Le petit monde des politiques les connaît bien, le grand public pas encore. Cheek part à la rencontre des femmes politiques de la nouvelle génération, qui seront peut-être les ministres de demain.
À 35 ans, Virginie Duby-Muller fait partie des benjamines de l’Assemblée nationale où elle a été élue députée de Haute-Savoie (UMP) lors des dernières législatives de 2012. Propulsée par l’ancien élu à ce siège, Claude Birraux, c’est en partie grâce à son soutien indéfectible qu’elle a pu briguer sa succession et remporter le scrutin alors qu’elle se présentait pour la première fois. Son mentor était d’ailleurs son suppléant sur la liste. Le Palais Bourbon, Virginie Duby-Muller le connaissait bien, puisqu’elle y a travaillé comme assistante parlementaire au service de Jean-Marc Chavanne, lui aussi élu de Haute-Savoie. C’était en 2002, et la jeune femme achevait alors ses études de sciences politiques à Grenoble.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“La politique, c’est fascinant.”
À l’époque, elle se voyait davantage “commissaire de police ou magistrate” mais cette opportunité de travail lui a fait prendre le chemin de la politique. Très ancrée dans sa région, cette native de Scionzier vit depuis toujours entre Paris et la Haute-Savoie, où elle est d’ailleurs domiciliée. “Heureusement que mon mari n’attend pas que je sois à la maison à 18 heures et que je lui fasse des petits plats, car ce n’est pas vraiment possible”, plaisante-t-elle à propos de celui qui l’encourage au quotidien dans son engagement. “La politique, c’est fascinant”, confie celle qui ne se verrait plus faire autre chose à présent. Elle a joué le jeu de l’interview “Future ministre”.
De quel président serais-tu ministre?
J’ai beaucoup aimé la présidence de Nicolas Sarkozy, alors s’il revenait, j’aimerais travailler pour lui. C’est quelqu’un qui s’intéresse aux gens, qui a une vraie proximité avec eux, et qui est un exemple de fidélité envers les parlementaires. Vu la situation de l’UMP, il nous faut un leader charismatique et j’aimerais le voir revenir. Mais il y a aussi des talents au sein de la jeune génération, comme François Baroin, dont je serais aussi volontiers ministre s’il était président.
Quel ministère aimerais-tu occuper?
Même si ce n’est jamais vous qui choisissez, les ministères de la culture ou des sports m’intéresseraient particulièrement. À l’Assemblée nationale, je suis membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, et j’apprécie de travailler sur les questions de médias et de presse.
“C’est un honneur d’être nommée ministre et de représenter son pays, donc quel que soit le sujet, j’apprendrai.”
Quel est celui que tu n’occuperais jamais?
Aucun. C’est un honneur d’être nommée ministre et de représenter son pays, donc quel que soit le sujet, j’apprendrai. En tant qu’élue, j’ai l’habitude de m’adapter et d’apprivoiser les dossiers techniques, dans tous les domaines.
Pour quel ministre as-tu déjà travaillé?
Je n’ai jamais travaillé pour un ministre, seulement pour des députés! Il faut dire qu’en 2007, au moment de l’élection de Nicolas Sarkozy, j’étais retournée vivre en Haute-Savoie, ce qui était incompatible avec la vie parisienne de cabinet ministériel.
“Il y a un côté frustrant à être dans l’opposition car même en essayant d’être constructifs, on a peu de possibilités d’action.”
Si tu ne deviens jamais ministre, quel autre mandat aimerais-tu exercer?
Je m’épanouis complètement dans le mandat de parlementaire, mais je ne serais pas contre passer un jour dans la majorité (Rires). Il y a un côté frustrant à être dans l’opposition car même en essayant d’être constructifs, on a peu de possibilités d’action. Sur tous les amendements qu’on dépose, il y en a très peu qui passent.
Préconises-tu un âge minimum et un âge maximum pour être ministre?
Pour le minimum, je dirais la majorité. Pour le maximum, je n’ai pas de limite d’âge précise, mais je suis contre le cumul des mandats dans le temps. Si l’on veut faire émerger une jeune génération en politique, il faut limiter le nombre de mandats à trois maximum. Claude Birraux aurait pu se représenter et il a décidé de ne pas le faire, ce que je trouve très noble de sa part. À 65 ans, il a estimé qu’il était temps de passer le relai à un élu plus jeune et à une femme.
“On dit que les femmes sont en retrait, mais une fois qu’elles sont en poste, elles apprennent et se représentent.”
Pour ou contre la parité en politique?
J’ai évolué sur le sujet. D’un point de vue philosophique, je suis contre: je trouve que ça a un côté humiliant d’être mise en avant juste parce qu’on est une femme. Mais d’un point de vue empirique, je vois bien que s’il n’y avait pas eu de loi, les choses n’auraient pas beaucoup bougé. À l’Assemblée, il n’y a pas assez de femmes, particulièrement entre 25 et 45 ans, parce que cela demande une organisation particulière dans la vie personnelle. C’est dommage. On dit que les femmes sont en retrait, mais une fois qu’elles sont en poste, elles apprennent et se représentent. Voilà ce qu’a permis la parité.
Si tu étais ministre, continuerais-tu de tweeter toi-même?
Oui. Le moindre tweet peut prendre des proportions démesurées, alors je veux garder la parfaite maîtrise de l’outil. En matière de communication, je fais tout moi-même, aussi bien sur Facebook, Twitter que sur mon site, que je mets à jour régulièrement. J’aime le côté interactif de ces outils, qui permettent de réagir sur l’actu et sont au service de la démocratie.
Et posterais-tu des selfies en conseil des ministres?
Je crois que je n’ai jamais fait de selfie, et je n’en ferais pas davantage en étant ministre. C’est important de garder de la hauteur quand on occupe cette fonction. Je crois que c’est ce que les gens attendent de leurs élus, et cela n’empêche pas de rester accessible. D’ailleurs, j’observe qu’être une femme de 35 ans crée une réelle proximité et suscite beaucoup d’adhésion. On me dit souvent que ça fait plaisir de voir une femme jeune à ce poste, traditionnellement occupé par des hommes plus âgés.
Propos recueillis par Myriam Levain
{"type":"Banniere-Basse"}