Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
Il y a trois choses que je voudrais avoir faites avant de mourir: avoir sauté en parachute, visité le Taj Mahal et baisé dans une voiture. Je peux cocher cette troisième case depuis le week-end dernier et mon escapade en pleine nature avec Jules.
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Il fallait s’y attendre, pour notre première virée en amoureux, Jules ne m’a pas emmenée dans un palace italien, mais camper dans le Jura. “C’est bien plus romantique, tu verras”, m’a-t-il assuré, sentant que je n’étais pas hyper emballée. Je n’ose toujours pas lui avouer que le bitume, les gens, mais surtout les transats et les boissons fraîches ne sont pas incompatibles avec ma notion de vacances à moi, c’est pourquoi j’ai feint l’enthousiasme au moment de monter dans la voiture de ses parents. Voiture qui, je l’ignorais encore, allait abriter nos ébats quelques heures plus tard.
Entre notre emplacement digne de Châtelet-Les Halles à 18 heures et le léger crachin qui n’a pas cessé depuis notre arrivée, je convainc facilement Jules, après notre dîner à l’auberge du coin, d’opter pour un stop crapuleux dans la voiture.
Quand nous arrivons à destination, il fait déjà nuit et nous nous dirigeons sans réfléchir vers le camping le plus proche de son sentier de rando préféré. Je ne sais pas pourquoi j’avais imaginé que nous planterions notre tente seuls dans un champ bucolique et non pas au milieu de dix-sept autres, juste derrière le coin mobile home du camping des Pêcheurs. Entre notre emplacement digne de Châtelet-Les Halles à 18 heures et le léger crachin qui n’a pas cessé depuis notre arrivée, je convainc facilement Jules, après notre dîner à l’auberge du coin, d’opter pour un stop crapuleux dans la voiture, n’étant pas pressée de m’allonger dans nos 3 mètres carrés.
La plupart des gens sont déjà couchés, nous avons vaguement l’illusion que nous sommes seuls au moment où nous commençons à nous ambiancer. Moi qui avais toujours pensé que pour baiser dans une bagnole, il fallait être au bord d’un lac ou autre spot charmant, je réalise qu’il y a beaucoup plus de chances, statistiquement, de faire ça, comme nous, au milieu d’un parking blindé. Les dix premières minutes, j’arrive presque à oublier ce détail logistique, l’option chauffage et la playlist de Nostalgie aidant.
Je réalise que la majorité des scénaristes n’ont jamais fait l’amour dans une 306, sinon ils n’en feraient pas un passage torride.
Je reviens subitement à la réalité au moment où, après m’avoir retiré mon t-shirt, Jules entreprend de m’enlever mon pantalon. J’ai beau me contorsionner, la mission est impossible tant que je reste sur le siège avant. Me croyant dans une pub automobile, j’essaye d’incliner nonchalamment mon fauteuil en manipulant tout ce qui ressemble à une poignée, mais rien n’y fait, je reste désespérément assise. “On passe à l’arrière, non?”, me souffle Jules, un brin agacé -et engoncé.
Bien décidée à rester optimiste pendant ce week-end champêtre qui s’annonce rempli d’obstacles, je lui réponds par un grand sourire, persuadée que la banquette arrière va nous apporter la solution. Si elle me permet en effet de régler mon problème de pantalon, elle s’avère néanmoins trop étroite pour que Jules soit réellement à l’aise, et devant sa position ridicule, j’ai bien plus envie de rire qu’autre chose. Je ne peux m’empêcher de penser à toutes ces scènes de films et de séries où les protagonistes couchent ensemble dans une voiture. Je réalise que la majorité des scénaristes n’ont jamais fait l’amour dans une 306, sinon ils n’en feraient pas un passage torride.
J’ai très peur que quelqu’un passe pile maintenant devant notre voiture et se retrouve nez à nez avec nos fesses.
Quoi qu’il en soit, nous sommes désormais trop avancés dans notre séance d’acrobaties nocturnes pour décider de stopper net. Je m’efforce de me concentrer pour accélérer la cadence et permettre aux genoux de Jules de se reposer un peu, mais j’ai très peur que quelqu’un passe pile maintenant devant notre voiture et se retrouve nez à nez avec nos fesses. Je me demande comment Kate Winslet et Leonardo DiCaprio ont fait à l’époque pour produire autant de buée et ne laisser entrevoir qu’une main, et je me promets d’écrire à James Cameron pour protester.
Lorsque, quelques minutes plus tard, Jules tente de s’allonger à côté de moi (en vrai, il s’allonge sur moi, étroitesse de la banquette oblige), j’ai envie de lui dire que c’était super. Mais je lui dis: “Je peux mourir tranquille, je l’ai fait dans une voiture. Et c’était pas du tout comme je l’avais imaginé”. Peut-être parce que, n’étant plus depuis longtemps une étudiante vivant chez mes parents, j’ai eu le temps de tester un certain nombre de lits, canapés, sofas, qui m’ont prouvé que la notion de confort n’était pas déconnectée d’un rapport sexuel réussi.
Il faut voir les choses en face: nous sommes trop vieux pour baiser dans une 306.
Jules se marre et me répond qu’il a peur de s’être bloqué le dos, chose qui arrive rarement aux ados n’ayant aucune autre option que la banquette arrière. Il faut voir les choses en face: nous sommes trop vieux pour baiser dans une 306. La bonne nouvelle, c’est qu’après cette halte sexy sur le parking, je n’ai qu’une envie: regagner notre tente, qui me semble soudain digne d’un cinq étoiles.
Romy Idol
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