La Fédé est une entité auto-proclamée haute autorité de la mode et du bon goût qui dispense ses conseils pleins de bonne volonté en toute mauvaise foi. Elle s’invite désormais sur Cheek Magazine pour prêcher la bonne parole vestimentaire.
Dieu que cette mode a la vie dure. Jeux de mots, citation de philosophes grecs ou de rock star anglaises, insultes ou injonctions, le t-shirt à message n’a de commun dans sa diversité qu’un élément: il est profondément navrant et donne systématiquement envie de regarder la personne qui le porte avec un air consterné, mêlé de réprobation, avant de lui mettre un bon coup de taser dans l’abdomen.
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Pourquoi NON
1) Le t-shirt “philosophie du quotidien”, plus communément appelé “statut Facebook” dans le jargon de la Fédé
Appartiennent à cette catégorie les t-shirts “Ni dieu ni maître”, “Silence is the best answer”, “Peu importe que le vent souffle, la montagne jamais ne ploie devant lui” (+1 si tu vous avez saisi cette référence) ou encore “Choose life!”. Bref, tout ce qui a vaguement l’air d’avoir été prononcé par un vieux Tibétain regardant l’horizon ou par un jeune Argentin aux cheveux longs regardant son cigare.
Le statut Facebook inspiré est déjà un mal suffisamment répandu pour ne pas ajouter l’insulte à l’injure en venant le coller sur un t-shirt qui vous suivra dans toutes vos actions quotidiennes IRL.
En fait, ces messages sortent tout droit d’un obscur forum de développement personnel ou d’une carte de vœux Hallmark. Soyons sérieux une minute, le statut Facebook inspiré est déjà un mal suffisamment répandu pour ne pas ajouter l’insulte à l’injure en venant le coller sur un t-shirt qui vous suivra dans toutes vos actions quotidiennes IRL. Pour exemple, le t-shirt “You don’t get to independence and freedom without making a few enemies” paraît peut-être justifié quand… Non, en fait, il ne l’est jamais mais convenez qu’il atteint des sommets de ridicule dans la queue des toilettes d’un bar ou à la caisse du Franprix.
2) Le t-shirt “femme enceinte”
Femmes enceintes, si jamais l’un de vos proches vous offre ce type de présent, une seule solution: levez lentement le regard vers la personne concernée tout en tenant le t-shirt du bout des doigts. Sans lâcher le responsable du regard, saisissez-vous d’un verre rempli de l’alcool que vous n’avez plus le droit de boire, renversez-en sur le t-shirt, empruntez un briquet et mettez lentement le feu au tissu en fixant l’impudent d’un regard fou. Ça devrait lui ôter l’envie de recommencer.
Donner la vie ne vous donne pas le droit d’assassiner le bon goût.
En effet, qu’ils oscillent entre mauvais jeux de mots -les fameux “Bébé à bord” ou “Propriété privée, réservé à bébé”-, guimauve débilitante -“toi+moi = mini nous”- ou bien mauvais goût assumé -le fameux “c’est pour août!” agrémenté d’une flèche pour ceux qui estiment nécessaire d’attirer l’attention du monde entier sur le lieu d’extraction de l’enfant au cas où un doute subsisterait-, tous donnent furieusement envie de se trancher les veines avec une lame émoussée. S’il s’agit d’une tentative désespérée d’avoir une place assise dans les transports en commun un simple “Pardon, pourriez-vous me laisser votre place?” suffirait. Donner la vie ne vous donne pas le droit d’assassiner le bon goût.
3) Le t-shirt “humoristique”
Nous atteignons là l’un des pires écueils du t-shirt à message. Le t-shirt blague est un crachat à la face de l’humour. Équivalent textuel de l’injonction verbale “Hé, j’ai une blague!” ou du rire gras qui succède à un jeu de mots minable, il traîne dans la boue le fondement même du dispositif comique. Même les “bonnes” blagues n’y survivent pas: “Read books not t-shirts”, “Va niquer ta mère, signé: Œdipe” provoqueront peut-être l’esquisse d’un sourire gêné. Les désastreux “Désolé pour hier soir (et pour ce soir et pour demain soir)” ou encore “Vodka, connecting people” ne laisseront sur leur passage que tristesse et désolation, ainsi qu’une progressive, mais ferme, perte de foi en l’humanité.
Votre potentiel de ridicule est directement proportionnel à l’image que vous vous faites de votre propre coolitude.
4) Sous-catégorie du t-shirt humoristique, le t-shirt “ second degré”
Vous savez, la petite phrase rétro qui fait croire aux gens qui se veulent pointus que “ça va, c’est pas pareil”. Si La Fédé reconnaît que ce dernier-né des imprimés à message a davantage tendance à polluer les sweat-shirts que les t-shirts, elle insiste sur le fait qu’en dehors de ce détail purement accessoire, c’est exactement similaire. En fait, c’est même pire, parce que la démarche est totalement assumée et relève d’une volonté de coolitude, circonstance aggravante s’il en est. La Fédé se permet ici de rappeler la fameuse équation de “Fédéringer” (c’est-à-dire l’équation de Schrödinger revue et corrigée par La Fédé), qui démontre avec brio que votre potentiel de ridicule est directement proportionnel à l’image que vous vous faites de votre propre coolitude.
Pourquoi OUI
Franchement. Non.
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