Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
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Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
Je travaille pour une grosse agence de voyages. J’y enchaîne les CDD depuis maintenant un peu plus d’un an et la probabilité d’y passer un jour en CDI est à peu près équivalente à celle des joueurs de l’Euromillion de gagner un jour la super cagnotte. En attendant, ça me convient et ça me permet surtout de faire une étude sociologique assez poussée du monde de l’entreprise et plus précisément de mes charmants et surprenants collègues.
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Après trois ans de boîte, je dirais plutôt que c’est Guantanamo vs Rikers Island. Bref, mon entreprise, c’est la cour des miracles.
Naïvement, j’ai longtemps pensé que le milieu du travail, comparé à la cour d’école, c’était les Maldives vs Guantanamo. Après treize mois de boîte, je dirais plutôt que c’est Guantanamo vs Rikers Island. Bref, mon entreprise, c’est la cour des miracles. Car même si, je n’en doute pas une seconde, l’école recèle son lot de cas sociaux, il s’avère qu’à ce moment-là, ce ne sont encore que des enfants. Ce qui limite grandement le niveau sur l’échelle de la névrose. Une fois adulte, les choses, en général, empirent. Ma boîte, c’est Sainte-Anne sans les médocs et ça donne ça:
Le dépressif alcoolique
Chaque jour, dès qu’il arrive au bureau, il a peur de se faire virer. Paradoxalement, il fait tout pour que ça lui arrive puisque, dans le meilleur des cas, il débarque le matin en retard -c’est-à-dire aux alentours de midi. Les excuses sont en général variées et toujours surprenantes: il prend le métro mais il a été coincé dans les embouteillages, il a dû attendre le livreur de chez Darty car il a commandé une nouvelle machine à laver (la quatrième en l’espace de six mois) ou il a dû faire face à une invasion de fourmis dans son deux-pièces. Dans le pire des cas, il arrive au bureau en retard et bourré. Je me suis souvent demandé comment c’était possible de sentir encore l’alcool à 9 heures du matin. Lui me prouve un jour sur cinq que c’est facile. Quand il sent le vent tourner -en sa défaveur donc- il n’hésite pas à balancer une petite menace de tentative de suicide, l’air de rien. Du coup, c’est le cauchemar des chefs. Astuce: l’éviter dans les couloirs coûte que coûte.
La première de la classe
Elle est du genre à arriver en avance le matin et à partir tard le soir. Elle claque la bise aux chefs, hoche la tête dès qu’ils ouvrent la bouche, y compris quand c’est pour bailler et le “non” ne fait pas partie de son vocabulaire. Quand ses collègues sont en grève, elle déjeune devant son ordinateur et quand ils font le pont, elle se met à faire des heures sup’. Avec elle, impossible de bitcher sur son N+1 ou de lui demander comment on trafique un arrêt maladie. Elle ne sait pas ce que c’est.
La bipolaire pas détectée
Au premier abord, elle a l’air tout à fait normale. Jusqu’au moment où elle décrète qu’elle ne peut pas travailler dans l’open space parce qu’il y fait trop chaud -ou trop froid, ça dépend des jours-, qu’elle fait régulièrement des malaises en réunion et termine une matinée sur quatre à l’infirmerie, qu’elle est persuadée chaque semaine qu’une vague de licenciements économiques va avoir lieu, qu’elle soupçonne un complot avec le Moyen-Orient lorsqu’on lui retire le service clientèle. Astuce: éviter tout contact.
Le vieux beau
Il a une cinquantaine d’années, s’habille comme s’il en avait vingt, est blindé à mort mais fait comme s’il vivait d’amour, d’eau fraîche et du Smic. Il drague toutes les filles qui passent dans un périmètre de cinq mètres autour de son bureau, s’étend allègrement sur sa vie sexuelle avec sa quatrième femme et me demande régulièrement à la machine à café pourquoi je n’aime pas la sodomie. Astuce: ne pas aller à la machine à café.
L’obsédée de la bouffe
Tous les jours, elle arrive avec un paquet de gâteaux dont elle veut absolument faire profiter tout le monde et devient agressive quand on refuse d’en prendre un. Manger à la cantine en sa compagnie est un véritable calvaire. A moins d’apprécier la créativité avec laquelle elle change les aliments de place dans son assiette avant de les réduire en charpie à l’aide du canif qu’elle a toujours sur elle. Astuce: ne pas aller à la cantine.
Le cinglé à tendance schizo
Chaque jour, avec lui, c’est la surprise: impossible de savoir s’il sera de bonne ou de mauvaise humeur. Évidemment, il est chef et quand il vous appelle pour vous demander quelque chose, vous commencez par transpirer beaucoup plus qu’à l’accoutumée. Vous avez peur. Et, allez, une fois sur deux, vous sortez de son bureau en pleurs. Il a une garde-robe extrêmement bien fournie et il peut aussi bien venir habillé en trader de la City qu’en costume velours à grosses côtes beige des années 70. Astuce: ne pas travailler dans son service.
La pessimiste chronique
Il ne faut jamais lui demander comment ça va car d’une part, ça peut vous niquer une journée de travail en terme de temps et d’autre part, vous serez tenté de prendre un ou deux Lexomil après votre conversation. Elle se plaint de tout, mais alors vraiment de tout. Rien ne va jamais au bureau: elle n’a jamais d’augmentation alors qu’elle travaille comme une chienne, elle estime que tout le monde la traite mal, “surtout Jacqueline du 3ème”. Idem à la maison: son mari ne fait pas les courses, son fils ne met jamais la table et sa fille, “je ne t’en parle même pas”. Et même le menu de la cantine peut lui causer des désagréments: “Des petits pois, c’est vraiment pas de chance” car elle en a déjà mangé hier. Astuce: ne jamais lui demander comment elle va.
Romy Idol
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