Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
Je ne sais pas vous, mais moi, en cet hiver très froid, je me sens un peu déprimée. En même temps, ce n’est pas très surprenant vu que je sors d’une semaine cloîtrée à la maison pour cause de grippe. J’aurais dû m’y attendre en voyant mes collègues y passer les uns après les autres: au lieu de ça, j’ai fait la maligne tout le mois de janvier en assurant que les microbes ne passeraient pas par moi. Je sais désormais que j’aurais mieux fait de me taire, après avoir vécu une semaine où j’ai pu prendre conscience, une fois de plus, que devenir adulte était une corvée.
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Combien de fois ai-je essayé de faire comme Elliott dans E.T. en mettant mon thermomètre sous la lampe pour ne pas aller en classe.
C’est vrai, quand j’étais gamine, j’étais limite contente de tomber malade. Ça voulait dire pas d’école et pas d’interdiction de télé. Combien de fois ai-je essayé de faire comme Elliott dans E.T. en mettant mon thermomètre sous la lampe pour ne pas aller en classe. Ça ne marchait jamais, il fallait toujours attendre que j’aie un peu de vraie fièvre pour en être dispensée: un petit 38-38,5° me permettait de sécher tout en profitant de ma journée open Playmobil et open Club Dorothée.
Maintenant, la maladie est bien plus fourbe. Quand dimanche soir dernier, je sens la fièvre monter au moment de me coucher, je prévois de m’auto-diagnostiquer un 38-38,5 le lendemain pour pouvoir me faire un Playmobil/Dorothée pour grands, autrement dit une petite journée canapé-DVD. Seulement, cette fois, je n’ai nullement besoin de coller le thermomètre sous la lampe pour le faire grimper à 39,5° dès 4 heures du mat’, un horaire où tu n’appelles SOS Médecins qu’en cas d’agonie.
Je suis là, à grelotter dans mon jogging Babar, mon rouleau de sopalin à la main et je DOIS quitter ma tanière pour aller acheter les médicaments prescrits par le médecin.
En bonne hypocondriaque, je compose plusieurs fois le numéro car je me vois déjà mourir seule, suffoquant sous ma couette, mais j’ai la sagesse d’attendre 8 heures du matin pour passer à l’acte. La conclusion du Docteur Desforges est sans appel. Grippe. Trois jours d’arrêt de travail. À peine a-t-il quitté la pièce que je préviens mon n+1 en suffoquant/gémissant au téléphone que je ne vais pas pouvoir venir (possible qu’il me prenne pour une mytho ne sachant pas jouer la comédie, tellement cette scène est grotesque).
Ce n’est qu’à cet instant que je réalise que, contrairement à quand j’avais huit ans, je n’ai plus de parents à domicile pour me préparer des petites soupes maison, et me caresser les cheveux pendant que je fais la sieste. Tout de suite, être malade devient moins cool. Je suis là, à grelotter dans mon jogging Babar, mon rouleau de sopalin à la main -je n’ai jamais renouvelé mon stock de Kleenex- et je DOIS quitter ma tanière pour aller acheter les médicaments prescrits par le médecin. Il me faut également songer à un moyen de me ravitailler puisque, comme tous les lundis, mon frigo fait autant de peine qu’un lolcat essayant de sauter dans un carton.
Je devrais pourtant me souvenir que maladie = pas de devoirs, mais horreur, je tombe sur une chaîne de mails me rappelant que je suis en charge de la prez du lendemain.
C’est donc dans un état particulièrement lamentable que je me traîne jusqu’à la pharmacie et l’épicerie, en priant de ne pas tomber sur mon voisin canon. Une fois cette épreuve surmontée, j’entreprends de faire réchauffer ma soupe industrielle tout en commençant mon traitement. Il est loin le temps où l’on m’administrait un bonbon entre chaque cuillerée de sirop infâme. Dorénavant, j’alterne une cuillerée de soupe infâme avec une cuillerée de sirop infâme.
Pas tout à fait résignée, je décide de “profiter” de ce repos forcé pour me coller devant un téléfilm de M6, en espérant tomber sur une histoire de crash d’avion ou d’enlèvement d’enfant. Manque de pot, il s’agit aujourd’hui d’une greffe du cœur qui tourne mal, et je ne suis pas du tout absorbée par l’histoire. Résultat, je commets la pire des erreurs de la personne en arrêt de travail: je “jette un œil” sur mes mails pros. Je devrais pourtant me souvenir que maladie = pas de devoirs, mais horreur, je tombe sur une chaîne de mails me rappelant que je suis en charge de la prez du lendemain.
La combinaison tremblements/reniflements produit sur mon cerveau le même effet que de rester près d’un marteau-piqueur 45 minutes d’affilée.
À l’évidence, je ne vais pas pouvoir l’exposer moi-même, mais j’ai quand même 75% des slides sur mon ordi portable et pas vraiment d’autre choix que de transférer tout ça à mon collègue Patrick qui est aussi doué en PowerPoint que je le suis en pâtisserie. Une heure plus tard, j’ai terminé et je suis lessivée. Il faut dire que la combinaison tremblements/reniflements produit sur mon cerveau le même effet que de rester près d’un marteau-piqueur 45 minutes d’affilée.
J’ai la désagréable impression qu’il est deux heures du matin, pourtant Questions pour un champion me rappelle que la soirée ne fait que commencer. C’est alors que se produit le pire moment de ma journée, celui qui me fait maudire à tout jamais les microbes. Mon téléphone vibre, c’est un texto du mec timide que j’attends depuis trois jours. “Coucou, je suis sorti tôt du taf, ça te dirait un apéro last minute?” Du fond de mon lit, je décline, la mort dans l’âme, en espérant qu’il saura que je ne mens pas. Puis je réalise que j’ai mûri: après seulement une journée de maladie, j’ai déjà envie de retourner à l’école.
Romy Idol
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