Agacé par les clichés véhiculés par le cinéma dit de banlieue (guérilla urbaine, etc.), Mahmoud Zemmouri a voulu faire une comédie raï pour trancher avec cette violence “qui ne représente qu’une part de la réalité”. Soit. Mais pour dépasser les clichés, ou les renvoyer à leur vacuité (les bazookas de Richet, les magnums 347 de […]
Agacé par les clichés véhiculés par le cinéma dit de banlieue (guérilla urbaine, etc.), Mahmoud Zemmouri a voulu faire une comédie raï pour trancher avec cette violence « qui ne représente qu’une part de la réalité ». Soit. Mais pour dépasser les clichés, ou les renvoyer à leur vacuité (les bazookas de Richet, les magnums 347 de Kassovitz), un minimum de travail est nécessaire travail d’enquête éventuellement, d’écriture en tout cas. Ce qui fait qu’à ce jour, les seuls films banlieusards intelligents et beaux sont ceux de Malik Chibane, parce que réfléchis, construits et subtils. 100 % arabica n’est rien de tout cela et à l’imagerie de violence, il en substitue une autre, angélique et tout aussi fallacieuse. Car hormis la médiocrité des dialogues (un parler jeune et rap vraiment gênant tant il est artificiel et semble avoir été écrit par des sociologues) et de l’interprétation, le film embarrasse par sa volonté de faire rire en simplifiant outrageusement des problèmes importants. Dans une banlieue indéterminée (et il vaut mieux qu’elle le soit car celle-ci n’existe que dans la tête de Zemmouri), une lutte s’installe entre un imam intégriste et un groupe de raï qui fait danser et corrompt tout le monde, des vieux aux enfants. L’imam est soutenu par le maire qui pense que la religion va discipliner ces jeunes âmes turbulentes. Les invraisemblances scénaristiques se succèdent à vive allure : un maire qui préfère voir se construire une mosquée dans sa commune plutôt qu’une salle de sport ou de concerts ; un imam racketteur, qui jure comme un charretier et qui organise la bastonnade d’un autre imam ; l’intégrisme islamique réduit à une bande de businessmen hypocrites et la musique pop investie des belles valeurs de la jeunesse et de la religion éclairée. On était content à l’idée de voir Khaled et Cheb Mami, mais le film ne fait rien de l’étrange charisme des deux chanteurs, de l’énergie noire, désespérée du premier et des manières de jeune fille du second. Ils chantent à tour de rôle, puis ensemble, et c’est bien grâce à eux si on regarde jusqu’au bout. Les chansons sont magnifiques, ce qui n’est une surprise pour personne, mais malheureusement en play-back, et trop produites pour ressembler à des concerts. Si 100% arabica fait l’objet d’une BO, on pourra la conseiller. Pour le reste, c’est décourageant.
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