Auréolé de Golden Globes et bien parti pour les oscars, un drame sur le racisme quotidien dans l’Amérique profonde qui pâtit d’effets trop outrés.
Un jour, Mildred Hayes (Frances McDormand, dans un rôle de femme décidée dont elle est familière – un peu trop) pète les plombs. Sa fille a été violée et assassinée il y a quelques années, et l’enquête n’avance pas. Alors elle loue trois grands panneaux de pub à l’entrée de son village et y accuse le chef de la police locale de ne pas faire son boulot. Or tout le monde se connaît depuis toujours, et le chef de la police (Woody Harrelson, très bien) est respecté et aimé de tous. D’autant plus qu’il souffre d’un cancer qui le ronge chaque jour. Une belle histoire entre êtres humains confrontés à la mort commence.
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Mais le récit de 3 Billboards – film qui par ailleurs vient d’être récompensé d’une pluie de Golden Globes : quatre sur six nominations – se désagrège, se perd dans des explosions, des violences un peu délirantes et gratuites sans intérêt. Le ton de la chronique amère du début tourne très vite au numéro de cabotinage et presque à la sitcom un peu trash. Frances McDormand a de l’abattage (c’est aussi pour cela qu’on l’aime), mais chacune de ses répliques fait mouche. Trop. L’exercice tourne au tir de mitraillette de TV-show et les personnages deviennent des marionnettes de ventriloques.
Ce n’est plus du cinéma mais un long film à sketches où Mildred a toujours raison parce qu’elle a toujours raison et réponse à tout. C’est dommage. Parce que la littérature américaine a une histoire : celle des petites gens des campagnes, qui remonte au moins à Winesburg-en-Ohio de Sherwood Anderson (1876-1941), qui était l’un des maîtres de Scott Fitzgerald ou Hemingway, et aux nouvelles de Raymond Carver. Une littérature plus pondérée, plus ouverte sur l’altérité, moins spectaculaire, moins manichéenne.
3 Billboards – Les panneaux de la vengeance de Martin McDonagh (G.-B., E.-U., 2017, 1 h 56)
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