Le groupuscule anti-IVG a détourné l’url www.simoneveil.com pour y faire la promotion de ses idées.
Ne vous y trompez pas, l’URL que vous voyez inscrite au bas de cette image n’a rien d’officiel: elle est l’oeuvre des Survivants, un mouvement de jeunes anti-avortement, qui ont décidé d’utiliser la cérémonie d’hommage à Simone Veil pour faire leur auto-promotion.
Le groupe anti-IVG, connu notamment pour ses affichages sauvages dans le métro, a cette fois-ci décidé d’utiliser l’URL www.simoneveil.com -dont nous ne communiquons pas le lien ici pour éviter d’en faire la publicité- pour y rediriger vers un webdocumentaire de son cru, intitulé Forever. L’équipe promet d’y apporter “la vérité sur Simone Veil”, “trahie dans ses intentions […] parce que la légalisation de l’avortement n’a pas amélioré la santé des femmes, bien au contraire”. Un coup bien préparé, puisque le nom a été déposé auprès de l’hébergeur OVH le 7 septembre 2016. À l’intérieur, des propos de Simone Veil récupérés sans vergogne, et de jolies datavisualisations construites à partir de chiffres sensés appuyer le propos.
Découvrez notre web-documentaire sur Simone Veil
By the way, le visuel, c’était nous ;-) #simoneveil #invalides https://t.co/WxVCx86Hjo https://t.co/P6PjxWRNGb— Les Survivants (@lessurviivants) July 5, 2017
Sauf que ces données sont choisies avec soin. Ça commence avec une citation d’un rapport de l’Ined sur l’évolution du nombre d’IVG, avant de passer aux chiffres sourcés -quand ils le sont- à partir de textes bien plus douteux. Parmi eux, une enquête, Ireland’s Gain, signée Patrick Caroll et éditée par le “Pension and Poluation Research Institute”. Celui-ci n’a d’institut que le nom puisqu’il s’agit d’une association caritative présidée par ce même M. Caroll.
La première version PDF de l’étude se retrouve d’ailleurs sur le site de Youth Defence, organisation irlandaise anti-avortement et liée à des personnalités d’extrême droite. Il y a aussi les données issues d’une autre étude qui, non seulement date de 1992, mais n’a été effectuée que sur un panel de 92 femmes. Un faible nombre qui laisse songeur sur le caractère exemplaire de ses résultats.
On trouve encore des chiffres invérifiables, à l’instar de celui-ci “L’avortement accroît de 125% le risque, pour les grossesses ultérieures, de naissance prématurées et d’accouchement d’un bébé de moins de 1kilo”. Source: Planet Parenthood.
On apprécierait presque le jeu de mot sur Planned Parenthood (Ndlr: le Planning Familial en anglais), mais on cherche encore le moindre organisme répondant à ce nom. Plus loin, les Survivants expliquent que la récente loi de délit d’entrave à l’IVG va à l’encontre de la volonté initiale de Simone Veil. En creux, le lecteur est supposé comprendre que ce groupe anti-avortement vient rétablir la vérité à propos de l’IVG. Ce serait évidemment oublier que, si la désinformation sur l’avortement a été pénalisée en début d’année, c’est précisément parce que des groupes comme celui-ci utilisent des sites prétendument objectifs pour diffuser leur idées contre l’avortement. Une méthode qu’ils viennent d’employer à nouveau -on leur doit déjà le site Afterbaiz sur “l’éducation sexuelle” -, utilisant le nom de Simone Veil pour diffuser des données valides sur la situation de l’avortement en France.
Actualisation 07/07/2017: à la demande de la famille et pour protéger le nom et l’image de Simone Veil, l’hébergeur OVH a suspendu le site www.simoneveil.com.
Mathilde Saliou