L’année 2014 a été celle de l’explosion de Vincent Lacoste qui, à travers trois films, « Jacky au royaume des filles », « Hippocrate » et « Eden », a été omniprésent. Nous sommes donc allés l’interroger sur son année faste.
Cette année, tu as joué dans trois films qui ont eu des succès très différents, quelle importance accordes-tu au succès ou à l’échec au box-office d’un film dans lequel tu joues ?
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Vincent Lacoste – Tu veux dire que j’ai joué dans un film qui a marché et dans deux autres qui n’ont pas marché ? Non mais je suis content quand ça marche, comme tout le monde, parce qu’en fait, c’est du travail et que, forcément, c’est décevant quand Riad (ndlr. Riad Sattouf, réalisateur de Jacky au royaume des filles) passe quatre ans sur un film ou quand Mia (ndlr. Mia Hansen-Love, réalisatrice d’Eden) passe quatre ans à écrire un film, qu’elle se bat pour le faire et que les deux films font peu d’entrées. Donc, oui ça fait plaisir quand le film fait des entrées mais le succès se situe ailleurs. L’essentiel, c’est qu’il soit réussi. Mieux vaut qu’il soit réussi et qu’il ne marche pas plutôt que le contraire. En général, s’il est pourri, il ne marche pas trop… Enfin, non, c’est pas vrai parce qu’il y a beaucoup de films pourris qui font énormément d’entrées.
Mais après les tournages des trois films, aurais-tu pu deviner leurs destins respectifs ?
Non, parce qu’Hippocrate est un petit film à la base, beaucoup plus petit que Jacky donc je me disais que Jacky marcherait mieux. Le succès comme l’échec, c’est vraiment quelque chose qu’on ne peut pas prévoir. On peut faire autant de promo qu’on veut, ça ne change rien.
En quoi chacune de ces trois expériences ont-elles été différentes ?
Pour Jacky, j’étais un peu stressé à l’idée de tourner avec Charlotte Gainsbourg et de retravailler avec Riad parce qu’on se connaît très bien. En même temps, j’étais en confiance car je savais qu’il saurait tirer le meilleur de moi. Le tournage était particulier; c’était en Géorgie, c’était très long et les tournages de Riad sont assez fatigants parce qu’on a toujours des trucs sur la gueule qui sont hyper désagréables. Là par exemple, on avait le voile, de grosses chaussures, j’avais des boutons sur le visage et un faux appareil dans la bouche. Du coup, quand tu joues, tu es hyper gêné.
Ensuite, j’ai joué dans la pièce de théâtre d’Edouard Bear puis j’ai enchainé avec le tournage d’Hippocrate. C’était assez détendu et sympa comme tournage. Nous étions dans un décor unique la plupart du temps, l’hôpital Rothschild à Paris, qui est désaffecté. Du coup, nous avions le bâtiment pour nous seul, on était peinards. Puis, on a fait deux semaines à Garches où il y a avait des patients, donc c’était plus choquant parfois. Je me suis aussi très bien entendu avec Thomas (ndlr Thomas Litli, le réalisateur d’Hippocrate).
Après Eden, pour moi, c’était très court. J’avais très envie de travailler avec Mia parce que j’aime beaucoup son travail. J’avais accepté le film mais il y a longtemps. Ensuite je n’en ai plus entendu parler pendant un an. Un jour, j’ai appris par hasard qu’ils commençaient à tourner à New-York, je n’étais pas au courant. Du coup je l’ai appelé pour lui demander « Qu’est-ce qui se passe? » et en fait ils ont commencé le tournage à Paris plus tard. Je n’ai fait que cinq jours. On était tous en groupe, la nuit, dans des boites de nuit, c’était très sympa. Pour Mia, l’organisation devait être hyper fatigante mais Vincent Macaigne, Félix de Givry, Roman Kolinka et moi, on était peinards.
Tu auras joué un homme voilé, un médecin stagiaire et une star de l’électro. Comment s’est passé la construction de ces trois personnages ?
