We are the future. Le 1er Festival asiatique de Deauville sauvé par une perle coréenne, deux inédits d’Edward Yang et un sublime manga. Un manga irréel et quelques incunables ont sauvé le premier Festival de Deauville d’une sélection faible autour d’un cinéma asiatique en creux, ripoliné à grands coups de Bertoluchic (Earth, East Palace,West Palace) […]
We are the future. Le 1er Festival asiatique de Deauville sauvé par une perle coréenne, deux inédits d’Edward Yang et un sublime manga.
Un manga irréel et quelques incunables ont sauvé le premier Festival de Deauville d’une sélection faible autour d’un cinéma asiatique en creux, ripoliné à grands coups de Bertoluchic (Earth, East Palace,West Palace) ou agaçant de tics post-Wong Kar-wai (Stormriders, Fun Bar Karaoké, Bishonen). La lourdeur world des panoramiques s’embourbe, un musicien international s’écoute, la pub tapine, six cents figurants s’emmerdent. Ce cinéma de vendeurs de Pier Import peut faire le rêve des chefs-op et des monteurs AVID, il est notre cauchemar. Alors, rodéo critique : n’ont résisté (et encore !) que Xiu Xiu, de la Chinoise Joan Chen, esthétiquement atroce mais emporté par son actrice Lu Lu (17 ans), sorte de Jane Marsch from hell qui s’envoie innocemment un camp entier de militaires sous les yeux d’un eunuque amoureux d’elle (prix Olivier Père, pourtant absent !) ; Blue moon, du Taiwanais Ko-I-cheng, qui, sur la question « Pourquoi t’aimer ne suffit pas ? », brode de jolis morceaux de solitude, ou le machinique Beyond hypothermia (Patrick Leung Pat-kin, Hong-Kong).
Pour se laver les yeux, repli stratégique sur la macro rétrospective Edward Yang qui, en deux films (Tapei story et The Terrorizers), montre qu’il sait marquer ses images de constructions qui renvoient à l’art contemporain sans pour autant chercher le plan (question de présence) et sur un hommage en forme de découverte : celle du Coréen Shin Sang-okk, auteur inégal de soixante films en quarante-cinq ans dont cette Fleur en enfer de 1958 qui fait le lien entre le réalisme poétique des Anges du boulevard et les premiers Oshima des bidonvilles : un travail sur les ombres qui sert un cinéma transpirant de sensualité, animé par le désir de rapprocher deux corps dans un même cadre.
Mais le bijou de ce Festival n’appartient déjà plus au cinéma, s’en soucie comme de sa dernière console : c’est un manga sexy (avec poils apparents), Perfect blue par le Japonais Satoshi Kon et les productions Mad House. C’est la matrice des années à venir, comme si, à nouveau, nous n’avions jamais vu ni mouvement ni inscription du temps : les angles inédits, l’inertie des décors, l’animation d’un seul personnage à la fois génèrent une lenteur apposée sur un récit si rapide qu’il faut avoir 14 ans au maximum pour arriver à le distancer c’est une durée d’atrophié qui rend paranoïaque chaque plan, excitant chaque strip-tease, arty chaque e-mail sur fond vichy Tati… Cela aperçu dans ce scénario vertigineux d’une chanteuse pop sexy et schizophrène possédée par son double nympho-maniaque. Oubliez De Palma ou Ferrara. C’est là, mais en cent fois plus beau, plus fou, plus étrange, plus pervers. Vous vous souvenez de votre première rave ? Pour une fois, les gamins qui font le pied de grue devant la boutique Tonkam savent de quoi je parle… Les punks nippons le vivent déjà : ils sont le futur !
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