Un vendredi par mois, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
Cet été, je suis partie à Barcelone. Si j’avais été seule, j’y serais allée en bus. Si j’avais été encore avec Jules, je l’aurais supplié de louer une voiture –qu’il aurait conduit puisque je n’ai toujours pas le permis. Sauf que j’y suis allée avec Sonia, qui n’a ni son permis ni la patience de faire 15 heures de car avec moi et Eurolines. Donc on a pris l’avion. À mon grand dam. Je n’avais pas le choix, c’était ça ou des vacances chez mamie à Limoges. Du coup, j’ai préféré prendre mon courage à deux mains.
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Sentant le stress monter quelques jours avant le départ, je me suis renseignée auprès de tous mes proches qui flippent eux aussi en avion. Ils ont tous leurs tips: ça va du somnifère à une petite flasque de whisky en passant par la cuite d’avant-vol pour voyager dans, je cite, “un semi-coma plutôt agréable”. Ne sachant pas quoi choisir entre toutes ces possibilités, j’ai pioché dans un peu toutes. La veille, je suis sortie jusqu’à 4 du mat’, en sachant que l’avion décollait à 6h55. J’ai à peine eu le temps de prendre une douche qu’il a fallu prendre le premier RER pour l’aéroport. Là, clairement, je ne me sentais pas très bien, non pas à cause de la perspective aérienne qui m’attendait mais plutôt à cause des vodka Redbull dans mon sang. Sur le moment, je me suis dit que c’était presque mieux d’avoir la nausée à cause de l’alcool qu’à cause du stress. Mais ça, c’était avant que l’avion ne décolle.
Sachez que vomir tout en traversant des trous d’air dans des toilettes somme toute assez étroites n’est pas franchement ce qu’il y a de plus aisé.
Quand j’arrive à l’aéroport, Sonia est déjà là, elle est fraîche, ravie de partir en vacances et surtout excitée comme une puce à l’idée de manger des tapas. Quand elle prononce le mot “tapas”, je manque de gerber. Une fois dans l’avion, ça ne va pas toujours pas mieux et le stress se rajoute à la nausée, ce qui est, je vous l’assure, très très inconfortable. À ce moment-là, je réfléchis sérieusement à bannir à jamais mes amis et leurs conseils de merde. L’avion décolle et malgré les recommandations du personnel naviguant, je dois me rendre d’urgence aux toilettes. Sachez que vomir tout en traversant des trous d’air dans des toilettes somme toute assez étroites n’est pas franchement ce qu’il y a de plus aisé.
En revenant m’asseoir, la nausée a presque disparu mais l’angoisse est montée d’un cran. Ça y est, je suis avec 182 autres passagers dans le ciel, à la merci du pilote. Avant de monter dans l’avion, j’ai regardé à quoi il ressemblait et j’ai déterminé, avec des critères plus ou moins aléatoires, s’il m’inspirait confiance ou pas. En temps normal, pour peu que le mec ou la nana soit de mauvais poil ce jour-là et tire la gueule ou ait l’air un peu déprimé(e), je suis du genre à changer de vol. Et ça, c’était même avant Andreas Lubitz et le crash de l’Airbus A320. Je ne vous dis pas le niveau de ma parano aujourd’hui. Si je pouvais avoir le nom du pilote en amont, je le googliserais de fond en comble avant de lui remettre ma vie entre les mains. Sauf que là, j’étais avec Sonia donc impossible de faire demi-tour.
“Sonia, t’as vu, elle a l’air chelou la meuf, non? Tu ne crois pas qu’il y a un truc qui cloche?”
Ça y est, je suis dans cet avion, ma gueule de bois est en train de passer et je suis maintenant persuadée qu’il y a une chance sur deux que je ne m’en sorte pas vivante. Oui, je suis du genre à imaginer le pire. Je m’enfile un petit somnifère avec ma flasque de vodka -je n’aime pas le whisky et soigner le mal par le mal n’a jamais tué personne.
Je me mets alors à scruter les visages des stewards et des hôtesses de l’air, tentant de détecter même un imperceptible changement d’humeur. Si jamais c’est le cas, je cède à la panique: “Sonia, t’as vu, elle a l’air chelou la meuf, non? Tu ne crois pas qu’il y a un truc qui cloche?”
Sonia, agacée: “Si, les plateaux-repas peut-être. T’es vraiment cinglée, hein.”
Sonia et son cynisme ne sont pas du genre à m’épargner.
Vingt minutes plus tard – le vol n’a duré qu’une heure et 15 minutes-, le somnifère n’a toujours pas fait effet. “Tu ne trouves pas que ça sent bizarre, genre l’essence?” Sonia a enfilé des boules Quiès et m’ignore ostensiblement. On entame la descente, je ferme les yeux et je pense aux gens que j’aime, imaginant ma fin. Sonia m’interrompt: “T’as vu comme c’est beau, on voit la mer.” Je ne peux pas regarder par le hublot, si jamais je me penche, j’ai peur que l’avion fasse de même.
Évidemment, on a fini par atterrir sans aucun problème -je savais bien que ce pilote avait l’air compétent-, j’ai fêté ça avec de la sangria et au final, on a passé une super semaine avec Sonia. Mais le jour du départ, avant qu’on ne parte à l’aéroport, elle m’a donné quelque chose: c’était un billet de retour Barcelone-Paris… En car.
Romy Idol
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