Une histoire vraie, lorsqu’il reçoit un appel d’un de ses plus vieux partenaires, son ancien agent Tony Krantz. “Je venais d’être embauché par la boîte de production Imagine Entertainment, et j’avais une seule ambition à ce moment-là : faire revenir David à la télé”, nous raconte ce businessman à la coule, depuis son bureau de Los Angeles. Mais le cinéaste ne semble pas vraiment emballé par la proposition.
“Il était dégoûté par le milieu de la télévision, se souvient Edelstein. Depuis la déprogrammation brutale de sa série Twin Peaks (en juin 1991 – ndlr), David avait dit qu’il ne retravaillerait plus jamais dans cette industrie. Il ne supportait pas les négociations avec les patrons de chaînes, les contraintes économiques, la censure, bref tout ce qui constitue l’ordinaire d’une série.”
En quelques mois, et après d’intenses discussions avec ses producteurs, David Lynch commencepourtant à réviser son jugement. Il rêve d’une sorte de spin-off de Twin Peaks dans lequel il déclinerait le personnage d’Audrey Horne, pour raconter l’histoire d’une jeune femme ingénue qui débarque en Californie et se crashe sur ses rêves de succès.
Il a même déjà un titre en tête : Mulholland Drive, du nom de cette voie mythique de L. A. qui serpente sur 38 kilomètres, des canyons de Bel Air à Hollywood, une longue route inquiétante et onirique qui fascine depuis longtemps le cinéaste-chaman. Un rendez-vous est donc fixé avec les pontes de la chaîne ABC, en août 1998, pour évoquer ce projet de série.
“Une jeune femme arrive à Hollywood pour y faire carrière ; un accident de voiture survient” David Lynch
Tony Krantz accompagne David Lynch : “Nous avons marché jusqu’au bureau de la direction et nous nous sommes installés autour d’une table, face à une vingtaine d’exécutifs qui nous regardaient en chiens de faïence. David détestait pitcher ses histoires, alors il m’a tendu une feuille de papier sur laquelle était écrit le synopsis de Mulholland Drive. J’ai lu ces quelques lignes : ‘Une jeune femme arrive à Hollywood pour y faire carrière ; un accident de voiture survient.’ Bizarrement, ça a marché : les types de la chaîne ont été enthousiastes.”
A l’issue de ce premier rendez-vous, Lynch obtient le feu vert d’ABC pour tourner le pilote de sa série, avec un budget confortable estimé à sept millions de dollars. Pendant des semaines, le cinéaste s’isole chez lui pour affiner son scénario. “Il n’avait pas une idée très précise de ce qu’allait être l’épisode, au début du projet”, nous raconte Mary Sweeney, l’ex-femme et partenaire du réalisateur, qui occupait le poste de monteuse et coproduisait ses films.
L’illusion hollywoodienne et son revers cauchemardesque
“Mais il a eu un déclic. En tant qu’adolescent ayant grandi dans le Northwest, David avait beaucoup fantasmé la Californie, le monde du cinéma. Le script de Mulholland Drive est nourri de ses rêves d’enfant et de l’expérience de David depuis qu’il bossait dans cette industrie.”
L’illusion hollywoodienne et son revers cauchemardesque. Tel est le cœur du projet Mulholland Drive, qui décrit une étrange relation entre deux femmes que tout oppose : Betty, une blonde en apparence naïve qui s’installe à Los Angeles pour tenter une carrière d’actrice, et Rita, brune mystérieuse devenue amnésique après un accident de voiture.
Nombreux symboles ésotériques
Autour de ce couple, David Lynch multiplie les personnages parallèles – comme par exemple un metteur en scène traqué par la Mafia (Adam Kesher) – et dissémine de nombreux symboles ésotériques, telle la fameuse blue box. “Il se sentait libre de tout tenter avec ce projet, note Michael Polaire. Un pilote de série n’a pas de conclusion, c’est une base de travail déclinée ensuite en plusieurs épisodes. David le savait et il en a profité pour s’affranchir des codes de la narration en créant un monde proliférant, énigmatique.” Une première version du scénario (92 pages) est validée par la chaîne ABC, tandis que le cinéaste enclenche un long casting afin de trouver ses actrices.
