On a posé 3 questions à Vanina Denizot, la créatrice de Soror, revue qui réalise des portraits étayés de femmes.
Faire le portrait détaillé de femmes fortes, entreprenantes, originales dans un mook soigné et sans pub. C’était le pari de Vanina Denizot, journaliste de 34 ans, lorsqu’elle a réalisé Soror, une revue inspirante qui paraît une fois par an. Son premier volume, sorti le 14 mai, met en avant neuf femmes “plurielles, agissantes et libres” et « peu connues des médias traditionnels ». Hortense Montarnal, céramiste, est dépeinte à quelques pages de l’illustratrice Jacqueline Duhême qui a côtoyé Eluard et Prévert, et de Florence Porcel, la vulgarisatrice scientifique qui rêve de découvrir la lune. On a posé 3 questions à la fondatrices de Soror qui “veut encourager une presse féminine différente mais qui a besoin de soutien pour éclore et se développer.”
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Qu’est-ce que Soror?
Soror est un mook -contraction de magazine et de book- entièrement dédié à des portraits et des entretiens de femmes. En latin, ‘soror’ signifie ‘sœur’, mais aussi ‘semblable’, ‘pareille’. Au-delà de la sonorité que je trouve très belle, le message est simple: nous avons beau être différentes nous sommes finalement proches. Il y a derrière cela l’idée de ne pas se juger et de s’entraider. Je propose par exemple aux lecteur.rice.s un achat solidaire où je me charge d’envoyer un exemplaire de Soror à la Maison des femmes qui œuvre pour les victimes de violence.
Pourquoi avoir choisi de présenter des femmes, uniquement sous forme d’interviews?
Je viens de la presse féminine où je réalisais beaucoup de portraits de femmes mais les formats ne me permettaient pas de détailler l’étendue de leur parcours et la pertinence de leur propos. Avec Soror, j’avais envie que l’on s’attarde sur leurs actions, leurs prises de décision, leurs passions, pour mettre en lumière des profils avec des histoires, métiers, âges et origines différentes. Chaque entretien est retranscrit sur une dizaine de pages minimum pour prendre le temps de raconter.
Soror est-elle une revue féministe?
Sans pour autant être militante, Soror est par son essence même une revue féministe. S’affirmer femme à notre époque, s’affranchir de ce que l’on attend de nous, s’offrir la liberté et l’audace d’affirmer nos choix, c’est pour moi déjà être féministe. J’aime autant Lina Pieretti, qui préfère qu’on la dise “vigneron” à “vigneronne” et qui ne souhaite pas qu’on s’attarde sur le fait qu’elle soit “une femme à la tête d’une exploitation”, que Florence Porcel qui confie donner plus la parole à ses homologues féminines pour encourager leur représentation. Il y a toutes sortes de féminismes, l’essentiel est d’aller dans la même direction: redonner aux femmes leur juste place dans la société et les laisser libres de leur choix.
Propos recueillis par Alexandra Vépierre
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