Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
Ce soir, je suis conviée à un “dîner de filles”. Et j’ai autant envie d’y aller que d’aller au baptême de mon neveu dimanche, c’est vous dire. À première vue, on ne dirait pas que c’est une corvée, un dîner de filles. Dit comme ça, ça a même l’air sympa, c’est l’occasion de se retrouver entre copines, sans les mecs des unes et des autres.
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Le danger vient en fait des convives: quand l’objet du mail est intitulé “dîner de filles”, il y a déjà toutes les raisons de s’inquiéter. Quand le nombre d’invitées dépasse 4 personnes, on flirte avec le danger. Tous ces indices annoncent en effet un potentiel sas de décompression ultra-girly pour meufs n’ayant plus de vie. Après en avoir enchaîné des dizaines, voire des centaines, je sais désormais détecter les dîners de filles relous et je pressens quand ma soirée va se transformer en guet-apens. Je ne comprends pas pourquoi j’ai accepté de dîner avec sept copines alors que j’avais toutes les raisons de décliner.
“Je ne suis pas en manque de conversations de meufs, et, quitte à ne pas voter pour la parité, c’est avec sept mecs que je préfèrerais passer la soirée.”
J’ai déjà mon quota de filles
Étant donné que je vis seule depuis pas mal de temps, je ne partage pas mon quotidien avec un être testostéroné comme la plupart de mes copines hétéros maquées. Perso, je n’en ai pas ras-le-bol de me coltiner un mec, je suis même plutôt en demande de ça. Je passe à peu près tous mes week-ends en compagnie féminine, suivez mon regard vers ma super pote Sonia. D’ailleurs, les dernières fois que j’ai dormi accompagnée, c’est quand elle a squatté chez moi après une soirée.
J’ai même dans mon entourage des amies en couple, avec lesquelles je dîne régulièrement sans leur mec, et aussi incroyable que cela puisse paraître, on n’a jamais labellisé aucun de ces rendez-vous “rendez-vous de filles”. On se voit, c’est tout. Autant dire que je ne suis pas en manque de conversations de meufs, et que, quitte à ne pas voter pour la parité, c’est avec sept mecs que je préfèrerais passer la soirée.
Je veux bouffer des pizzas
Le principal écueil du dîner de filles est souvent le menu. Qu’il soit extra-fat en mode craquage collectif ou extra-light en mode régime collectif, il n’est jamais dans la demi-mesure. Mais il a plus de chances d’être copieux dans un resto de burgers que chez Églantine, notre hôtesse de ce soir, qui, à l’approche de la trentaine, a proscrit les orgies de charcuterie et de pizzas pour “bien veillir”. Traduire: pour ne pas gâcher en un dîner tous ses efforts de la semaine au Club Med Gym.
“Je n’ai qu’une envie, faire un stop au MacDo avant de débarquer chez elle pour ne pas risquer de crever la dalle à la fin du repas.”
J’ai donc très peur qu’elle nous ait préparé une salade de carottes râpées suivie d’un poulet au sésame et de trois grains de riz. Je l’imagine déjà nous sortir “C’est une recette d’un chef de Shanghai que j’ai trouvée sur un blog bio, je me suis lancée pour vous!” Avec des mecs à table, elle n’oserait pas. Mais notre assemblée féminine la déculpabilise de nous sous-alimenter. Je n’ai qu’une envie, faire un stop au MacDo avant de débarquer chez elle pour ne pas risquer de crever la dalle à la fin du repas.
Je ne souhaite pas particulièrement raconter ma vie pathétique
Il faut le reconnaître, ce genre de réunion féminine peut faire du bien dans les moments où l’on a besoin de parler. Des moments qui se résument en général aux périodes de rupture ou aux retours de voyage. Le reste du temps, on est soit trop heureuse soit trop ennuyeuse pour avoir quelque chose de pertinent à raconter. Or, l’exercice du dîner de filles consiste justement à s’épancher et à avoir des conversations de fond, ce qui me semble incompatible avec mon apathie hivernale.
“Nos sujets de conversation annexes n’auront été qu’un préambule au véritable ordre du jour de n’importe quel dîner de filles: la discussion de cul.”
À part ma rencontre avec un mec timide, peu concluante sur le plan sexuel pour l’instant, j’ai une vie tellement routinière que, rien que d’y penser, je bâille. Je sais très bien que si je mets le sujet de Jules sur le tapis, toutes mes copines surmaquées vont en redemander et s’exclamer que je vis le meilleur moment d’une histoire. Autant éviter ce décalage intersidéral, car les fameux “papillons dans le ventre” qu’elles ne vont pas manquer d’évoquer avec nostalgie, j’aimerais déjà les ressentir dans ma culotte. Et pour l’instant, on en est loin.
J’en ai marre de parler de cul
Ne nous voilons pas la face, tous nos sujets de conversation annexes n’auront été qu’un préambule au véritable ordre du jour de n’importe quel dîner de filles: la discussion de cul. Beaucoup d’hommes croient qu’on se partage des plans manucure ou des recettes de cupcakes quand on se retrouve entre meufs, mais en vrai, on est monothématique. On veut savoir qui suce le premier soir, qui a déjà trompé son mec, bref comment ça se passe dans le lit des autres. Encore une fois, si j’aborde le dossier Jules, je sais que je vais devoir raconter par le menu le fiasco de notre première nuit ensemble. Or j’ai tout sauf envie de ça donc je vais me taire. Après tout, mon obsession majeure en ce moment, ce n’est pas de parler de cul, c’est de pratiquer.
Romy Idol
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