Pendant des semaines, il voit défiler une centaine de candidates pour le rôle de Betty, avant d’arrêter son choix sur une jeune fille aperçue ici et là dans quelques films mineurs, une comédienne britannique dont il aime la blondeur angélique et le regard innocent : Naomi Watts.
Pour le rôle de Rita, il a déjà une idée en tête : “David était fasciné par Laura Harring, nous décrit Pierre Edelman, le coproducteur français du projet. Ça faisait quelque temps que l’on entendait parler d’elle à Hollywood. On disait qu’elle était issue des faubourgs pauvres de Los Angeles et qu’elle s’était maquée avec un héritier du comte Von Bismarck afin de lui pomper son fric. David l’a choisie pour son histoire personnelle, mais aussi pour son physique plantureux et ses manières d’allumeuse. Elle était l’incarnation idéale du personnage de Rita.”
L’actrice se souvient parfaitement de sa première rencontre avec le cinéaste : “Je rentrais chez moi en voiture lorsque j’ai reçu l’appel d’un directeur de casting qui me disait que David Lynch souhaitait me voir pour une série télé, nous dit-elle. La nouvelle m’a tellement émue que j’ai eu un accident. Quelques jours plus tard, je suis allée au bureau de David et là, il me parle du personnage de Rita, et me dit que le film commence alors qu’elle a un accident de la route. Je ne sais toujours pas comment interpréter cette coïncidence, mais c’est vertigineux.”
Vieux habitués du cinéma lynchien
Le reste du casting est constitué de nouvelles têtes issues de la télé US, comme le jeune premier Justin Theroux, et de vieux habitués du cinéma lynchien, dont Angelo Badalamenti, qui compose la musique du film et y occupe un rôle secondaire mémorable.
Fin février 1999, le réalisateur et sa troupe installent le set sur le bitume de Mulholland Drive pour démarrer le tournage. La nuit est déjà tombée. Derrière un combo, affublé de son éternel costume noir, Lynch plonge dans une concentration extrême. “Je n’avais jamais vu un cinéaste aussi précis, dit le producteur Michael Polaire. Il intervient à chaque poste du tournage : le son, la direction d’acteur, les lumières, la caméra, pour qu’à la fin tout s’assemble et corresponde à ses visions. Lorsqu’il arrive sur le plateau, chaque plan est déjà configuré dans son esprit et tellement préparé que parfois deux prises par scène suffisent.”
Hommage délavé aux films noirs des fifties
Avec la complicité de son chef op Peter Deming, Lynch compose un univers visuel unique – hommage délavé aux films noirs des fifties – dont il vérifie le moindre détail : l’épaisseur de la toile rouge d’un rideau, la forme d’un chignon, la teinture bleue d’une perruque, l’ombre portée sur un mur du mythique cinéma Tower Theatre qui sert de décor au Club Silencio.
Le tournage se déroule sans encombres pendant près d’un mois, même si certains membresdu casting commencent à s’agacer des méthodes du cinéaste. Robert Forster est de ceux-là. Récemment rendu célèbre par son rôle dans Jackie Brown de Tarantino, ce vieil acteur hollywoodien se trouve complètement paumé sur le plateau de Lynch.
Il nous raconte : “Le scénario était intéressant mais on ne comprenait rien, soyons honnête. J’incarnais un flic qui enquête sur l’accident de voiture de Rita. Je suis arrivé sur le plateau, de nuit, pour tourner une scène où je devais inspecter le lieu du crash et parler avec un autre flic. Après la première prise, je vois David mécontent. Il s’approche de moi et me dit : ‘Bouge et parle plus lentement Robert.’ On refait la scène quatre fois mais ça ne va toujours pas, David me répète d’aller plus lentement. Pour moi, ça n’avait aucun sens, la scène devenait totalement irréaliste et bizarre. Mais je m’exécute parce que c’est mon job. Ce n’est qu’un an plus tard, lorsque j’ai découvert le film, que j’ai finalement pigé le truc : mon personnage était dans un rêve. Rien n’était réel. Là, je me suis dit : ‘OK, David est un génie.’ Il savait très bien ce qu’il faisait.”
Une œuvre unique
Malgré ces quelques incompréhensions, le tournage se conclut dans une parfaite harmonie : les acteurs principaux ont tous conscience d’avoir participé à une œuvre unique, tandis que David Lynch pense déjà à la suite. Un soir, lors d’un dîner avec Michael Polaire, il confie son désir de réaliser les futurs épisodes de la série et imagine de nouvelles histoires. Il va vite déchanter.
