Ecologiste motivée, citoyenne concernée, la star italienne fait une déclaration d’amour à son pays. Qui aime bien châtie bien.
Calamités
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Beaucoup de choses m’ont frappée cette année, bien sûr. Les calamités naturelles et celles causées par l’homme. Je pense au tremblement de terre qui a fait tant de morts en Turquie. Et aussi, parmi celles dont l’homme est responsable, à l’accident nucléaire au Japon. C’est difficile de ne pas penser que, face aux choses horribles que nous lui infligeons, le monde se révolte.
Ecologie
Je suis très soucieuse de l’écologie. Mais il est vrai que nos petits gestes écologiques – éteindre la lumière, faire le tri pour la poubelle, économiser l’eau… – sont rendus bien dérisoires quand tant de pétrole se déverse dans la mer et que les gouvernements gèrent si mal la question nucléaire. Est-ce que la responsabilité de chacun dans son quotidien a un sens lorsque les structures qui nous encadrent s’avèrent ir responsables ?
Berlusconi
Les Italiens ont vraiment un côté “Viva il re, ha basso il re” ! Aujourd’hui, tout le monde en Italie crache sur Berlusconi, le traite de bouffon, mais après l’avoir élu quatre fois tout de même ! Il n’est ni Néron ni Mussolini, mais il est un chef de gouvernement élu quatre fois. Berlusconi, c’est d’abord notre responsabilité, la responsabilité collective des citoyens italiens.
Crise italienne
Moi j’adore l’Italie, comme la plupart des Italiens. Mais c’est un peuple qui ne croit pas en l’Etat, contrairement aux Français. En France, l’Etat existe encore : les citoyens gardent une relative confiance dans une structure, un système qui peut les aider, les soutenir. En Italie, cette confiance a totalement disparu, avant tout à cause du gouvernement Berlusconi. Il faut que les Italiens prennent conscience qu’ils ne peuvent pas s’en sortir sur un mode individuel. Il faut réinvestir l’espace politique, les préoccupations sociales… Le problème de l’Italie, plus encore qu’économique, est lié à ça. En France, bon gré mal gré, subsiste l’idée de méritocratie. Tu obtiens des choses selon tes capacités. En Italie, c’est plutôt le clientélisme qui régit le lien social. On se connaît, nous sommes entre amis, je te donne ça, tu me donnes ça. A un grand niveau, ça donne la Mafia. Mais cette mentalité est profondément ancrée dans la société et, à une petite échelle, elle touche un peu tout le monde. Je pense qu’une crise économique, morale, sociale, c’est quelque chose qui vient nous prévenir que ça ne va pas, que ça ne peut plus durer. Alors je suis optimiste. Parce que la grande force de l’Italie, ça se vérifie dans l’histoire, c’est de savoir repartir de zéro et de recommencer.
Un été brûlant
Philippe Garrel a été une rencontre humaine et de cinéma particulière. Il m’a beaucoup appris. J’adore son côté scrupuleux, sa générosité avec les acteurs… Il dégage quelque chose de très pur, il n’a pas peur, il ne veut pas plaire, il fait ce qui lui plaît.
Le film de l’année
J’ai adoré Une séparation. Je l’ai regardé d’abord pour des raisons professionnelles – je vais tourner un film en iranien (Rhinos Season de Bahman Boghadi – ndlr) et je dois travailler la langue. Le film m’a stupéfaite. Les acteurs sont tellement naturels qu’on pourrait être dans un documentaire. Ce que ça raconte d’un pays, de sa société, est d’une puissance sidérante.
Chansons
Ces derniers temps, j’ai beaucoup écouté Marisa Monte, une chanteuse brésilienne avec une très belle voix, dont j’aime beaucoup la musique. Et en France, j’écoute ce nouveau groupe, Brigitte. Je les trouve féminines, décalées… Je les aime vraiment bien !
recueilli par Jean-Marc Lalanne
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