Découvrez notre sélection de reprises pour passer un bel été dans les salles obscures.
Jeanne et le garçon formidable d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau (14 juin)
Mise à jour au cœur des années 1990 des comédies musicales classiques des années 1960 de Demy (Les Parapluies de Cherbourg et Les Demoiselles de Rochefort), Jeanne et le garçon formidable propulse le style enchanté et coloré du cinéaste dans un monde décimé par l’épidémie de sida. C’est un monde pris entre Éros et Thanatos, tiraillé entre l’exaltation de l’amour et la mort qui rode en sourdine dans lequel s’aime Virginie Ledoyen et Mathieu Demy, un jeune homme mourant du sida, la même maladie qui avait emporté son père. Plus qu’un simple exercice de style, le film coréalisé par Olivier Ducastel et Jacques Martineau remet au centre de ses images le sida qui était si longtemps délaissé par le cinéma et servira de sédiments à deux très grands films contemporains sur le sujet : 120 battements par minute de Robin Campillo et Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré.
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Daniel de Sidney Lumet (21 juin)
Cinéaste de la politique, Lumet livre ici une version fictionnelle du destin du fils des époux Rosenberg, exécutés pour être des espions présumés pour l’Union soviétique en 1953. À première vue traversée d’une distance rigoureuse, la mise en scène de Lumet finit par transcender le simple examen en profondeur de son pays pour offrir un délicat portrait sur la vitalité et la camaraderie de l’activisme de gauche. On peut également voir dans cette ample épopée intimiste une répétition générale d’À bout de course, chef-d’œuvre du cinéaste réalisé cinq ans plus tard.
Rétrospective Vincente Minnelli (à partir du 28 juin à la Cinémathèque française)
Illustre patronyme du cinéma hollywoodien que l’on a longtemps exclusivement associé au genre de la comédie musicale, Minnelli est un auteur beaucoup plus versatile qu’il n’y paraît. Quelque peu invisibilisé par ses grands chefs-d’œuvre du genre (Un Américain à Paris, Tous en scène, Brigadoon), la rétrospective organisée par la Cinémathèque française s’annonce comme l’occasion parfaite pour s’offrir la (re)découverte sur grand écran de quelques bijoux plus méconnus : Celui par qui le scandale arrive et Comme un torrent, deux sublimes mélodrames à ranger aux côtés des plus grands de l’histoire, et La Femme modèle, comédie géniale sur la rencontre et le couple porté par Gregory Peck et Lauren Bacall.
Trous de mémoire de Paul Vecchiali (5 juillet)
C’est l’histoire d’une retrouvaille entre deux amants (Françoise Lebrun et Paul Vecchiali) qui se sont jadis aimés. Film de langage tourné en quelques heures et asséché jusqu’à son plus simple argument narratif et formel, Trous de mémoire est une partition d’une immense liberté qui a probablement dû laisser quelques empreintes dans la rétine d’un certain Hong Sang-soo.
Intégrale Lars von Trier (à partir du 12 juillet)
Tout et son contraire aura été dit sur le cinéma de Lars von Trier. De la fascination à peu près partagée par tout le monde (Melancholia) à la consternation la plus totale (Antichrist), le cinéaste déroute ses spectateur·rices depuis 30 ans. S’il y a toujours eu une part de provocation chez Trier (pas le fragment le plus passionnant), son œuvre dépasse le regard neurasthénique sur le monde pour en révéler (au prix d’une certaine souffrance) sa beauté, bien souvent par un certain mysticisme. En quatorze longs métrages qui susciteront bien des affects contradictoires, chacun·e pourra (peut-être) s’entendre sur la façon dont le Danois a expérimenté et poussé un peu plus loin les outils du cinéma, entretenu par une mise en danger absolue de son art.
Dario Argento : les 6 visages de la peur (à partir du 12 juillet)
Celles et ceux qui ne seront pas repus par l’intégrale Lars von trier pourront se (re)plonger ce même 12 juillet dans l’imaginaire fantasque et baroque de l’un des grands maîtres de l’horreur : Dario Argento. Six giallos (Les Frissons de l’angoisse, Ténèbres, Phenomena, Le Chat à neuf queues, Profondo Rosso et L’Oiseau au plumage de cristal) synthétisent à merveille la stylisation de l’auteur et les mécanismes de la peur que l’Italien maîtrise à merveille.
Virgin Suicides de Sofia Coppola (12 juillet)
Vingt-quatre ans après sa présentation au Festival de Cannes à la Quinzaine des réalisateurs, le film de Sofia Coppola ressortira en salle en version restaurée grâce à la société de distribution Carlotta (en collaboration avec Pathé). Accédant assez vite au statut de film culte, ce huis clos sur la sororité gratte lentement le vernis de son image : derrière les maisons immaculées aux gazons parfaitement tondus, un cri sourd rugit. Un brillant premier coup d’essai de la cinéaste dont l’esthétique autant que les thématiques visionnaires n’ont cessé ce nourrir le paysage du cinéma contemporain (Mustang, Les Filles d’Olfa…).
Francisca de Manoel de Oliveira (12 juillet)
Ultime volet de la tétralogie dite des Amours frustrées de Manoel de Oliveira, après Le Passé et le Présent (1972), Bénilde ou la Vierge Mère (1975) et Amour de perdition (1978), Francisca s’inscrit dans une volonté du cinéaste de confronter le cinéma à la littérature et d’en questionner chaque principe de représentation. S’adonnant successivement à un jeu de rôle destructeur, les personnages de ce mélodrame en costume vont révéler avec fragilité leurs incohérences au cœur d’une plastique rugueuse, dénuée de toute emphase (chose peu commune pour un film en costumes) et sans cesse mise en crise. À l’image des plans-séquences soudainement frappés d’anomalies en tous genres (un faux-raccord, une même séquence montée deux fois). Un grand chant funeste qui demeure l’un des plus beaux films de Manoel de Oliveira.
Nazarín de Luis Buñuel (26 juillet)
Après avoir caché un meurtrier, un prêtre catholique est contraint à l’exil et décide de se lancer dans un pèlerinage à travers la campagne mexicaine. Réalisé durant sa période mexicaine, Nazarín, qui compte parmi les films les plus personnels de son auteur, se déploie entre humanisme et regard iconoclaste pour étudier avec lucidité les fondements de la morale chrétienne et de la figure du martyr, dont il célèbre autant la beauté qu’il en interroge l’inatteignable pureté.
Mai Zetterling (à partir du 9 août)
Pour la seconde semaine du mois d’août, le distributeur de patrimoine Carlotta nous offre une formidable occasion de découverte. Celle d’une cinéaste secrète et pourtant cheffe de file avec Bo Widerberg de la “nouvelle vague suédoise” : Mai Zetterling. Quatre des films de la réalisatrice, connue également pour sa prolifique carrière d’actrice (elle était notamment tête d’affiche chez Bergman dans Musique dans les ténèbres) ressortiront : Les Filles, Amorosa, Les Amoureux et Jeux de nuit. L’occasion de plonger dans l’œuvre d’une cinéaste qui a fait de la frustration sociale et sexuelle des personnages féminins l’un de ses grands motifs. Une ressortie qui permet d’enrichir un peu plus une histoire du cinéma au féminin.
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