TROIS FILMS D’ERNST LUBITSCH
Si j’avais un million(1932) ; Sérénade à trois(1933) ;
La Huitième Femme de Barbe Bleue(1938)
(Bac vidéo, collection Hollywood Classics,
environ 20 € chaque DVD)
Trois comédies de Lubitsch, époque Paramount.
LES FILMS Lubitsch période Paramount, avec tout d’abord Si
j’avais un million, un film à sketchs assez médiocre (l’argument en est
simple : un milliardaire mourant lègue sa fortune à des inconnus
qui deviennent chacun le héros d’un épisode), si n’était celui de Lubitsch,
interprété par Charles Laughton. Deux minutes, pas plus pas moins,
quasiment muettes, une véritable leçon de cinéma et d’efficacité
narrative, où le cinéaste prouve, s’il en était besoin, toute l’étendue de son
génie. Sens du décor (escalier, portes qui s’ouvrent et se referment),
du temps et du timing, et bien sûr de l’humour : du Lubitsch à la fois
concentré et pur jus, mégajubilatoire. Sérénade à trois, long métrage tourné
juste après Si j’avais un million, est d’un autre tonneau. Cette histoire de
triolisme, librement tirée d’une pièce de Noël Coward, est l’occasion de
vérifier l’une des composantes esentielles du charme des films du cinéaste
berlino-hollywoodien : ses personnages (interprétés par des acteurs canons
tels Gary Cooper, Fredric March et Myriam Hopkins) jouent tout le temps la
comédie, y compris quand ils sont seuls. Ce monde de jeunes,
séduisants et insouciants cabotins, immergés dans un Paris de carte
postale bohème comme on les aime, permet à Lubitsch de dissimuler
l’essentiel aux censeurs de l’époque : c’est ni plus ni moins Jules et Jim
qu’il nous raconte, trente ans avant Truffaut. Enfin, La Huitième
Femme de Barbe Bleue est peut-être son film le plus délirant dans tous
les sens du terme (loufoquerie et démence), tant les motivations des
personnages nous et leur échappent. Gary Cooper y joue un milliardaire
divorcé sept fois. Après une ouverture d’anthologie (où il est question
d’une veste et d’un pantalon de pyjama), il fait une nouvelle conquête,
la succulente Claudette Colbert. Celle-ci ne découvre le passé chargé
de son époux que le jour de leur mariage. Pour le punir – le faire souffrir,
aiguiser son désir –, elle lui interdit la porte de sa chambre. Il faudra passer
par la frustration sexuelle et une dépression nerveuse pour que notre couple
se “remarieî. La Huitième…, qui connut l’insuccès, fut le dernier film de
Lubitsch à la Paramount. C’est donc à la MGM qu’il réalisera deux
grands films : Ninotchka et The Shop around the Corner.
LES DVD De bonnes copies (“nouveau master haute définitionî), mais une
absence de bonus (en dehors des bandes-annonces) et de VF.