Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
Il y a des gens pour lesquels l’été rime avec repos, fête ou voyage. Pour moi, il rime surtout avec sport, ou plutôt prof de sport. À force de ne jamais foutre les pieds dans une salle de gym, je crois que je compense inconsciemment pendant les vacances: plutôt que de me taper des heures d’exercice, je me tape des heures de sportifs. C’est beaucoup moins cher et beaucoup plus fun. Et ma préférence va régulièrement aux profs de surf, madeleine de Proust de mon adolescence 90’s, l’époque bénie où Kelly Slater était une star, où Oxbow était une marque cool et où Patrick Swayze me faisait rêver en shorty dans Point Break.
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Le prof de surf est gaulé
On ne va pas se mentir, l’atout numéro 1 du prof de surf réside dans son physique. Peut-être que pour ses élèves, il est un super coach technique, mais en ce qui me concerne, il m’apporte avant tout un plaisir visuel indissociable des vacances: il est tout aussi agréable à regarder que la plage déserte sur laquelle il va traîner au petit matin.
En plus d’avoir un corps parfait, ni trop musclé, ni trop chétif, il a souvent le bon goût d’être bronzé, un concept étranger à l’urbaine que je suis, et qui le place directement dans la catégorie “exotique”.
En plus d’avoir un corps parfait -ni trop musclé, ni trop chétif- il a souvent le bon goût d’être bronzé, un concept étranger à l’urbaine que je suis, et qui le place directement dans la catégorie “exotique”. Tout comme ses longs cheveux décolorés, ses dents de requin et autre colliers en bois qui ornent son cou. Si, à une époque, tous les mecs de mon lycée en portaient, le prof de surf est aujourd’hui une sorte de rescapé de cette ère révolue, que je chéris autant que ma première paire de Doc Martens remisée dans le grenier de mes parents.
Le prof de surf n’est pas (trop) névrosé
S’il m’est arrivé de rencontrer des surfeurs angoissés, force est de constater que la plupart d’entre eux ne connaissent pas le stress. Forcément, quand leur principale contrainte professionnelle consiste à sillonner les plages sympas de la planète à la recherche du spot où donner des cours à travers les saisons, le risque de burn out est faible.
Le prof de surf ne s’embarrasse ni d’un quelconque uniforme de travail (avec un maillot de bain et des tongs, il est le plus heureux des hommes), ni d’un temps de transport trop pénible.
D’autant que le prof de surf ne s’embarrasse ni d’un quelconque uniforme de travail (avec un maillot de bain et des tongs, il est le plus heureux des hommes), ni d’un temps de transport trop pénible: quand il ne vit pas dans une cabane en bois sur la plage, il dort dans le club nautique 20 mètres plus loin. Parfois, quand les circonstances l’exigent, il enfourche un vélo. Et pour se remettre de sa journée, rien de tel qu’un petit joint au clair de lune, en compagnie d’une Romy ou d’une Lily de passage.
Le prof de surf ne parle pas toujours ma langue (mais ce n’est pas grave)
Le surf étant est une pratique répandue aussi bien à Biarritz qu’au Mexique ou en Australie, il arrive parfois que je tombe sur un adepte non francophone, selon le pays où je me trouve. En général, je le rencontre à la paillote qui jouxte l’école où il exerce son art, et à défaut d’entamer une grande conversation sur l’avenir du Proche-Orient, nous entamons une grande démonstration de zouk alcoolisé, une discipline qu’il maîtrise assez bien après quatre mois de fête quotidienne dans cette même paillote. Entre deux roulages de pelle dignes d’ados en colo, je comprends vaguement qu’il me parle de son chien resté à l’autre bout du monde et qui lui manque terriblement. C’est généralement le moment où il m’entraîne dans les dunes pour terminer sa journée au clair de lune.
Une fois, j’ai sérieusement envisagé de prolonger mon séjour et de squatter le lit une place de sa cabane en bois: le tarif des billets de retour m’a ramenée à la raison, et j’ai laissé mon amant de l’été en plein chagrin d’amour.
Le prof de surf est un cœur d’artichaut
Il avait juré de ne pas s’attacher mais, quand la fin des vacances arrive, il a toujours le cœur serré et me fait promettre qu’on s’écrira. C’est comme ça que je me retrouve avec des amis Facebook improbables avec lesquels je n’ai jamais échangé le moindre message. Je dois reconnaître que moi aussi, en partant, j’ai un peu de vague à l’âme, mais je sais pourquoi: le retour à la réu du lundi matin, à mon studio de 25 m2 et à mes pizzas Sodebo ne m’enchante guère. Ce n’est rien à côté du spleen du prof de surf qui, lui, est confronté à sa solitude de cow-boy nautique laissant une fille dans chaque port, ne voyant jamais son chien, et ne sachant pas de quoi la saison prochaine sera faite. Une fois, j’ai sérieusement envisagé de prolonger mon séjour et de squatter le lit une place de sa cabane en bois: le prix d’un changement de dernière minute des billets de retour m’a ramenée à la raison, et j’ai laissé mon amant de l’été en plein chagrin d’amour. Maintenant, je prends sur moi à chaque séparation. Et heureusement, comme la vie est bien faite, le laps de temps entre mon départ et l’arrivée d’un groupe de bombasses néerlandaises n’excède jamais 24 heures.
Romy Idol
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