Un premier film talentueux mais trop théorique et formaliste pour toucher vraiment.
Remarqué par une ciné-chronique publiée en feuilleton dans les Cahiers du cinéma, auteur de roman, de livres de jeu de jeunesse et de pièces de théâtres, Christophe Honoré, la trentaine stakhanoviste, signe maintenant son premier film. A l’instar d’un Ozon, Honoré semble être de ces jeunes gens prolifiques et bourrés d’énergie, prêts à prendre d’assaut le monde des arts et des lettres en dégainant tous azimuts. A la vision de 17 fois Cécile Cassard, histoire d’une femme qui perd son mari puis abandonne son enfant par impossibilité de son faire son dueil, on constate qu’Honoré n’est pas seulement prolifique : il a du talent, une sensibilité, des sentiments à partager, une vision du cinéma à transmettre. Ainsi, la séquence nocturne où Béatrice Dalle dérive au fil d’un fleuve est une belle trouée d’expressionisme où flotte le capiteux parfum du mystère et de l’étrange, où une reminiscence de « La Nuit du chasseur ».
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Le problème, c’est que la virtuosité d’Honoré ne fonctionne que par bribes, par bouts de séquences épars. Car, à force d’exhiber son désir d’originalité, à force de rechercher une singularité esthétique à chaque plan, à force de vouloir prouver à tout moment qu’il fait du Cinéma, Christophe Honoré nous éloigne de son sujet, de ses personnages et de leurs sentiments au lieu de nous en approcher. 17 fois… est un film trop théorique, trop littéraire, trop formaliste pour que son histoire de chagrin, de bonheur, de reconstruction et de lent retour à la vie tocuhe profondément. Au lieu d’être bouleversé, on ressent un vague ennui distingué, voir de l’agacement devant toute cette agitation formelle stérile qui crée un filtre entre le spectateur et le film. On en revient au stakhanovisme de l’auteur : peut-être a-t-il voulu prouver trop de choses en un seul film ?
Par principe, on a rien contre la générosité créative. Chez Honoré, il semble qu’elle gagnerait à être canalisée : dans 17 fois…, le trop-plein est l’ennemi du bien.
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