Qu’ils soient cultes, sortis il y a à peine quelques années ou passés sous les radars, les plateformes de streaming regorgent de films d’horreur pour Halloween. Mais lesquels regarder ? Suivez le guide, en dix propositions qui recoupent différentes décennies, nationalités et sous-genres de l’horreur !
Massacre à la tronçonneuse, de Tobe Hooper (1974) – disponible sur MUBI
Indéboulonnable classique, la première fois qu’une tronçonneuse transperça la chair de jeunes américain·es dans un coin perdu du Texas demeure l’une des séquences les plus importantes de l’histoire du cinéma d’horreur. Le film traverse les âges sans prendre une ride, et laisse toujours en tête des souvenirs bien plus sanglants que la composition réelle des plans. Du dîner macabre à l’échappée finale de l’héroïne qui propulse alors l’antagoniste dans une valse folle avec son arme, Massacre a tout du classique instantané qui n’a pas volé son titre. Nicolas Moreno
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Terreur sur la ligne, de Fred Walton (1979) – disponible sur Shadowz
Plus de quinze ans avant Scream de Wes Craven, Fred Walton offrait déjà une séquence d’ouverture sidérante de terreur dans laquelle un psychopathe harcèle une jeune babysitter au téléphone. De l’inquiétude diffuse à l’angoisse jusqu’à l’effroi primal, ces vingt premières minutes déplient toutes les nuances de la peur entre les quatre murs d’une maison. Entre la parfaite maîtrise du rythme et de la durée, un usage prodigieux du hors champ et un sens du découpage et de l’espace redoutable, cette ouverture offre un précis de mise en scène et constitue un véritable emblème du cinéma d’horreur. Fred Walton récidivera avec Terreur sur la ligne 2, qui redéploie magistralement tout le génie du premier volet. Robin Vaz
Get Out, de Jordan Peele (2017) – disponible sur Amazon Prime Video
Avant Nope et Us, Jordan Peele avait réalisé un premier grand film dont le titre tenait en deux mots qui faisaient guise de conseil : Get Out. Un jeune noir américain s’apprête à rencontrer l’étrange famille de sa compagne. Rien ne se passera comme prévu, il fallait s’y attendre, mais le film vaut surtout pour sa manière globalisante de tout remettre en cause : l’ennemi n’est pas seulement la belle-mère, puis la famille entière, mais bien le système blanc tout entier. NM
Les yeux sans visage, de Georges Franju (1960) – disponible sur Filmo
Si le cinéma de genre a aujourd’hui la côte dans le cinéma français, ce dernier s’est longtemps tenu à distance du fantastique et plus encore de l’épouvante. On opposait alors volontiers une exception resplendissante à cette longue tradition (un peu fantasmée) : Les Yeux sans visage, de Georges Franju. Fort de sa pratique documentaire (Le Sang des Bêtes, Hôtel des Invalides), Franju s’empare en 1960 du film d’épouvante comme aucun autre avant lui, en filmant les expériences médicales d’un médecin sur le visage de sa fille avec une précision clinique et glaciale. Bien loin du fantastique baroque de la Hammer, cette épouvante naturaliste provoque un effroi viscéral qui n’a pas pris une ride. Pour preuve, le film produisait l’évanouissement d’une quinzaine de lycéens en 2019… RV
Christmas Evil, de Lewis Jackson (1980) – disponible sur le Vidéo Club de Carlotta
Alors que Mariah Carey commence sa décongélation, l’horreur peut aussi revêtir le costume du père Noël. Moins connu que le Black Christmas de Bob Clark (1974), ce film reprend les codes du slasher (l’affiche est à la gloire du couteau) et les incorpore dans les maisons américaines qui s’apprêtent à célébrer les fêtes de fin d’année. Ici, un enfant traumatisé de voir sa mère coucher avec le père Noël, endosse le costume à son tour une fois adulte, et se venge des adultes qui se moquent de lui… NM
The Medium, de Banjong Pisanthanakun (2021) – disponible sur Shadowz
Produit par Na Hong-jin, le réalisateur du très puissant The Strangers, The Medium ressemble d’abord à un film de found-footage assez classique, où une équipe de tournage se rend dans un village thaïlandais reculé pour réaliser un documentaire sur le chamanisme. L’aspect documentaire, un brin artificiel, s’estompe peu à peu à mesure que les phénomènes paranormaux s’intensifient, comme si la forme même du film était peu à peu possédée par les esprits démoniaques du village. Véritable déflagration horrifique, la deuxième partie du film nous présente un cas de possession avec une brutalité rare, aussi galvanisante qu’éprouvante. RV
Get the Hell Out, d’I-Fan Wang (2022) – disponible sur Shadowz
Les politicien·nes, tous·tes pourri·es ? Partant de cette idée, cette comédie horrifique taïwanaise réinvente le film de zombies en faisant de son Parlement le théâtre d’affrontements entre députés transformés et citoyen·nes survivant·es. Par un montage lunaire qui tire ce qu’il y a de meilleur de la culture Internet, le film s’avère bien plus politique qu’il n’y paraît, et semble bel et bien saisir quelque chose du caractère parfois grotesque et détestable de la sphère politique. NM
Six femmes pour l’assassin, de Mario Bava (1964) – disponible sur MyCanal
Une femme est égorgée au rasoir dans son bain, le sang se répand dans l’eau et envahit le cadre. Dans Six femmes pour l’assassin, la brutalité macabre du monde et la puissance de mort s’expriment par la couleur. Les expérimentations chromatiques de Bava impriment notre rétine et donne à cette classique histoire de tueur en série une abstraction entêtante. Pour plus de rituels morbides et de cinéma fétichiste, d’autres classiques du giallo (à commencer par ceux de Dario Argento) sont disponibles sur la plateforme. RV
The House That Jack Built, de Lars von Trier (2018) – disponible sur Shadowz
Film d’horreur ? Comédie noire ? Ni l’un ni l’autre ? À première vue, Lars von Trier n’est pas un réalisateur horrifique. Pourtant, beaucoup de scènes s’y prêtent plutôt bien : cette fabuleuse introduction dans laquelle Uma Thurman monte en stop dans le fourgon d’un tueur en série, le meurtre d’enfants au sniper, la plongée de Jack en Enfer… Par-delà les genres, le dernier film du Danois est un inclassable pur jus, une longue réflexion sur l’origine de ce mal qui ronge les humains et l’un des meilleurs films à voir le soir d’Halloween (ou n’importe quel autre soir d’ailleurs). NM
Trouble Every Day, de Claire Denis (2001) – disponible sur UniversCiné
Trouble Every Day est peut-être d’abord un film d’amour. Un amour-monstre dont les pulsions sousterraines sont poussées jusqu’à l’extrême. L’horreur prend chez Claire Denis un visage unique, loin des effets de mise en scène habituels : au rythme de la sublime BO des Tindersticks, elle naît d’une exploration lancinante et langoureuse du désir comme dévoration de l’autre. Le malaise finit par nous prendre au corps. RV
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