Samedi 21 janvier, au lendemain de l’investiture de Donald Trump, c’est environ 200 000 personnes qui ont déclaré vouloir participer à la Women’s March on Washington. Grâce à son programme de 4 pages, le mouvement s’inscrit dans la nouvelle vague intersectionnelle du féminisme.
Demain, d’après Facebook, c’est plus de 200 000 personnes qui vont participer à la Women’s March on Washington. Ce qui était destiné au départ à être une simple marche de femmes contre l’investiture de Donald Trump est devenu en quatre mois un mouvement féministe intersectionnel, et non partisan -les organisatrices refusent de mentionner Trump car “il est trop narcissique, il veut que tout tourne autour de lui”, a expliqué Linda Sarsour dans un interview dans l’édition américaine du magazine Vogue. Des célébrités ainsi qu’une multitude d’organisations ont également déclaré qu’elles prendraient part à la marche.
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Un mouvement mené par des activistes féministes
Bob Bland et Vanessa Wruble, qui font partie des premières organisatrices de la marche, ont rapidement compris qu’elles devaient s’entourer d’activistes de différentes communautés pour faire de la marche un mouvement représentatif des femmes américaines. C’est ainsi que Tamika Mallory, Afro-américaine, Linda Sarsour, d’origine palestinienne, et Carmen Perez ont rejoint la comité national de la marche. Si elles ont connu quelques débuts difficiles en logistique, elles ont réussi aujourd’hui à donner une véritable structure globale à la marche, ainsi qu’un programme précis.
La structure fluide et horizontale du mouvement est basée sur le volontariat, l’échange et les débats sur les réseaux sociaux. Chacune des organisatrices amène sa propre vision à la marche, et elles ont ainsi ouvert le champ à “des conversations vraies et courageuses” explique Vanessa Wruble, même si parfois “vraiment inconfortables”. Les échanges ont en effet parfois été houleux sur Facebook par exemple, où un post sur la nécessité d’écouter la voix des femmes noires a créé des réactions négatives:
Une phrase a fait réagir certaines femmes: “You don’t get to join because now you’re scared too” (Ndlr: “Vous (femmes blanches) ne pouvez pas nous (femmes noires) rejoindre maintenant juste parce que vous avez peur”). Cette dénonciation des inégalités raciales a été très mal reçue par certaines, et a même amené quelques femmes blanches à renoncer à se rendre à la marche.
Pour Tamika Mallory, ce n’est pas une surprise: “C’est le genre de discussion que les gens essayent d’éviter en général. Ils ne veulent pas parler de race, de privilège blanc. Notre position est que toutes les femmes comptent. Mais les femmes noires souffrent particulièrement. Et c’est pour cela que la voix des femmes noires sera entendue. Et pas seulement entendue, elle mènera la charge”, a-t-elle déclaré au Vogue américain.
Ouvrir le débat sur le féminisme intersectionnel
Le programme porte ce message intersectionnel. Il se positionne sur des valeurs telles que le combat contre le racisme, l’écologie, les droits LGBT, ou encore l’immigration, en plus de défendre les droit des femmes. Mais pourquoi l’intersectionnalité est-elle si centrale au mouvement? Ce dernier souhaite mettre en avant les problèmes de discriminations auxquels le féminisme aux Etats-Unis est confronté. Cette position nous ramène évidemment à la division raciale qui s’est cristallisée durant les élections de novembre dernier: 94% des femmes noires et 68% des femmes d’origine latino américaine ont voté pour Hillary Clinton, quand 53% des femmes blanches ont voté pour Donald Trump.
La Women’s March on Washington souhaite donc confronter ce problème directement. Elle offre une véritable plateforme globale au féminisme intersectionnel, qui avait déjà tant fait parler de lui durant la campagne présidentielle.
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