The Lunchbox, premier long métrage de Ritesh Batra, a émoustillé la Semaine de la critique cannoise. Eloignée des codes bollywoodiens, cette comédie peint le portrait de la classe moyenne indienne à Bombay, à travers Ila, jeune mère au foyer, et Saajan, veuf bientôt retraité. Trois choses qu’on a envie de faire en quittant la salle.
1- Sourire bêtement
Tout part d’une erreur de livraison, donc d’un coup du hasard: chaque jour dans Bombay, plus de 5000 lunchbox -des boîtes qui contiennent le déjeuner- sont fournies par les Dabbawallahs, ces porteurs illettrés qui utilisent un système de codes couleur et de symboles afin que le bon plat arrive sur le bon bureau. Ce vertigineux codage a même été étudié à Harvard, où les chercheurs ont conclu que seule une lunchbox sur 1 million n’était pas livrée à la bonne adresse. Le récit de cette exception rapproche ici deux personnes qui n’auraient jamais pu se rencontrer. Dans la tristesse de leur vie quotidienne, Ila et Saajan réapprennent à parler, à poser des mots sur leurs maux, à prendre de la distance. Puis à changer leur perception du monde, jusqu’à accepter leur destin ou le prendre en main. Alors, si la solitude des temps modernes décrite ici rend d’abord triste, en l’observant à travers l’œil de Ritesh Batra, on l’apprivoise et finalement, on en sourit.
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2- Manger indien
A force de voir mijoter avec amour de jolis petits plats indiens de toutes les couleurs, les parfums de curry, d’épices et de riz basmati nous titillent les narines. Ila, qui prépare tous les midis les lunchbox de son mari, pense naïvement qu’en offrant satisfaction à l’estomac de son homme, elle re-séduira son cœur. Double erreur: de portage et de méthode. Mais comme elle séduit un autre estomac avec lequel elle commence une belle et sincère conversation épistolaire, elle prend encore plus de plaisir à cuisiner. Ou à tout épicer quand elle est vexée. Quoiqu’il en soit, on ressort de ce film alléchant prêt à courir dans le premier resto indien du coin.
3- Prendre son temps
Dans la fourmilière qu’est Bombay, on court d’un point à un autre sans calculer son voisin -qui vous colle dans les transports en commun-, ni le ciel -parce que trop de gens marchent autour-, ni grand-chose en fait. Ila et Saajan, pourtant, finissent par s’ouvrir au monde qui les entoure et par s’accorder un moment de réflexion sur leur avenir: sera-t-il à deux? Sera-t-il meilleur? Sera-t-il ailleurs? De leur correspondance naissent des envies nouvelles. Dans un monde où des millions d’emails et de sms transitent instantanément chaque jour, prendre le temps d’écrire et de parler à un inconnu avec honnêteté, de s’intéresser à son entourage, semble tout à coup très important.
Laura Soret
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