A l’occasion de la mise en ligne sur Netflix de classiques du cinéma français – François Truffaut, Jacques Demy, Alain Resnais, Claude Chabrol… – ce vendredi, retour sur dix très beaux films français des années 2010 déjà disponibles sur la plateforme.
Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin (2015)
Alors que Paul Dédalus quitte le Tadjikistan pour regagner Paris, les souvenirs de son enfance à Roubaix, de son voyage en URSS quand il était adolescent et, surtout, de son amour pour Esther, rejaillissent. Paul, que l’on suit donc petit garçon, ado et adulte, ne cesse dans Trois souvenirs de ma jeunesse de se remémorer son passé, ses trois corps – et le récit – ne faisant alors plus qu’un.
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Ses péripéties, qui oscillent de l’humour au tragique, font vibrer le spectateur, sans cesse ramené, par un jeu de miroir, à sa propre vie antérieure. Récompensé à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2015 ainsi qu’aux César l’année suivante, Desplechin nous emporte via son art des dialogues et sa mise en scène, en transfigurant nos propres souvenirs pour en faire un labyrinthe, entre fascination et destruction.
Un amour de jeunesse de Mia Hansen-Løve (2011) et Eden (2014)
Toujours dans le thème des tourments de jeunesse, Netflix propose deux films de la réalisatrice Mia Hansen-Løve : Eden et Un amour de jeunesse. Le second réussit, par sa délicatesse et sa retenue, à raconter une liaison amoureuse, de l’adolescence à l’orée de l’âge adulte, le tout sans jamais tomber dans des scènes émotionnelles pompeuses. Eden, lui, signe le portrait virtuose d’un DJ porté au sommet du succès en pleine période French Touch, un mouvement musical qui, pour lui, ne sera qu’éphémère.
L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie (2013)
Considéré comme un “chef-d’œuvre” par les Inrocks, L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie est un huis clos à ciel ouvert, sur fond d’amour, de sexe et de mort. Impossible donc, de passer à côté de ce bijou du cinéma d’auteur français, qui, au-delà de sa brillante mise en scène, explore toutes les thématiques, registres et métaphores possibles.
La recette est limpide et modeste : “Un lac, une plage, des bosquets, un parking, une R25, quelques hommes nudistes et trois personnages” (dont Pierre Deladonchamps, merveilleux). Et si cela ne vous paraît toujours pas assez convaincant, voici ci-dessous la bande-annonce.
La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche (2013)
Palme d’Or du Festival de Cannes en 2013, La vie d’Adèle, est adapté de la BD Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh. A 15 ans, Adèle est une élève sérieuse qui se questionne sur sa sexualité quand elle croise pour la première fois le regard d’Emma, une mystérieuse jeune femme aux cheveux bleus. Grande œuvre du septième art, faisant vivre l’idée que la littérature peut mener à l’acception de soi, La Vie d’Adèle, film sensuel qui emprunte tous les codes du roman d’apprentissage, fait partie (malgré les polémiques autour de son tournage) des plus beaux films du cinéma d’auteur français de la décennie.
Marguerite et Julien de Valérie Donzelli (2015)
Avec ce film présenté en compétition officielle au Festival de Cannes en 2015, Valérie Donzelli explore le thème de l’amour interdit par les normes sociales ou la « nature ». Une jeune femme (Anaïs Demoustier) et son frère (Jérémie Elkaïm), s’aiment irrésistiblement depuis le berceau. En grandissant, cet amour se transforme en une passion ardente, mais, obligé d’étouffer leur feu incestueux face à la pression de la société, le couple s’enfuit.
La réalisatrice lance alors ce couple aux faux airs de Bonnie and Clyde dans un rythme de cavale, son drame conjugal prenant alors des allures de film d’action. Après La guerre est déclarée et Main dans La Main, Valérie Donzelli continue, avec Marguerite et Julien, à observer les mécanismes de la frénésie sentimentale avec beaucoup de singularité.
Bang Gang d’Eva Husson (2016)
Si d’habitude on doit le genre du « teen-movie » au cinéma américain, avec Bang Gang, Eva Husson nous prouve que de telles réalisations peuvent également exister en France avec ce film qui dégage une énergie sauvage, élégante et sensuelle. Pour le pitch (que le titre ne résume pas totalement), direction les banlieues aisées du Pays Basque, où George, jolie blonde de 16 ans, s’éprend d’Alex, un Don Juan. Dans le but d’attirer son attention, George lance un défi collectif au cours duquel sa bande de potes va découvrir et repousser les limites de sa sexualité. Entre partouzes, fêtes et désillusions, Bang Gang est une chorégraphie des corps magnifiquement photographiée. A voir !
Peur de rien de Danielle Arbid (2016)
Pour son troisième long métrage, Danielle Arbid réinvestit le genre autobiographique en traitant des années de l’adolescence. On suit Lina, belle Beyrouthine de 18 ans, qui déboule dans la capitale française pour étudier. Papillonnant au rythme d’un Paris des années 90, Lina découvre la liberté, le sexe et les folies nocturnes, mais aussi les disparités raciales.
L’intérêt du film réside également en son actrice principale, Manal Issa, qui, par son interprétation farouche, donne un élan de fraîcheur et de jeunesse au cinéma français. Epopée intime, entre l’euphorie du cinéma de Mia Hansen-Løve et les souvenirs de Desplechin, Peur de rien vaut son détour sur Netflix.
Nocturama de Bertrand Bonello (2016)
Pour s’éloigner un peu du schéma amoureux, direction Nocturama, le drame-thriller de Bertrand Bonello. Ce conte élégiaque s’ouvre sur de nombreux mystères, lesquels ne seront pas forcément résolus. Un groupe de jeunes gens se réunissent pour poser des bombes dans la Samaritaine, à Paris. Dès l’instant où le grand magasin ferme ses portes, la nuit commence, et l’histoire nous emporte. Tout en abordant des sujets brûlants de notre société contemporaine, le cinéaste livre le portrait d’une jeunesse perdue, porté par un casting flambant neuf (on retrouve Finnegan Oldfield, déjà à l’affiche de Bang Gang, et Manal Issa, citée ci-dessus). Un film à l’esthétique impressionnante, à découvrir d’urgence.
Tristesse Club de Vincent Mariette (2014)
Avec ce film à la fois drôle et sensible, à la limite de la comédie seventies, le réalisateur Vincent Mariette exploite le buddy-movie. Tristesse Club, c’est un mélange entre la poésie comique de Pierre Richard et le brio de Bertrand Blier. C’est aussi un casting des grands opposés, avec Laurent Lafitte et Vincent Macaigne en frères ennemis qui, lorsque leur père disparaît, vont être forcés de faire équipe pour le retrouver.
D’une grande sensibilité, Tristesse Club trouve aussi son souffle grâce à son trio de personnages (on compte également Ludivine Sagnier), son rythme volatile et ses dialogues tout sauf formatés – le tout saupoudré de bons gags. Regarder ce film sur Netflix, c’est ainsi profiter d’un nouvel humour français, encore trop peu exploité par la plateforme.
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