Les enseignes de fitness ont bien compris que les femmes représentaient une clientèle de premier choix. Elles ont donc mis en place quelques stratégies pour les attirer.
Le fitness a les faveurs des femmes, qui représentent deux tiers des pratiquant·e·s régulier·e·s de la discipline, selon une étude Ipsos pour l’Union Sport & Cycles parue fin 2017. Pour les attirer dans leurs salles, souvent symboles de frime et de performance, les enseignes mettent le paquet. On vous explique comment.
En promettant plus d’intimité
“J’évite de rester au-delà de 20 heures car après il n’y a quasiment que des mecs”, raconte Tatiana, trentenaire habituée d’une salle à Bagnolet. Regards gênants, comportements dragueurs… Les salles mixtes peuvent mettre mal à l’aise certaines femmes en quête d’intimité. Alors, des enseignes ont créé des espaces qui leur sont dédiés. La plupart des clubs du réseau Keep Cool disposent ainsi d’un “Lady Corner”. Idem du côté de Fitness Park. Ces espaces 100% femmes permettent à celles qui le veulent de rester entre elles, mais rien ne les y oblige. Certaines salles, quant à elles, font le choix de n’accueillir que des femmes. Si des enseignes ont investi le créneau (Curves, Lady Moving…), on compte aussi beaucoup de salles indépendantes. Aux Ailes du canal, dans le 10ème arrondissement de Paris, les habituées forment une petite famille. Sur les murs de l’unique plateau d’entraînement, des adhérentes n’hésitent pas à témoigner sur leur perte de poids, photos à l’appui. “Beaucoup ne pratiquaient pas de sport auparavant. Elles n’osaient pas pousser les portes d’un club de sport à cause de leur timidité, parce qu’elles étaient complexées par leur âge ou leur poids. Ici, elles se sentent plus à l’aise, elles se lâchent plus facilement”, observe la cofondatrice de la salle, qui a ouvert ses portes il y a un an.
En proposant des entraînements genrés
Dans les salles pour femmes, le bien-être et l’entretien du corps passent avant la performance et la compétition. “Nous voulons être aux antipodes des grandes salles de sport impersonnelles en permettant aux femmes d’évoluer à leur propre rythme. Elles s’entraînent sur des machines à résistance hydraulique qui s’adaptent à leur morphologie et préservent leurs articulations”, insiste Cyril Bouaziz, gérant de Women’s Fit dans le 12ème arrondissement. Aux Ailes du canal, un badge remis après quelques séances enregistre les performances sur chaque machine afin de faire évoluer la difficulté. Dans ces deux salles, un coach est à disposition en permanence et un suivi personnalisé est proposé gratuitement, type calcul régulier du poids et du tour de taille, programme diététique… En attendant l’invention de la machine qui calcule si vous êtes bien dans votre tête, votre corps est sous contrôle. Mais les salles ne s’intéressent pas seulement à votre silhouette. Elles visent aussi les jeunes mères, notamment pour la rééducation du périnée. “Je craignais de faire de gestes dangereux pour moi et mon bébé, confie Chloé, Lilloise de 28 ans, autrefois habituée des salles mixtes. Alors je me suis inscrite dans une salle pour femmes pendant et après ma grossesse afin d’avoir un entraînement adapté.” S’adapter aux femmes, c’est aussi ce que promettent les salles mixtes. Les Lady Corner de Keep Cool, par exemple, disposent de “machines debout spécifiques, idéales pour retrouver un corps ferme et tonique sans se prendre la tête” –quoi que cela veuille dire. Mais il est difficile de trouver des altères et appareils de musculation avec poids. Si ces clubs répondent aux besoins de bien-être et d’entretien du corps, les femmes en quête de performance risquent de ne pas y trouver leur compte. Elles n’ont souvent pas d’autre choix que de travailler leur renforcement musculaire dans les espaces mixtes.
En comptant sur les “fitness girls”
Pour attirer de nouvelles clientes, les salles de sport mettent de plus en plus en avant les femmes dans leurs publicités. Sur les sites de présentation de Neoness et du Cercle de la forme, la parité est respectée. L’enseigne Fitness Park place quant à elle sept femmes parmi ses seize égéries, dont Ophélie, alias Tarto.Fit, une fitness girl très suivie sur Instagram. Ces femmes qui se prennent en photo ou se filment pendant qu’elles font du sport et partagent auprès de leur communauté leurs conseils diététiques et leurs programmes d’entraînement sont des ambassadrices idéales pour les salles. “Ces influenceuses rendent le sport plus accessible et désacralisent l’idéal du corps bodybuildé, indique Virgile Caillet, président de l’Union Sport & Cycle. Elles inscrivent leur pratique individuelle dans un environnement collectif et motivent ainsi les ‘intentionnistes’ à se mettre au sport, que ce soit à domicile, en plein air ou en salles.”
Jean-Marc de Jaeger