Comme je n’ai jamais vraiment appris le métier d’acteur, je prend les rôles les uns après les autres sans technique de travail préétablie. On avait beaucoup travaillé en amont avec Riad. Il m’avait demandé de changer ma voix et de jouer un homme sans aucune virilité. C’était assez dur et nous avons dû beaucoup répéter. Sur le tournage, le costume m’a aidé. Pour Hippocrate, je suis allé passer une journée avec Thomas, qui est médecin, dans un hôpital, avec des internes. Je prenais de petites notes et Thomas m’a montré les gestes. Enfin, avec Mia, c’était beaucoup plus court. Je n’ai rencontré Guy-Man qu’après le tournage mais je n’ai malheureusement jamais rencontré Thomas Bangalter. Pour les Daft Punk, il y avait logiquement peu de choses mais j’ai trouvé une vidéo sur Youtube qui date des années 90 où on le voit mixer sans casque. Mais c’était à peu près tout. D’ailleurs, mon personnage est habillé exactement pareil que dans cette vidéo.
En 2015, dans quels films pourra-t-on te voir ?
Alors j’ai fait Peur de rien de Danielle Arbid. Ca raconte l’histoire d’une Iranienne qui arrive à Paris. C’est un peu son portrait par l’intermédiaire de trois hommes qu’elle rencontre et je joue l’un de ses hommes. Là, je viens de finir le film de Julie Delpy qui s’appelle Lolo, c’est l’histoire d’un fils sociopathe qui ne supporte pas que sa mère ait des relations avec d’autres hommes. En mars, je vais jouer dans le prochain film de Pascal Bonitzer. Ah oui, et j’ai aussi un petit rôle dans Le journal d’une femme de chambre de Benoît Jacquot qui sort en avril.
Concernant ton année de spectateur, qu’est-ce qui t’a marqué en 2014 au cinéma ?
J’aime bien Le Vent se lève de Miyazaki, je trouve ce film très émouvant. J’aime aussi beaucoup Saint Laurent. De toute manière le cinéma de Bonello me plait énormément. Je le trouve très fort dans un cinéma un peu contemplatif. Il y a une ambiance assez incroyable. Toute la partie avec Jacques de Bascher, la fête et le chien est géniale. De faire un biopic comme ça, si peu académique, c’est très fort. Les trucs genre Le Discours d’un roi, c’est casse-couille, le côté « je bégaie », on en a rien à branler. Là, c’est hyper incarné. Gaspard Ulliel est incroyable. Il ressemble à Saint Laurent mais il crée aussi un truc diffèrent qui passe par le regard, le sourire, le mouvement… Parce qu’il ne parle pas beaucoup, il est très intérieur. J’espère qu’il aura le César pour ce rôle. J’ai aussi aimé Deux jours, une nuit des frères Dardenne. Il m’a vraiment fait chialer. Faire un film aussi concret sur la crise, c’est hyper bien. Autrement, je trouve Tonnerre magnifique. Je me sens extrêmement proche du cinéma de Guillaume Brac. J’aime bien ses histoires qui, comme dans les films de Rohmer, se situent dans des lieux. Le coté géographique du film me fait comme des madeleines de Proust après, je m’en souviens quand j’y passe. Et puis il y a Sils Maria, j’adore la façon dont Olivier Assayas filme la montagne, le « Maloja Snake ». De toute manière, la montagne au cinéma me fascine complètement.
Et dans le cinéma américain ?
J’ai vachement aimé Gone Girl. Je trouve que Rosamund Pike est incroyablement sexy. Elle est d’une beauté… laisse-tomber! Elle mériterait bien son Oscar d’ailleurs. Et Her que j’ai trouvé très émouvant. J’ai aussi pleuré dans celui-là.
Tu pleures facilement au cinéma ?
Extrêmement facilement. Chaque film que je vois, je pleure. Ca ne veut pas forcément dire que j’aime le film mais je pleure à chaque film. Pour Le Vent se lève aussi j’ai pleuré.
Il y a une image que tu retiens particulièrement de 2014 ?
La seule chose qui me vient, c’est encore une fois la beauté et le talent de Rosamund Pike. Je suis tombé instantanément amoureux d’elle. Même si je sais qu’elle risque de me tuer ensuite, je m’en fous!
Propos recueillis par Bruno Deruisseau
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