Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
Ça y est, j’ai réussi à sortir de mon lit, mon nez ne coule plus, ma fièvre est tombée et je suis retournée au boulot après cet arrêt-maladie extrêmement décevant. Du coup, j’ai rappelé Jules. La dernière fois, j’ai décliné sa proposition d’aller boire un verre à cause de ces fichus microbes et je ne veux pas qu’il croie que je l’évite. Au contraire, je ne pense qu’à lui et surtout à la fin imminente de mon désert sexuel.
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Je lui propose un ciné et j’ai une réponse dans l’heure: Jules est partant. J’élimine de ma liste Cinquantes nuances de Grey, ne préférant pas me trouver dans la même pièce que Jules aka le mec timide au moment où Anastasia Steele et Christian Grey vont parler fist-fucking. On se décide finalement pour L’Enquête sur l’affaire Clearstream. Je ne porte pas spécialement Gilles Lellouche dans mon cœur mais j’espère secrètement piger enfin cette histoire de chambre de compensation. En espérant d’ailleurs que cette fameuse chambre nous inspire, Jules et moi, et qu’en matière de compensation (sexuelle), on ait notre dose.
Nous nous embrassons donc une bonne partie du film entre deux crocodiles Haribo, des perquisitions et une gorgée de Coca.
En proposant un film, j’ai oublié un microdétail: se retrouver dans une salle obscure avec un écran géant et un mec que l’on a envie de choper à côté de soi équivaut à récupérer ses quinze ans. Nous nous embrassons donc une bonne partie du film entre deux crocodiles Haribo, des perquisitions et une gorgée de Coca. Une fois les lumières rallumées, je ne pige toujours rien à l’affaire Clearstream et un léger malaise est palpable. Mon chignon et ma frange ont pris cher dans le tripotage sauvage, Jules gesticule pour remettre son pénis sur le droit chemin et pour couronner le tout, j’ai bien failli perdre une lentille. Une fois sortis dans la rue, un peu gênés, nous décidons d’aller boire un “dernier verre” chez lui. Il ne vit pas seul mais ce soir-là, son coloc Antoine n’est pas là. On s’installe sur le canapé et je suis particulièrement impatiente de voir comment Jules va s’y prendre pour la suite car, de ce que j’ai vu au cinéma, il a l’air plutôt doué.
À peine avons-nous décapsulé les bières que nous recommençons à nous embrasser. Dans un délai raisonnable, nos habits respectifs finissent par terre, mon collant ayant mis quelque peu Jules en difficulté. Je sors un préservatif, nous y sommes presque quand, d’un coup, son sexe nous lâche sans prévenir. Jules vire au rouge vif et moi, j’essaye de garder mon calme et de feindre la paix intérieure. À presque 30 ans, je commence à savoir gérer ce genre de situation périlleuse où le moindre faux pas peut réduire une potentielle nuit de sexe à néant.
Heureusement que le fondateur de Durex, le pauvre, n’est pas là pour entendre ça.
Entraînée, je romps donc le silence, presque avec désinvolture, car j’ai en tête les conseils psys échangés avec Sonia depuis maintenant des années et je lance un rassurant (et hypocrite):
– T’inquiète pas, c’est rien, c’est pas grave du tout.
En vrai, je suis dépitée, je prends conscience que la fin du désert sexuel, ce n’est finalement pas pour ce soir.
Là-dessus, Jules me répond:
– Je ne comprends pas… C’est la première fois que ça m’arrive.
À ce moment précis, la grande difficulté de l’entreprise afin de sauver la face (celle de Jules surtout) réside dans ma capacité à, d’une part, me retenir de faire une blague sur cette réplique mythique et d’autre part, à trouver une réponse réconfortante et crédible. Je ne trouve qu’un particulièrement mauvais:
– Il faut une première fois à tout…
– Ça doit être à cause du préservatif… Il est bizarre, tu trouves pas?
Heureusement que le fondateur de Durex, le pauvre, n’est pas là pour entendre ça. J’incline la tête de haut en bas avec l’air le moins blasé possible. En général, quand le mec choisit le camp du déni, c’est mal barré: ma folle nuit de cul fantasmée commence à s’éloigner de plus en plus. J’y mets toutefois du mien:
– Euh… Attends… Fais voir… Ah oui, en effet, il est vraiment chelou.
Je pense à mes talents d’actrice et à cette foutue abstinence qui m’attend. Pour ne rien arranger, comme c’est notre première nuit ensemble, il est exclu que je me tourne sur le côté en lui balançant nonchalamment un “bonne nuit!”. Non, il va falloir rester éveillée et trouver un autre sujet de conversation que son érection ratée. Résultat, demain, je serai crevée et tout ça, sans même avoir baisé.
Romy Idol
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