On est allées voir L’Âge Libre, une pièce de théâtre sur les désirs féminins, jouée par les comédiennes de la compagnie Avant l’Aube et mis en scène par Maya Ernest au théâtre de la Reine Blanche à Paris. 3 bonnes raisons d’aller les voir avant le 10 juin.
Sur la scène du Théâtre de la Reine Blanche dans le 18ème arrondissement de Paris, les quatre comédiennes Lucie Leclerc, Lillah Vial, Agathe Charnet et Inès Coville, de la compagnie de théâtre Avant l’Aube, libèrent la parole féminine sur des sujets aussi tabous que la sexualité féminine, aussi douloureux que ceux de la rupture, aussi incompréhensibles que l’amour. Un ring pour décor, elles témoignent dans L’Âge libre de leurs différentes histoires de jeunes femmes en 2017, avec sincérité, sans chercher à se justifier. Elles ne courent pas non plus après la compassion, ni la pitié. “Nous n’avions à raconter que nos histoires, aussi ridicules que grandioses, nos déceptions extraordinaires comme nos envies platement banales”, explique la metteuse en scène Maya Ernest. Ces quatre femmes communiquent avec force les anecdotes d’une génération qu’elles incarnent à travers leurs propres vécus. Au centre de leur spectacle, cette citation de Roland Barthes dans Fragments d’un discours amoureux: “N’est-ce donc rien pour vous que d’être la fête de quelqu’un?” Voici trois bonnes raisons d’aller les voir sur scène le plus vite possible.
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Parce qu’il ne faut jamais sous-estimer la puissance de quatre femmes sur un ring
Elles parlent des désirs féminins, de sexe, racontent les rencontres, la rupture, la bonne réaction à avoir face à celui qui ne donne plus de nouvelles et se pointe à nouveau comme une fleur. Parler? Garder tout pour soi et faire comme si de rien n’était? S’énerver et lui montrer sa colère? Ou se laisser aller à l’hystérie? Les filles d’Avant l’Aube tentent toutes les solutions possibles. Et finalement, en existe-t-il vraiment une? Elles assument haut et fort leurs désirs sexuels sans réserves ni restrictions, lorsqu’elles veulent parler crûment, elles le font. Elle assument également leurs faiblesses, leurs larmes face à la rupture, leurs pensées folles d’aller jusqu’à se tailler les veines juste pour voir les regrets dans le visage de celui qui a fui, juste pour qu’il se rende compte du mal qu’il a fait.
Comme pour combattre à coups de poings les préjugés, c’est sur un ring qu’elles s’expriment.
En réalité, elle retranscrivent juste “L’Âge libre”, cet âge où l’on se fout des codes, de tout et où l’on accepte chaque nouvelle tentation comme une fête. Et puis elles se questionnent aussi: “Qu’est-ce que ça veut dire: être une pute?”, cette insulte jetée aux femmes qui ont des rapports sexuels libérés, est-ce légitime? Sont-elles coupables de céder à leurs désirs? Comme pour combattre à coups de poings les préjugés, c’est sur un ring, entourées de luminaires rouges façon néons de discothèque, que ces vingtenaires s’expriment et se livrent. Une génération qui vit sans se soucier des qu’en dira-t-on, cette jeunesse qui “baise”, fait l’amour, drague, pleure, souffre mais qui finalement vit!
Parce que c’est vraiment drôle
Ces quatre femmes sont complètement déjantées, folles de bonne humeur, désinhibées de tout, et les éclats de rires ne se font d’ailleurs pas attendre dans la salle après les premières minutes de surprise face à l’énergie débordante émanant des comédiennes. La mise en scène et la théâtralité des gestes, des voix viennent appuyer les histoires qu’elles racontent, comme celles qu’on se raconte entre copines.
Les filles d’Avant l’Aube impliquent également le public. L’interaction avec l’assistance masculine fonctionne: l’une d’elle choisit un spectateur et lui dit toute les vérités qu’elle aurait voulu dire à son ex. Elles n’hésitent pas à en inviter un autre sur le ring pour le draguer. Leur approche, osée et inattendue, se traduit à tous les coups par une réaction gênée et surprise de l’intéressé. Ce qui ne manque pas d’amuser la salle, et, finalement, l’heureux élu y compris. Comme si faire tomber les tabous pouvait tout de suite détendre l’atmosphère: le rire l’emporte alors sur la retenue.
© Cie Avant l’Aube
Parce que c’est musical et festif
L’Âge libre est en réalité une grande fête, et qui dit fête, dit musique. Une violoncelliste accompagne la pièce de théâtre tout au long du spectacle: Nina Simone, Jean-Sébastien Bach et impros, les morceaux proposés sont éclectiques. “Le violoncelle, par ses formes courbées et la vibration de ses cordes, nous semblait tout particulièrement symbolique dans notre recherche”, explique la troupe d’Avant l’Aube dans son communiqué de presse.
Le violoncelle complète également les voix des comédiennes en chansons. Les titres qu’elles interprètent tout au long du spectacle ne sont d’ailleurs pas choisis au hasard: on découvre notamment leur interprétation du Can’t Take My Eyes Off You de Gloria Gaynor. On retrouve aussi la douce mélodie du titre Pleasure de Camille avec des paroles sans langue de bois ancrées dans la problématique du désir féminin: “Je suis si peu électricienne, un fruit juteux et je jouis à l’ancienne.” Sans oublier l’intemporel Besame Mucho et d’autres. Des musiques qui rythment une heure de spectacle dont on ressort souriant.e et joyeux.se comme après une belle soirée entre ami.es.
Samia Kidari
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