On a rencontré Marie Beauchesne, la cofondatrice d’Ypsylone, une ligne de vêtements féministe, dont les collections sont mensuelles et inspirées de femmes comme vous et nous. Le but, mettre en valeur des histoires plutôt que des physiques et créer des vêtements qui nous ressemblent.
À 26 ans, Marie Beauchesne a déjà tout d’une femme d’affaires. Le trench, l’assurance, et sa propre marque de vêtements. Elle a lancé Ypsylone avec Émilie Cotte, 25 ans, diplômée de l’ESCP et ancienne acheteuse chez The Kooples et Amazon Fashion. Diplômée de Sciences Po, Marie Beauchesne mûrit son projet depuis 2014. Elle travaille alors dans une agence de pub, et prend en parallèle des cours de stylisme et de couture. “La seule fois où j’ai pu utiliser l’excuse: ‘Je peux pas, j’ai couture’”, se souvient-elle en riant. À l’été 2015, elle quitte son job et tout s’enchaîne très vite. Elle se forme à l’entreprenariat avec le Startup Leadership Program. Au mois de décembre, elle s’associe avec Émilie Cotte et peaufine Ypsylone dont l’e-shop a finalement ouvert fin mai.
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“Émilie était une amie, une de mes cobayes quand j’ai commencé à créer des vêtements pour mes copines, raconte Marie Beauchesne. Je les adaptais en fonction de leur morphologie, mais aussi de leur personnalité.” Née de parents psys -sa mère est psychologue et son père neuropsychiatre-, elle avoue en riant avoir été “élevée à la sauce freudienne”, passionnée de psychologie et de féminisme bien avant la mode. Avec Ypsylone, elle réussit à allier les trois.
“Je sais que la volonté d’apporter un changement dans la représentation des femmes sera toujours le moteur de mon travail.”
Tous les mois, les deux entrepreneuses choisissent une égérie qui les inspire et créent une collection capsule qui lui ressemble. “J’ai envie qu’on ne se dise pas juste ‘elle est trop belle’ mais plutôt ‘elle m’impressionne’ en voyant un modèle”, confie Marie Beauchesne. “Ne pas être issue du milieu de la mode m’a permis de poser de nouvelles questions: pourquoi ne faire que deux collections par an? Pourquoi ne connaît-on jamais l’histoire des mannequins?” Rencontre avec une start-uppeuse qui veut révolutionner le monde de la mode.
Le jour où tu t’es lancée?
En décembre dernier, quand je me suis dit “J’ai vraiment envie de faire de la mode différemment”. J’ai appelé Émilie, qui avait les connaissances nécessaires en mode et en business, et lui ai dit: “T’as pas un clone? J’ai besoin de quelqu’un exactement comme toi pour lancer le projet”. Elle a dit “OK”. On a discuté, on s’est aperçues qu’on était vraiment sur la même longueur d’ondes en termes de féminisme et d’ambitions. À partir de ce moment là, on a su qu’on s’embrouillerait peut-être sur les matières ou les motifs, mais jamais sur le fond.
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui veut monter sa boîte?
Pour ce qui est du monde de la mode, c’est un réseau très fermé, qui favorise les gens du sérail, qui se connaissent tous entre eux. On ne s’y attendait pas, on ne connaissait pas les codes, d’ailleurs on ne les connaît toujours pas, on improvise! (Rires.) Mais, peu importe le domaine, si j’ai un conseil à donner, c’est d’arrêter de réfléchir. Émilie et moi, on a toutes les deux un biais intello et idéaliste qui fait qu’on pense souvent davantage à la portée de notre projet qu’à la collection en elle-même. Mais on peut réfléchir tant qu’on veut, au bout d’un moment, il faut produire une collection. Et à ce moment là, il faut juste être terre à terre, avoir de l’ambition et se lancer.
Tu te vois où dans trois ans?
Dans un grand bureau lumineux avec Émilie et un chat, c’est d’ailleurs dans notre pacte d’associées! Plus sérieusement, que nous ayons 3 ou 30 employés, que ça soit à Paris ou à New York, je sais que la volonté d’apporter un changement dans la représentation des femmes, de construire une mode plus inclusive et de parler de genre sera toujours le moteur de mon travail.
Propos recueillis par Clémentine Spiler
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