Lorsqu’en avril 1999 son agent Tony Krantz apporte un premier montage de l’épisode Mulholland Drive au bureau d’ABC, la réaction des responsables de la chaîne va surprendre tout le monde : “Ils ont détesté, nous raconte l’homme d’affaires. Ils trouvaient ça trop long, bizarre.”
“Leurs arguments étaient vraiment débiles, ajoute Neal Edelstein. Ils avaient rédigé des dizaines de notes en disant que les actrices principales n’étaient pas assez jeunes, qu’on ne devait pas les voir fumer, que le scénario contenait trop de grossièretés.”
La rupture est consommée
Face au rejet du studio, David Lynch se sent incompris, lésé. Il consent à fournir aux exécutifs d’ABC une nouvelle version ramenée à 88 minutes, mais refuse de prendre en considération leurs notes. La rupture est consommée : la chaîne décide de déprogrammer la série et envoie Mulholland Drive aux oubliettes. Fou de rage, le cinéaste annonce à ses proches qu’il ne retravaillera plus jamais à la télé.
“C’était fini, se souvient Tony Krantz. Il ne voulait plus entendre parler de Mulholland Drive.” L’histoire aurait pu s’arrêter là, envoyant la série dans la longue liste des projets mort-nés de la télévision américaine. Mais elle allait connaître un surprenant rebondissement.
“C’était mystérieux, poétique, du pur Lynch” Pierre Edelman, producteur
Car à Paris, un homme s’active pour sauver Mulholland Drive : Pierre Edelman.Partenaire décisif de David Lynch depuis des années, responsable de son rapprochement avec la France et StudioCanal qui finançait Une histoire vraie, ce producteur au tempérament explosif tient une idée de génie : il veut récupérer le pilote de la série pour le transformer en film destiné au cinéma. “J’avais demandé à David s’il pouvait me faire envoyer une VHS de son épisode et j’étais sur le cul : c’était mystérieux, poétique, du pur Lynch. Je lui ai proposé de repartir en tournage pour en faire un long métrage et j’ai activé mes réseaux afin de trouver les financements.”
Avec le soutien de StudioCanal et du producteur français Alain Sarde, qui acceptèrent de réinvestir environ sept millions de dollars dans le projet, Mulholland Drive renaît peu à peu de ses cendres. Mais l’affaire n’est pas si simple et les nouveaux partenaires de Lynch vont devoir surmonter une série d’obstacles avant de relancer la machine.
A la recherche des décors
Pendant près de neuf mois, Edelman se débat ainsi pour racheter les droits du pilote à ABC, modifie les contrats de l’équipe et se lance à la recherche des décors de Mulholland Drive, mystérieusement disparus dans la nature. “Ils avaient en fait été bazardés dans des containers des studios Disney”, se souvient-il.
Surtout, le producteur français doit convaincre David Lynch de se remettre à l’écriture, de trouver une fin à son histoire. Le cinéaste, qui se méfie désormais de toute ingérence dans son travail, accepte à une seule condition : “Il voulait que personne ne puisse lire le scénario, pas même les producteurs, nous explique Alain Sarde. Il a donc exigé que le texte qu’il nous enverrait soit rangé dans un coffre et qu’il y reste à tout jamais.”
Dans ce scénario (environ 18 pages additionnelles rédigées en une seule nuit), Lynch affine le portrait de certains personnages, boucle des pistes narratives, ajoute des scènes de sexe et opère surtout une petite révolution : il renverse complètement le point de vue de l’histoire dans le dernier quart du film, modifie le nom et le caractère de ses héroïnes. Betty, la jeune blonde ingénue, devient Diane, une actrice ratée et dépressive ; Rita, la brune mutique, devient Camilla, une star de cinéma manipulatrice.
“C’était un véritable puzzle, nous décrit Mary Sweeney. David n’a pas fait qu’inventer une fin : il a modifié l’ordre chronologique de certaines séquences, rajouté des éléments symboliques, multiplié les liens entre chaque partie du film, la précédente et la nouvelle. Son dernier scénario était à la fois extrêmement précis et hyperabstrait.”
