On a lu ça pour vous et on vous le conseille.
“Un 26 décembre à 20 heures, dans des bureaux déserts, mon directeur de cabinet m’a demandé de venir récupérer des dossiers dans sa voiture. Je ne lui avais jamais parlé directement avant ce jour-là. Il m’a ordonné de monter, il a démarré et m’a emmenée dans sa maison de campagne à deux heures de Paris. Il a refusé de me ramener malgré mes demandes insistantes. J’étais une gamine, je travaillais en cabinet depuis trois mois. J’étais estomaquée et paniquée. Lorsque j’ai fini par m’endormir sur le canapé de cette maison inconnue, il m’a portée endormie sur son lit. Aussi simple que cela.
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Je n’ai pas protesté. Je ne me suis pas débattue. Je n’ai pas crié. Je l’ai laissé faire. Inconsciemment, j’ai pensé que cela annulerait peut-être la violence de ce qu’il était en train de faire et que le souvenir serait moins insupportable. (…)
En France, on parle de séduction poussée comme d’un patrimoine culturel, une sorte de marivaudage viril hérité du temps des salons. Pour pouvoir parler d’agression, la France met la barre très haut. Nous, Françaises, sommes conditionnées à minimiser ces actes et à ne pas les appeler par leurs noms. Tout dépend de la façon de poser la question. Ne demandez pas à un groupe de femmes combien ont été violées, peu se désigneront. Demandez plutôt à votre sœur, fiancée, ou votre fille, si elle a déjà dû subir de la part d’un homme un contact physique qui l’a mise mal à l’aise ou si elle s’est sentie forcée de faire quelque chose qu’elle ne voulait pas. Les mains se lèveront.”
Ce témoignage glaçant d’une ancienne collaboratrice de cabinet ministériel est une réponse à toutes celles et ceux qui trouvent que les médias en font trop dans l’affaire Denis Baupin. L’auteure de ce texte dénonce une culture française du silence qui pousse les femmes à taire les violences sexuelles dont elles sont victimes, cinq ans après l’affaire DSK.
À lire de toute urgence sur le site de Slate.
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