À 27 ans, l’Islandaise Salka Sól est déjà une star dans son pays. Cette chanteuse/DJ/auteure nous parle de sa ville natale Reykjavik.
Au pays des aurores boréales et des volcans aux noms imprononçables, l’Islandaise Salka Sól est partout: DJ pour la radio, coach sur la première saison de The Voice, auteure pour le National Theatre ou encore chanteuse au sein de plusieurs groupes de rap et de reggae ultra populaires sur la petite île.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Nous la rencontrons lors du festival Sónar Reykjavik, où elle participe à une table ronde sur la place des femmes dans l’industrie musicale. En effet, derrière son visage angélique, Salka Sól cache un fort caractère et un engagement féministe né dans la cour d’école, quand elle était victime de harcèlement moral, puis consolidé par un milieu professionnel très masculin. “Je rappe, je suis DJ, j’écris pour le National Theatre, je joue de la trompette… Je fais des trucs de mecs, mais j’en ai marre qu’on considère que ce ne sont que des trucs de mecs”, lâche-t-elle.
“En tant que groupe, nous, les femmes, sommes vraiment plus fortes.”
Salka Sól a choisi de faire de ses passions un métier il y a seulement trois ans: “Avant, je n’avais pas confiance en moi”. Puis tout s’est enchaîné. D’abord, elle forme avec des amies le groupe de rappeuses le plus en vogue du pays, Reykjavíkurdætur. “En tant que groupe nous sommes vraiment plus fortes, explique-t-elle. Les femmes devraient y penser davantage, pas seulement pour former des groupes de rap, mais de manière plus générale.” Elle rejoint ensuite le crew d’AmabAdamA, reggae enthousiaste et politique qui fait un véritable carton dans le pays.
Fière de ce début de parcours spectaculaire, Salka Sól n’en oublie pas moins ses années difficiles. “Quand on te dit tous les jours à l’école, de 9 à 15 ans, que tu es nulle, tu finis par le penser. Ça m’a pris des années pour me reconstruire. C’est important que les jeunes filles voient qu’on peut sortir de cette spirale et que ça ne prend pas nécessairement dix ans, comme ce fut le cas pour moi.”
“C’est quoi être facile? Les filles peuvent s’amuser autant que les mecs.”
Aujourd’hui, la jeune femme regarde vers l’avenir. “J’adore AmabAdamA, écrire pour d’autres au National Theater, faire partie d’un clan comme Reykjavíkurdætur, mais je sens que j’ai envie de faire quelque chose toute seule, confie-t-elle. Il y a cinq ans, j’étais un peu en crise, je me demandais ce que je voulais faire: être dans un groupe, être chanteuse, assumer ma forte personnalité et voyager autour du monde pour jouer ma musique. Je crois avoir coché toutes les cases sauf la dernière.”
Cette native de Reykjavik élevée par un papa acteur et une mère institutrice pour enfants malades nous parle de son pays et nous livre ses bonnes adresses dans l’interview Worldwide Cheek.
Le cliché qui t’énerve le plus sur les Islandais?
Certaines personnes pensent que les Islandaises sont faciles, et je me demande vraiment d’où vient cette idée. Déjà, sérieusement, comment peut-on juger toute une nation là-dessus? Et c’est quoi être facile? Les filles peuvent s’amuser autant que les mecs. Peut-être que ce sont les hommes qui sont faciles!
Une bonne raison de venir à Reykjavik?
Il y en a tant. Ça dépend si vous préférez l’art, la musique, ou le froid! Mais je dirais que la musique est une bonne raison de venir ici.
Le spot à touristes que tu préfères à Reykjavik?
Le Harpa (Ndlr: une immense salle de concert inaugurée en 2011) est vraiment génial: cet endroit a fait tellement de choses pour les artistes et pour toute l’industrie musicale.
© Sigga Ella
Au quotidien, tu te déplaces comment?
Je vis en centre-ville alors je marche; et en été, je prends mon vélo. La plupart des gens ont une voiture à Reykjavik, c’est plus pratique quand on ne vit pas dans le centre. Moi c’est ici que j’ai grandi et que j’aime être.
L’endroit où tu te précipites quand tu rentres de voyage?
J’aime rentrer chez moi, dans mon petit appartement du troisième étage et regarder la ville. Sinon, je suis une party girl, ça ne fait pas très sérieux dit comme ça? (Rires.) J’adore aller au Prikið, un bar plutôt hip hop. On y va souvent avec mon copain boire quelques verres, y retrouver des amis et ensuite on rentre à pied à la maison.
La spécialité islandaise que personne n’a réussi à imiter?
Je crois que nous avons le syndrome de la petite nation: nous voulons faire les choses bien. Nous faisons de la bonne musique, de la bonne cuisine, nous avons nos piscines… Nous sommes isolés sur une île, nous ne pouvons aller nulle part sans avion ni bateau, alors nous faisons attention aux autres.
Si tu devais quitter Reykjavik, tu irais où?
Je me sens parfois vraiment en manque de vitamine D, donc j’irais quelque part où il fait beau, comme le sud de la France ou l’Italie.
Mon carnet d’adresses
Mon boui-boui: Un petit café sur le port, Café Haïti. C’est une Haïtienne qui a construit cet endroit à partir de rien, son atmosphère et son café sont géniaux.
Mon bar chic: Je ne suis pas vraiment fan de ce genre d’endroits, mais j’aime bien Gamla bíó qui est une salle de projection de vieux films. En haut, au Petersen svítan il y a cet immense balcon d’où l’on peut admirer toute la ville. J’aime y aller avec des amis, boire un espresso martini ou un café glacé. Avec les aurores boréales, c’est vraiment magique. J’ai beau être habituée à ces phénomènes, l’autre jour, devant ce spectacle, je me suis dit qu’il fallait prendre le temps de les apprécier.
La visite que je recommanderais à tous mes amis: Déjeuner à l’Ostabúðin: ils font un poisson du jour, que je commande à chaque fois sans même demander ce que c’est. Le personnel y est super gentil et attentionné.
Propos recueillis par Julie Hamaïde, à Reykjavik
{"type":"Banniere-Basse"}