Parmi les centaines de parutions de la rentrée littéraire, on a repéré 5 romans très Cheek à lire absolument.
Elles ont entre 26 et 37 ans et publient parfois pour la première fois. Du terrorisme à l’immigration en passant par l’entrée dans l’âge adulte, l’identité ou le genre, toutes se sont emparées du monde d’aujourd’hui pour le raconter à leur manière. Parmi les jeunes auteures à suivre en cette rentrée littéraire, voici nos 5 romancières coups de cœur.
Survivre, de Frederika Amalia Finkelstein (L’Arpenteur-Gallimard)
Ça raconte quoi: Ava vient de perdre son emploi dans un Apple Store parisien. Mais tous les jours elle fait comme si. Elle se lève, et fait semblant d’aller travailler “pour ne pas sombrer”. Elle marche, prend le métro, s’arrête dans des cafés et comble le vide de ses journées sur Internet en s’abreuvant d’images et d’infos choc et en cultivant une obsession morbide pour les attentats du 13 novembre et le terrorisme. D’une plume sèche et clinique, Frederika Amalia Finkelstein, 26 ans, remarquée en 2014 avec L’Oubli publie un second roman très noir sur les répercussions psychologiques individuelles et collectives du 13 novembre 2015, mais aussi sur la solitude et l’addiction aux réseaux sociaux et aux jeux vidéo.
Pourquoi on a envie de le lire: Un texte générationnel radical sur l’après-Bataclan et les attentats qui ont frappé de plein fouet une jeunesse parisienne par ailleurs en proie à la solitude et à l’angoisse des grandes métropoles.
L’Art de perdre, d’Alice Zeniter (Flammarion)
Ça raconte quoi: Naïma est une jeune femme d’aujourd’hui. Elle a fait des études, travaille dans une galerie d’art, sort, se réveille parfois avec la gueule de bois. Ses origines algériennes ont longtemps été pour elle un non-sujet. Pourtant la société, sans cesse, l’y renvoie en particulier après la période des attentats. C’est le début pour Naïma d’un long cheminement au cours duquel elle va faire renaître la parole oubliée ou tue de son grand-père harki et de son père arrivé en France en 1962 et ainsi, renouer avec son héritage culturel. Avec L’Art de perdre, son quatrième roman, Alice Zeniter, 31 ans, Prix Renaudot des lycéens 2015 pour Juste avant l’oubli signe une sublime fresque sur la difficile liberté d’être soi quand son histoire personnelle s’inscrit dans une grande histoire qui “ne passe pas”.
Pourquoi on a envie de le lire: Quand les origines et l’identité demeurent complexes et inconfortables, L’Art de perdre, fascinant roman d’initiation, montre la voie lumineuse de la réconciliation intime.
Sa mère, de Saphia Azzeddine (Stock)
Ça raconte quoi: Marie-Adélaïde est née sous X. Adoptée par une famille qui a fini par la laisser tomber, elle survit comme elle peut, tantôt vendeuse dans une sandwicherie, tantôt baby-sitter. Rebelle, déclassée, elle ne se sent appartenir à aucun milieu, à aucun groupe, à aucune génération qu’elle soit Y ou Bataclan. Elle est persuadée d’avoir un destin et que ce dernier se cache dans ses origines. Avec pour seul indice, le doudou de luxe avec lequel elle a été abandonnée, elle se lance à la recherche de sa mère biologique et du secret de sa naissance. À travers le parcours de son héroïne, Saphia Azzeddine, 37 ans, auteure à succès depuis la parution de Confidences à Allah se livre, dans ce septième roman, à une critique acerbe de la société de consommation, de la reproduction sociale, des paradoxes des bobos, mais aussi de l’univers du luxe et de la mode.
Pourquoi on a envie de le lire: Une dénonciation coup de poing des conventions et de la bien-pensance qui régissent la vie parisienne et l’ensemble de société actuelle.
Le courage qu’il faut aux rivières, d’Emmanuelle Favier (Albin Michel)
Ça raconte quoi: Au cœur d’un village des Balkans, au sein d’une communauté d’un autre âge vivant sous des lois patriarcales, Manushe, 45 ans, a fait le choix de vivre seule et (presque) comme un homme en devenant “vierge jurée”, seule manière pour elle d’éviter un mariage forcé à 15 ans et de conserver une forme de liberté. Mais un jour, Adrian, un mystérieux inconnu, débarque au village. Le désir s’éveille et Manushe est douloureusement renvoyée à son identité sexuée. Emmanuelle Favier, 36 ans, correctrice chez Mediapart, signe un étonnant premier roman aux allures de contes sur la domination masculine, doublé d’une fine réflexion sur le genre.
Pourquoi on a envie de le lire: Le courage qu’il faut aux rivières plonge dans une réalité méconnue, celles des vierges jurées d’Albanie, pour interroger plus largement la nature et la place des deux sexes. Le roman le plus féministe de la rentrée.
Les petits poissons, Marie Céhère (Éditions Pierre Guillaume de Roux)
Ça raconte quoi: Virginie, 18 ans, fugue pour rompre avec une famille bourgeoise et cynique et tenter de tracer sa propre route, entre révolte, excès et provocations. Mais qu’est-ce que la transgression à une époque où tout semble permis? Comment trouver sa place dans un monde qui semble ne vouloir vous en assigner aucune? Et surtout que veut dire avoir moins de 20 ans au XXIème siècle? Il faudra à Virginie un voyage aussi réel que symbolique pour obtenir quelques réponses. Marie Céhère, 26 ans, critique littéraire à Causeur, s’impose avec un récit ultra contemporain au style à la fois classique et cru. Une immersion vertigineuse -parfois jusqu’au malaise- dans l’univers de la génération née à l’orée des années 2000.
Pourquoi on a envie de le lire: Roman d’apprentissage tout autant qu’éducation sentimentale 2.0, Les petits poissons est un Bonjour tristesse moderne, manifeste des désillusions de la jeune génération.
Virginia Bart