Un vendredi par mois, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
Vous en avez rêvé, eh bien je l’ai fait. Je viens de me taper mon voisin de palier -enfin le palier du dessous. Je ne vais pas vous mentir, c’était une expérience fort sympathique, surtout que, comme tout le monde, j’ai souvent fantasmé sur ce grand brun, apprenti comédien la nuit, vendeur chez Zara le jour et surtout beau comme un camion. Seulement, je viens de comprendre pourquoi il est parfois plus sage que le fantasme du voisin reste un fantasme: maintenant que j’ai franchi la ligne rouge avec Diego (ah oui, un détail supplémentaire de beaugossitude, mon voisin est argentin), de nombreux gestes de ma vie de tous les jours ont perdu de leur légèreté. Coucher avec son voisin implique un avant et un après pour tout et peut sévèrement compliquer le quotidien.
Quand je passe devant sa porte
Avant: Tiens, il y a de la musique chez lui, il doit être en train de lire une biographie du Che, allongé sur son canapé bariolé, dans un salon décoré de photos de la pampa. Je marche le plus lentement possible, au cas où, subitement, il s’interromprait pour descendre acheter des clopes pile à ce moment-là. Une fois arrivée chez moi, je me réjouis d’avoir oublié de prendre mon courrier: un prétexte pour redescendre illico et avoir une chance supplémentaire de le croiser.
Après: Je finis par entrer chez lui un soir où, après une énième interminable conversation dans la cage d’escalier, il me propose de me prêter un livre en espagnol. Je ne sais pas pourquoi je lui ai sorti que j’avais très envie de pratiquer cette langue; la dernière personne avec qui je l’ai parlée était mon examinateur du bac, qui m’a clairement conseillé d’abandonner à tout jamais. Mais grâce à ce prétexte, je découvre 1) que Diego a le même canapé-lit Ikéa que moi, pas du tout bariolé 2) qu’il a zéro poster du Che au mur mais quinze t-shirts sales par terre. Depuis, je monte les escaliers quatre à quatre et me promets que si je dois remettre le couvert avec lui, on ira chez moi. Au moins, il y a du PQ dans les chiottes.
Quand je le croise dans le hall
Avant: Même quand je vais acheter mon pain, je suis fringuée comme si j’allais en soirée. Bah ouais, faudrait pas que Diego découvre que le dimanche, je ne quitte pas mon jogging trois bandes. Évidemment, je ne tombe jamais sur lui quand je vais en minijupe au lavomatic, mais je croise trois fois ma voisine de 80 ans qui doit me prendre pour une désespérée prête à tout pour choper entre deux machines. Quand, par miracle, je tombe sur lui en rentrant d’un dîner, je suis extatique de voir qu’il rentre seul, lui aussi, et qu’il n’a pas l’air pressé de me quitter, rapport aux dix minutes qu’on passe à discuter devant le local à poubelles.
Je me promets que la prochaine fois, ce sera moi qu’il plaquera contre son mur et je m’endors en rêvant de cette nuit muy caliente.
Après: C’était sympa cette nuit à écouter du tango nus sur son clic-clac, mais c’était beaucoup moins sympa quand il a mis son réveil à 6h du mat’ pour partir faire l’ouverture de son Zara un samedi. De retour chez moi (une minute plus tard, une raison en soi de coucher avec son voisin), je ne résiste pas à l’appel du jogging trois bandes. Pour la première fois depuis des mois, je descends même faire mes machines avec, sans passer par la case douche ni dressing. Après tout, j’ai chopé, plus besoin de bluffer. Pire, je suis soulagée de ne pas le croiser.
Quand je l’entends rentrer à 3h du mat’
Avant: Je viens de rentrer d’une fête bien arrosée, et en me matant dans la glace de l’entrée, je me trouve au sommet de mon modjo (= je suis bourrée et je finirais bien la nuit chez Diego). Manque de pot, malgré les 20 minutes que je mets à regagner mon appart en espérant qu’un miracle se produise, je ne croise personne, pas même mon voisin geek en pleine pause nocturne d’un jeu en réseau. Mais, à peine allongée sur mon lit, j’entends claquer la porte de Diego, ainsi que des bribes de voix féminine qui me font comprendre qu’il n’est pas seul. Ok, je suis complètement dépitée, mais je me promets que la prochaine fois, ce sera moi qu’il plaquera contre son mur et je m’endors en rêvant de cette nuit muy caliente.
Après: Je trippe où j’entends Diego mettre 20 minutes à monter les escaliers? Lui aussi serait-il adepte de cette technique éculée? En y repensant, ce n’était pas vraiment caliente cette séance de sexe chez lui. Et d’ailleurs, il n’est pas si beau quand on le regarde de près. Et puis, cet accent espagnol est assez agaçant. Je suis vraiment bien chez moi, tranquille au fond de mon lit… Et bien accompagnée. Ouf, Diego ne m’a pas croisée dans l’escalier alors que mon plan cul et moi, on rentrait se coucher.
Romy Idol