On a rencontré Béatrice Billard, la fondatrice de Coogee, une plateforme d’achat et de vente en ligne de photos amateurs. Si vous avez un sens inné du cadrage, foncez!
“Pas la peine de prendre des photos puisque tu t’en charges”. C’est ce qu’entendait Béatrice Billard, fondatrice de Coogee, à chacun des voyages qu’elle effectuait avec des amis. Ces derniers, conquis par les talents de photographe de leur copine, réservaient à ses clichés une place de choix sur leurs murs à chaque retour de vacances. C’est comme ça que Béatrice Billard s’est un jour dit: “Pourquoi pas vendre des photos en tant qu’objet de déco, puisque quelqu’un a aimé ma photo et l’a mise chez lui?”.
La recette de Coogee, c’est le gagnant-gagnant: les photographes amateurs peuvent vendre leurs photos en ligne sur le site et obtenir plus de visibilité, tandis que les acheteurs peuvent s’offrir une photo originale à moindre coût. L’idée a mûri en Australie alors que Béatrice Billard venait de plaquer boulot et appartement parisien pour s’offrir le tour du monde de ses rêves. Avec son appareil photo, elle a sillonné plusieurs villes et découvert à Sydney, sur la plage de Coogee, une galerie photo dédiée au surf et à la mer. L’idée d’ouvrir une vraie galerie dans un local l’a effleurée, mais n’étant pas du tout issue du milieu, elle a préféré miser sur un site Web pour commencer. Après huit années passées dans l’audiovisuel et un attrait incontestable pour l’image, l’heure était au nouveau défi. Après avoir scruté la toile et découvert que le concept n’existait pas encore, la Montpelliéraine de 35 ans a lancé Coogee en 2015.
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C’est quoi Coogee?
Un moyen pour tout le monde de vendre ses photos en édition limitée sur un site de e-commerce. Pour les potentiels acheteurs, c’est l’occasion de se procurer en ligne des clichés originaux qui ne seront pas déjà dans l’appartement de leurs voisins. Il faut partir du principe que chaque jolie photo peut avoir sa place chez quelqu’un. Lorsque nous recevons les photos, elles sont soumises au vote d’un panel de personnes de notre communauté. Si le cliché leur plaît, c’est qu’il peut potentiellement être vendu. La photo amateur est réellement mise en valeur, beaucoup plus que sur les réseaux sociaux.
Le jour où tu t’es lancée?
Comme pour toutes les premières fois, j’ai eu besoin d’être rassurée et entourée. Ça marche plutôt bien pour le moment: 180 photographes sont présents sur le site et il y a des dizaines de milliers de visiteurs uniques par mois. Depuis les débuts du site je n’ai reçu aucun commentaire négatif. Tout le monde m’a dit que c’était une excellente idée car, aujourd’hui, la photo fait partie du quotidien des gens et chacun peut réaliser des photos de qualité avec son smartphone.
Le conseil que tu donnerais à quelqu’un qui veut monter sa boîte?
Il faut une petite dose d’inconscience pour se lancer dans la création d’entreprise lorsqu’on est au chômage. Je conseille de se rendre au salon des micro entreprises (SME) et de participer aux conférences très enrichissantes qui y sont proposées. Sur place, les professionnels appuient sur le fait qu’il faut se faire accompagner et surtout parler de son concept, ne pas avoir peur de se faire voler l’idée car les gens autours de nous sont notre cible. Il faut accepter de sortir de sa zone de confort et aller se renseigner sur les formations proposées, comme celles du pôle emploi ou de l’AFPA. Et surtout, il faut se lancer le plus vite possible vers ces nouveaux concepts car, quoiqu’il arrive, cela permet de vivre une nouvelle expérience positive.
Tu te vois où dans trois ans?
J’espère que Coogee existera toujours. Au départ, je souhaitais ouvrir une boutique, je ne pense pas que ce soit réalisable dans trois ans mais je suis de nature optimiste, sait-on jamais. Je suis convaincue que le concept fonctionnerait encore mieux si le public avait accès directement aux photos dans une galerie. Je craignais un peu de me lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat en tant que femme car il n’y en a pas énormément dans le milieu. J’aimerais bien faire partie de celles qui réussissent car en général, lorsqu’elles sont lancées, ce sont les femmes qui cartonnent le plus.
Propos recueillis par Clémence Drouet