Les pressions sociétales exercées sur les femmes se frayent un chemin parmi les 567 titres de la première rentrée littéraire post-#MeToo. On a retenu pour vous trois romans à découvrir cet automne.
Cette année encore, parmi les 567 titres de la rentrée littéraire recensés par le magazine professionnel Livres Hebdo , certains s’ancrent résolument dans le réel. Pour cette première rentrée post-#MeToo, environ 35 auteurs et autrices se sont emparé·e·s du thème des violences faites aux femmes. Il s’agit-là, pour la première fois, d’un des thèmes émergents de la rentrée.
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Si ces romans sont très majoritairement écrits par des autrices, on note toutefois que certains hommes inscrivent leur œuvre dans cette thématique, comme Joann Sfar qui, dans Modèle vivant, tente de régler le problème du harcèlement sexuel dans l’école où il enseigne le dessin. Ces ouvrages remettent en cause la société patriarcale et éclairent les différents visages des violences faites aux femmes, comme le harcèlement, la violence physique ou encore le manque de liberté.
Au diable Cendrillon, de Maria Domeni (Les Bas-bleus)
Ça raconte quoi? Au diable Cendrillon relate le quotidien parisien de six amies tout juste trentenaires. Si toutes ont le point commun de faire face à des relations amoureuses désabusées, chaque héroïne se heurte à une problématique bien spécifique. Parmi elles: Laure subit un harcèlement sexuel quotidien de la part de son patron, Amélia allie régime strict et sport à outrance pour enfin rentrer dans une taille 36, et Tara cherche inlassablement l’homme avec lequel elle pourra fonder une famille.
Pourquoi on a envie de le lire? Derrière son titre anti conte de fées, ce roman livre un portrait cinglant de la génération Y. Par la diversité des personnages, l’autrice n’oublie quasiment rien des épreuves que traversent les femmes, qu’il s’agisse du culte de la minceur, de l’alcoolisme, de la quête de la relation parfaite, du harcèlement sexuel, de la peur de l’engagement ou encore de celle de vieillir. Pourtant, loin de tomber dans une image misérabiliste, l’autrice met en scène des femmes fortes, bien décidées à conserver leur joie de vivre.
Toutes les femmes sauf une, de Maria Pourchet (Pauvert)
Ça raconte quoi? Épuisée, Marie vient de donner naissance à Adèle. En contemplant le berceau à la maternité, la narratrice prend conscience avec terreur des difficultés liées à son genre. Des blessures que les femmes ont intériorisées et se transmettent de mère en fille. Elle refuse obstinément d’en faire de même avec Adèle. Alors, elle lui écrit une lettre, lui fait le récit de son enfance, dans l’espoir de débarrasser sa fille des chaînes qui entravent les femmes de génération en génération.
Pourquoi on a envie de le lire? Ne pas se faire remarquer, rester à sa place, étendre la lessive, ne pas jouer avec des poupées Barbie qui apprennent “aux filles que les femmes sont des objets sexuels”… Dans son roman, Maria Pourchet accumule ces petites phrases faussement anodines que toute femme a déjà entendu dans son enfance et tente de défaire, un à un, les nœuds qui limitent nos vies. De remettre en question notre propre rapport aux stéréotypes de genre ainsi que la loi de reproduction sociale. Avec Toutes les femmes sauf une, l’autrice apporte sa contribution à l’histoire “encore si courte” des femmes libres.
Un Homme aborde une femme, de Fabienne Jacob (Buchet-Chastel)
Ça raconte quoi? Tout juste plaquée, une femme se souvient de la manière dont, au cours de sa vie, les hommes ont cherché à attirer son attention. “Pour aborder des inconnues dans la rue, les hommes font preuve d’imagination”, comme lui jeter des cailloux sur le chemin de l’école, la klaxonner ou lui lancer des mots durs et crus sous prétexte qu’elle porte une robe d’été. Confrontant son expérience à celles de ses amies ou de ses voisines, la narratrice mène l’enquête sur ces brèves rencontres qui laissent des traces indélébiles dans la vie des femmes.
Pourquoi on a envie de le lire? Un Homme aborde une femme ne se contente pas de lister et dénoncer les cas de harcèlement de rue. Ce roman dresse un portrait complexe de cette thématique qui est au cœur de l’actualité. L’autrice en profite aussi pour aborder le rapport des femmes à leur propre corps en donnant la parole à des personnages féminins affranchis.
Cécilia Lacour
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