Une louable manifestation, qui révèle cependant les faiblesses du cinéma anglais. Cette édition a confirmé ce que l’on savait des précédentes : à savoir, le festival de Dinard, c’est un lieu superbe, un accueil chaleureux, des organisateurs sympathiques, une atmosphère conviviale (aux projections, bondées, les spectateurs “ordinaires” sont plus nombreux que les professionnels) : manquent […]
Une louable manifestation, qui révèle cependant les faiblesses du cinéma anglais.
Cette édition a confirmé ce que l’on savait des précédentes : à savoir, le festival de Dinard, c’est un lieu superbe, un accueil chaleureux, des organisateurs sympathiques, une atmosphère conviviale (aux projections, bondées, les spectateurs « ordinaires » sont plus nombreux que les professionnels) : manquent juste les grands films. Par exemple, Kiss of Life d’Emily Young (déjà repéré à Cannes) est l’exemple même d’une volonté de modernité (une femme entre la vie et la mort, qui attend le retour de son mari éloigné par une mission humanitaire en Bosnie) s’échouant dans un scénario inutilement tarabiscoté, un montage alterné balourd et une mise en scène monocorde. On devrait être bouleversé, on s’ennuie copieusement.
Plus intéressant, Girl with a Pearl Earring (Grand Prix et Prix du public) sonde les rapports entre le peintre Vermeer, son épouse et son modèle favori, une jeune et charmante domestique fraîchement engagée (la sublime Scarlett Johansson, vue chez Terry Zwigoff et Sofia Coppola). Le réalisateur, Peter Webber, orchestre plutôt bien les tensions cuisant à feu doux, le conflit entre le désir et la chape d’une société protestante répressive évoquant de loin l’ombre immense et tutélaire de Bergman. Mais plastiquement, le film ressemble trop à une imitation scolaire des tableaux de Vermeer.
On enchaîne avec Wondrous Oblivion de Paul Morrison dont le scénario est plutôt intéressant : les relations entre une famille juive et une famille jamaïcaine dans un quartier populaire raciste du Londres des fifties. Morrison décrit avec tact les non-dits, les dilemmes et les problèmes liés aux couches successives d’immigration, mais la réalisation est tellement molle et lénifiante, la photo tellement rétro et léchée qu’elles amoindrissent les subtilités du scénario.
Les quelques films vus à Dinard ont entériné les forces et faiblesses habituelles du cinéma anglais : d’excellents acteurs, de bons scénaristes, mais pas de créateurs de formes cinématographiques dignes de ce nom.
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