Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
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Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
J’ai longtemps vécu en colocation. Parce que ça coûtait moins cher. Parce que ça me permettait de ne pas être seule. Parce que je n’étais pas obligée de faire le ménage toutes les semaines et enfin, parce que j’ai toujours eu le secret espoir de tomber sur un colocataire canon. Puis, j’ai constaté que je ne tombais que sur des cassos. Qu’ils ne faisaient jamais le ménage et que souvent, eh bien, j’aurais préféré être seule plutôt que de tomber sur des gens quand je rentrais chez moi. Oui, c’est vrai, maintenant que j’ai mon studio de 25 m² -un appartement d’adulte en somme- je paye plus cher mais je sais que la pizza planquée dans mon congélo le matin y sera encore le soir quand je rentrerai. Une donnée qui devient beaucoup plus aléatoire avec des colocataires. Avec tous les appartements que j’ai partagés, j’ai dû avoir une dizaine de colocs. Quatre d’entre eux ont accéléré ma décision de vivre seule.
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Un soir, alors que je traînais sur Facebook, une fenêtre de chat venue de nulle part est apparue sur mon écran: “Coucou, c’est Cyril, tu fais quoi?????????????????” Mon coloc avait hacké mon ordi à distance.
Il y a eu le geek. Ou plutôt le nerd à l’ancienne, celui qui allait aux chiottes avec son ordinateur. Chaque soir, c’était le même scénario. Il venait frapper à ma porte pour me parler html ou parallaxe, et il avait même démonté et reprogrammé le micro-ondes pour le transformer en réveil, sa chambre étant collé à la cuisine, parce qu’il trouvait ça “marrant”. Comme j’ai été sympa au début, il a cru que le fait de savoir qu’il piratait régulièrement la boîte mail de nos voisins de palier m’intéressait réellement. En réalité, j’ai commencé à flipper. Un soir, alors que je traînais sur Facebook, une fenêtre pop-up venue de nulle part est apparue sur mon écran: “Coucou, c’est Cyril, tu fais quoi?????????????????” Mon coloc avait hacké mon ordi à distance. Le lendemain, je faisais mes valises. Depuis il me traque sur tous les réseaux sociaux.
J’ai très logiquement déserté l’appartement durant les créneaux horaires où elle s’y trouvait éveillée.
Il y a eu aussi la casse-couilles. Au bout de quelques jours, j’ai compris qu’il ne fallait jamais lui demander comment elle allait, sous peine de décéder suite à un monologue particulièrement pessimiste de 45 minutes dans les bons jours et d’1h15 dans les plus mauvais. Une fois le “ça va?” de politesse banni définitivement de l’appartement commun, j’ai pensé pouvoir mener une vie normale. C’était sans compter sur ses crises d’angoisse fréquentes qui concernaient successivement le fonctionnement du lave-vaisselle, la connexion Internet, le four ou bien les joints dans la salle de bains qui noircissaient et “pouvaient nuire à notre karma”. J’ai donc très logiquement déserté l’appartement durant les créneaux horaires où elle s’y trouvait éveillée et quand elle était endormie, je réintégrais le foyer. Je partais tôt le matin et je rentrais tard le soir. Au bout de quelques semaines à ce rythme, crevée, j’ai préféré déménager.
Au bout du 6ème cambriolage/crise cardiaque/vol de portable, j’ai fait mes cartons.
Je me souviens également de la mythomane. Je savais avant de la rencontrer que le mensonge existait. Mais vivre en sa présence durant quelques mois m’a montré l’étendue de ce que pouvait RÉELLEMENT être le mensonge. En général, on ment pour des choses importantes, cruciales. Un mensonge utile, quoi. Mais elle, elle mentait pour toutes sortes de choses et notamment les plus anodines. Un soir, elle m’a plantée alors qu’on avait prévu de dîner ensemble. Jusque-là, rien d’anormal, mais il a fallu qu’elle m’explique que sa grand-mère avait été victime d’un cambriolage et que, du coup, son père avait fait un malaise vagal, qu’elle s’était trompée de ligne de métro en voulant les rejoindre à l’hôpital, puis qu’elle s’était trompée d’hôpital et que, du coup, elle n’avait pas pu honorer notre dîner. Au bout du 6ème cambriolage/crise cardiaque/vol de portable, j’ai fait mes cartons.
Et puis, j’ai vécu avec un crade. Celui qui se lave un jour sur trois car “tu vois, j’ai pas fait de sport aujourd’hui donc je suis pas sale”. Pour qui l’aspirateur est une race méconnue de hamster et qui considère qu’une fois un objet –ou un bout d’aliment- tombé par terre, il est à sa place. Et que non, le vin par terre sur le carrelage, “ça colle pas et ça sent rien”. J’ai pensé plusieurs fois appeler Danièle et Béatrice de C’est du propre!. Et le jour où il est carrément passé de l’autre côté, en prenant une casserole que je venais d’utiliser pour des pâtes afin d’y balancer ses céréales et son lait, en me disant que c’était inutile de la laver car ça ne pouvait pas être “bien sale”, j’ai décidé de partir et j’ai pris l’aspi avec moi, le sauvant ainsi d’une mort certaine. Depuis, je vis seule et je me sens bien.
Romy Idol
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