Il reste cinquante minutes de film à réaliser
A la fin du mois d’octobre 2000, les acteurs se retrouvent tous pour tourner les nouvelles scènes qui seront ajoutées au pilote original. Il reste cinquante minutes de film à réaliser. “C’était une situation inédite dans l’histoire du cinéma américain, se rappelle le producteur Neal Edelstein. Pourla première fois, un pilote de série allait devenir un long métrage et honnêtement, personne n’imaginait quel serait le résultat.”
Surtout que David Lynch ne fait rien pour éclaircir le mystère : durant la deuxième phase du tournage, qui se déroulera en partie dans des studios du Vermont, le cinéaste s’enferme dans le secret et refuse de livrer les clés du film à ses partenaires. “Il n’a jamais voulu répondre à la moindre question concernant le sens de telle ou telle séquence, nous dit l’acteur David Schroeder, qui incarne le manager du personnage d’Adam Kesher. Sur ce tournage, nous devions abandonner tout sens logique, nous laisser guider par les visions et fantasmes de David.”
Chronologie inversée
Sur la signification de la blue box, la chronologie inversée du film, le véritable lien unissant les héroïnes ou encore la fonction de la clocharde maléfique, chaque acteur tient ainsi sa propre analyse, invoquant tour à tour des figures de la méditation transcendantale ou une simple satire du monde hollywoodien.
“C’est le maestro du plateau, le seul qui détient la vérité du film, poursuit Laura Harring, qui reconnaît avoir revu plusieurs fois Mulholland Drive sans jamais en percer le mystère. Mon interprétation ? Une grande partie du film est un rêve. C’est le rêve d’une jeune femme qui pensait réussir à Los Angeles mais qui se heurte à la réalité.”
“C’est l’équivalent d’un morceau de free-jazz ou d’une toile de Jackson Pollock” Michael Polaire, producteur
“C’est ça le génie du film, ce qui explique son impact sur les gens. David voulait que chaque spectateur puisse rêver sa propre version, que son scénario soit le plus libre et ouvert possible”, note le comédien Robert Forster. “En allant à fond vers l’abstraction, David a réalisé un film d’une richesse infinie. Mulholland Drive, c’est l’équivalent d’un morceau de free-jazz ou d’une toile de Jackson Pollock : un pur geste d’avant-garde”, résume Michael Polaire, dont la voix tremble encore d’excitation quinze ans plus tard.
Mais tous les protagonistes du film ne partageaient pas le même enthousiasme. Lorsqu’elle monte les marches du palais des festivals à Cannes, en mai 2001, Naomi Watts semble angoissée. Quelques minutes avant la projection officielle, elle souffle ces mots à l’oreille de Pierre Edelman : “Ça y est, c’est fini. Je n’aurai plus jamais de boulot après ce film.” L’avenir lui donnera tort.
Long trip expérimental
Au fond, celui pour qui l’aventure Mulholland Drive fut la moins profitable est sans doute David Lynch lui-même.Après la sortie du film, qui connaîtra un joli succès en salle – vingt millions de dollars de recettes mondiales –, le cinéaste s’isole pendant des semaines, à la recherche de nouveaux projets. Lassé par sa dernière expérience à Hollywood, il prend ses distances avec l’industrie et se lance seul dans la préproduction de son film suivant, Inland Empire, un long trip expérimental qui marquera une rupture nette dans sa carrière.
“Mulholland Drive était un film si fort, si plein, si génial, que David a sans doute ressenti le besoin de casser son propre système, remarque Alain Sarde. Il a été très perturbé par le succès, la manière dont le public et la critique se sont appropriés le film. Je ne sais pas pourquoi il a réagi comme ça, mais il a eu envie de réinventer sa façon de faire du cinéma avec Inland Empire, qu’il a réalisé, écrit et produit seul dans son coin.”
L’échec monumental d’Inland Empire déclenchera une longue période de retrait des plateaux pourle réalisateur, qui se consacrera pendant dix ans à la musique et la peinture. Un silence rompu le 6 octobre 2014, lorsque fut annoncée la mise en chantier d’une troisième saison de Twin Peaks, diffusée courant 2016 sur la chaîne Showtime. A croire que David Lynch n’en avait pas tout à fait fini avec le monde de la télé.
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