Premier « acte » de la giga-fresque de Bertolucci sur la paysannerie italienne dans la première moitié du XXe siècle. Un indéniable souffle épique.
Cinq heures vingt de bruit et de fureur sur fond de rivalité entre deux « frères ennemis » nés en 1900 : Alfredo Berlinghieri, héritier d’une grande famille de propriétaires terriens de Romagne, et Olmo Dalco, petit-fils du métayer de cette famille. Tourné à la fin de l’ère soixante-huitarde, ce film en deux parties évoque l’utopie communiste qui grandit en Europe de l’Ouest tout au long du siècle et connaît son apothéose après la Seconde Guerre mondiale, en réaction au fascisme. Dans cette saga se déroulant entre 1900 et 1945 dans une vaste exploitation agricole, sont aussi transposés en filigrane les excès libertaires et (a)moraux sexe, politique, voire drogue des années 1970, où même la pédophilie était in. Voir la scène forte et dérangeante où, avant de se pendre, le patriarche Berlinghieri dévergonde une petite paysanne dans une étable ; avec, en miroir, dans la seconde partie du film (diffusée
la semaine prochaine), une orgie où le méchant très réussi de l’histoire, le contremaître fasciste Attila, massacre un enfant. Au-delà du sexe et de la politique, 1900 est une œuvre opératique, symptomatiquement inaugurée avec l’annonce de la mort de Verdi. Dans la première partie, la plus picturale et nuancée, on explore ce vaste microcosme paysan avec d’amples travellings et mouvements de grue. Bertolucci montre de manière lyrique un monde archaïque en train de se fissurer.
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